Stéphanie Ramos
Ma lettre est celle d’une petite-fille au regard de l’indifférence d’un monde. J’avais seize ans quand mon grand-père est parti. C’était sans doute trop tôt pour regarder les monuments drapés de bronze ou les pierres rongées de mousse des sépultures de ses grands-parents.
Je me bats depuis des années afin que mon grand-père paternel soit reconnu « mort pour la France ».
Chacun comprendra les liens qui unissent la France et son Histoire. Ma tribune écrite œuvre pour le bonheur commun d’une famille française et celui de générations futures qui ne doivent pas oublier mais bien se souvenir.
La mission de mon vaillant grand-père était la protection. Loin de la mythologie des héros, je vous parlerai de la figure d’un homme simple, père de quatre enfants.
Bien sûr, la souffrance ne se compense pas par les médailles. Mais ne les devons-nous pas à ceux qui ont permis à la France de vivre libre, le monument, le drapeau et l’uniforme ?
Mon grand-père, José Ramos Antonio, plongea ainsi dans les affres de la guerre, en subissant comme baptême du feu les opérations militaires de l’unité combattante de Monte Cassino. Homme vigoureux, il a offert sa jeunesse pour que perdure un esprit de courage et de liberté, intégrant cette grande troupe d’hommes condamnés aux charniers.
Il y en eut, des journées éprouvantes, dans des abris, des cavernes où l’air se renouvelait difficilement, dans le bruit des bombardements ! De ce « voyage au bout de la nuit », il hérita au sortir de la guerre d’une commotion aux poumons, une infirmité pensionnée, à cause de laquelle il succomba dans un service de pneumologie.
Alors il faut se souvenir de l’admirable bataille de ces hommes… Se souvenir… pour raviver les consciences. La valeur du sang, rouge, vermeil, versé pour la patrie doit toujours faire réfléchir.
Qu’il me soit permis de pointer du doigt certaines contradictions. Comment prétendre écrire la guerre dans sa vérité ? Comment faire entendre, dans une France qui est partout hérissée de monuments aux morts et qui ne cesse d’exhorter ses jeunes générations à se montrer à la hauteur des sacrifices de leurs aînés, la voix discordante d’un éventuel refus de la mention « mort pour la France » ? Faut-il attendre l’angoisse de la balle et de l’obus ? Comment des conclusions peuvent-elles être si différentes de leurs illustres modèles ? Mon grand-père est mort étouffé dans un service de pneumologie des suites de la guerre. N’est-ce pas la preuve suffisante d’un héroïsme authentique ? N’est-ce pas là une vérité suffisante de la condition humaine ? Ne mérite-t-on pas d’élever cette mort, de l’obscurité vers la lumière d’une modeste reconnaissance ?
Ma tribune est l’intime combat d’une cicatrice, un devoir filial. C’est selon moi, les forces de vie qui doivent triompher dans la mémoire. Mon grand-père a conduit jusqu’à ses dernières forces une résistance. Ne privons pas, par la négative, les hommes de bonne volonté de leur viril sacrifice pour leur pays.
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