NICE-MATIN 17 février 2024
Connaissez-vous l’histoire de la villa Massilia à Sainte-Maxime, qui a abrité des enfants juifs orphelins entre 1945 et 1948 ?
C’est au lendemain de la Seconde Guerre mondiale que le maire de l’époque, Jacques Sadoul, expose au conseil municipal la décision du préfet du Var, Henri Sari, de réquisitionner cette villa au profit de « L’Union des Juifs pour la Résistance et l’entraide ». Entre les années 1945 et 1948, les lieux ont accueilli quarante enfants juifs orphelins.
Située entre le boulevard Massilia et l’avenue du général Leclerc, sur la route des Sardinaux, la bâtisse est debout depuis 1912. Photo VM
Délabrée, en ruines ou encore détériorée, autant d’adjectifs pouvant qualifier l’état de la villa Massilia à Sainte-Maxime. Située entre le boulevard Massilia et l’avenue du général Leclerc, sur la route des Sardinaux, la bâtisse est érigée sur un terrain d’une surface de 4.798m2 et demeure toujours debout depuis 1912.
La villa est connue notamment, auprès de la population maximoise par sa tragique et émouvante histoire après-guerre, où elle a servi de refuge à quarante jeunes orphelins juifs.
L’identification d’un héritage
Si la bâtisse reste belle et l’histoire touchante, il est difficile pour la commune d’intervenir pour préserver la propriété qui est un bien privé et « hors périmètre de grand passage« . « Nous sommes en droit d’intervenir en centre-ville pour des balcons détériorés ou des murs fissurés qui représentent un danger pour la population« , comme le souligne Alexandra Lillini, du service urbanisme de la Ville.
Elle poursuit : « La villa est tout de même protégée par une identification du patrimoine bâti, à protéger, à conserver, à mettre en valeur ou à requalifier. La villa est notifiée par une étoile, pour un intérêt architectural au plan local d’urbanisme de la commune (PLU). »
Autrement dit, si des modifications ou des travaux sont effectuées par le propriétaire (une société anonyme foncière de Pantin, basée au Luxembourg), il y aura des contraintes au niveau de l’urbanisme et de l’architecture comme c’est le cas de la villa Bellevue, dont la vente a été actée récemment au conseil municipal.
Un devoir de mémoire
Pourtant, il y a quelques années, un projet autour de cette villa existait, via Benjamin Krysik, architecte des Bâtiments de France. En 2010, il s’est penché de plus près sur l’histoire de cette bâtisse et a proposé de le faire classer aux Monuments historiques.
L’architecte décède trois ans plus tard et le projet ne sera jamais repris. Néanmoins, le devoir de mémoire reste présent. Plusieurs expositions ont lieu chaque année. La dernière date de juillet 2023 à la galerie de Grimaud, inspirée par le destin des enfants juifs orphelins, réfugiés à la villa Massilia à la Libération.
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A la Libération, cette élégante bâtisse, située aux Sardineaux, fut réquisitionnée par le Préfet du Var à son propriétaire, coupable de collaboration. De 1945 à 1948, la villa Massilia fut confiée à l’Union des Juifs pour la Résistance et l’Entraide (UJRE) qui y accueillit des enfants juifs orphelins, dont les parents étaient morts fusillés ou en déportation. Là, dans une ambiance familiale, ils purent se reconstruire après les épreuves qu’ils avaient traversées. Ils purent également poursuivre leur éducation, au sein de l’unique école maximoise de l’époque, l’école Siméon Fabre.
Des travaux de recherche historique permirent de retrouver d’anciens pensionnaires de la villa Massilia et d’anciens Maximois ayant fréquenté l’école en même temps qu’eux. En mars 2011, des retrouvailles furent organisées en présence du Maire, Vincent Morisse. Un livre fut réalisé à cette occasion pour retranscrire les témoignages des uns et des autres sur cette page singulière de l’histoire de Sainte-Maxime.
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