Andrée JULIEN,  survivante du sinistre camp de la mort de Ravensbrück fête ses 100ans

NIMES / ANDREE JULIEN RESISTANTE ET DEPORTEE
© Stéphane BARBIER

                                      NEO nous la présente.

«  J’ai fait la rencontre d’Andrée en janvier 2022, dans sa petite maison au cœur de la Garrigue, à Nîmes, dans le Gard »

Née le 4 mars 1923, Andrée Julien voit le jour dans une famille profondément républicaine, patriote et de gauche. Cheminot, son père milite dès 1936 au sein du Parti Communiste. Bercée par les idéaux de la Révolution de 1789, par la Commune, Andrée et ses frères participent aux collectes alimentaires pour l’Espagne républicaine. Des engagements qui marquent durablement la jeune adolescente. A l’automne 1939, après la dissolution du parti, son père est inquiété, interné administrativement à Sisteron puis à Saint-Paul d’Eyjaux.

Avec son frère aîné Henri, Andrée retrouve à Nîmes nombre de ses camarades ulcérés par la tragique situation politique, l’occupation et l’administration de la zone sud par le régime autoritaire de Pétain. Un mouvement informel voit le jour, la maison JULIEN, rue Salomon Reinach, devient une plaque tournante de la Résistance naissante. Lors d’une perquisition de Vichy, à l’automne 1941, Andrée réussit à cacher dans le jardin le matériel d’imprimerie clandestine, alors que sa mère et son frère subissent un interrogatoire serré. Henri est arrêté fin 1941, interné à la prison du Puy-en-Velay, Andrée continue de distribuer la presse clandestine.

Andrée est arrêtée le 27 avril 1942 par la Police française avec sa camarade Eliette, enfermée à la prison de Nîmes, puis au Baumettes où elle retrouve Josette Roucaute (décédée l’été dernier). Elles deviennent aux yeux des autres détenus les « J3 » ! En janvier 1944, elles sont transférées à la centrale de Rennes puis, quatre mois après, le 6 juin 1944, déportées au sinistre camp de la mort de Ravensbrück. Andrée n’est plus, elle est le matricule 42 184  Transférée au kommando de Leipzig, Andrée y côtoie la mort quotidiennement, la torture, les appels interminables, les pendaisons, voit des familles entières partir vers les chambres à gaz. Pendant les travaux forcés, Andrée chante des chants de lutte, à la barbe des nazis.

 A Ravensbrück, garder sa dignité, c’est une Résistance

Revenue à la vie, malgré sa maigre trentaine de kilogrammes, Andrée est rapatriée à l’hôtel Lutétia, puis à Nîmes, où l’attendent les siens. Elle qui aimait tant la Liberté, elle devient fonctionnaire, s’efforçant toujours d’être fidèle à l’image de sa famille, aux préceptes reçus. Depuis les années 1980, et jusqu’en 2021, Andrée témoigne inlassablement dans les écoles, collèges et lycées. « Expliquer, détailler la doctrine de Hitler, des faits que j’ai vécu : la déshumanisation de l’être humain, les cobayes, l’industrie de la mort. Témoigner, toujours témoigner contre la domination de ceux qui croient être la race des seigneurs : cela n’existe pas ! Pour la jeunesse, afin que les futures générations ne soient pas appelées à revivre de telles horreurs : l’homme dénaturé. Pour la tolérance et le respect ».

« Andrée me l’assure, elle continue et continuera tant qu’elle aura un souffle de vie de résister, de s’indigner et d’espérer en la jeunesse ».

Neo Verriest

Andrée en 2022

Andrée et Néo

 

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