Toutes les semaines, nous publierons 2 extraits du Livre Blanc des pupilles de la Nation de la Fnapog   (Féderation Nationale Autonome des Pupilles de la Nation Orphelins de Guerre.)

 

Je suis orpheline et pupille de la Nation. Mon père Roger ARKER né le 20 juin 1924 a été Incorporé de Force dans l’armée allemande le 22 juin 1943. Il est décédé à BRAN en ROUMANIE le 24 août 1944 à l’âge de 20 ans. Il a été fusillé.

Mes parents n’étant pas marié j’ai porté le nom de jeune fille de ma mère jusqu’à l’âge de 6 ans lorsque le jugement du tribunal a confirmé l’adoption écrite faite par mon père lorsqu’il était incorporé. Incompréhension totale d’une gamine à devoir changer de nom : j’ai pleuré toutes les larmes de mon corps !

Ma mère a bénéficié de la pension d’orpheline avec rétroactivité, jusqu’au jour de mon mariage le 15 mai 1962. Ensuite j’ai moi-même bénéficié de cette pension jusqu’à l’âge de 21 ans (majorité à l’époque).

J’ai eu la chance d’être élevée par mes grands-parents avec qui nous habitions, et maman a pu trouver du travail et ainsi subvenir à nos besoins.

Ma mère s’étant mariée entre temps, elle a demandé à bénéficier d’une aide lors de mon entrée au lycée. C’est alors qu’elle a appris (donc par hasard !) qu’il fallait le titre de « Pupille de la Nation ». Elle a donc effectué toutes les démarches afin que je sois adoptée par la nation. Le jugement a été rendu par le tribunal Civil de Nancy le 29 octobre 1956. J’avais 13 ans !

J’ai alors bénéficié d’une bourse d’études de 5000 Anciens Francs : si je me rappelle bien 2 fois dans l’année scolaire, de 1957 à 1962. J’allais chez le censeur et je signais un document indiquant que j’avais perçue cette somme. Je me rappelle que maman a pu m’acheter une nouvelle jupe ! Quel exploit !

Mais après, aucune information concernant un quelconque avantage lorsque je me suis mariée, ni d’un emploi réservé etc.. !

Lorsqu’en 1982 il a été question de l’indemnisation des « Malgré-Nous », maman n’étant pas la veuve puisque non mariée à mon père, après de nombreuses démarches (informations que j’ai obtenues par un ami, ancien combattant et adjoint au maire de notre commune comme je l’étais moi-même à l’époque), j’ai pu bénéficier en 1984 ou 1985 de la somme de 7500 F puis en 1989 un complément de 1500 F.

Si je n’avais pas connu cette personne jamais je n’aurais su que je pouvais prétendre à ce versement en tant qu’enfant d’un père incorporé de force, décédé.

J’ai appris également très tard et toujours par hasard que je pouvais bénéficier de la C.A.R.A.C. en cotisant à l’assurance-vie, somme déductible des impôts.

Voilà le parcours du « Combattant » d’une Orpheline de Guerre, Pupille de la Nation dont le sort a été le même que celui de nombreuses autres personnes dans le même cas.

Marie-Louise Lorenzon née ARKER

 

 

 

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