Dans les méandres de l’Histoire, certains noms résonnent comme des échos de bravoure et de sacrifice. Odette Malossane, surnommée « Etty », est l’une de ces âmes qui ont illuminé les ténèbres de la Seconde Guerre mondiale. Née le 27 juillet 1919 à Clérieux, elle poursuit des études d’infirmière à Paris avant de s’engager dans la Résistance.
Son engagement naît presque par hasard. En décembre 1943, elle est appelée à secourir des soldats allemands blessés après le sabotage d’un train par la Résistance à Vercheny. Sans distinction de camp, elle soigne les brûlés avec une humanité qui transcende les frontières du conflit. Ce premier contact avec la guerre la pousse à rejoindre le maquis du Vercors, où elle devient infirmière major à l’hôpital clandestin de Saint-Martin-en-Vercors.
Rapidement, elle devient une présence rassurante pour les combattants blessés. Suzanne Siveton, une infirmière ayant travaillé avec elle, témoigne de son impact : « Dès l’apparition de la blouse et du voile blanc d’Etty, je voyais les têtes se soulever de l’oreiller, le rictus de la douleur faisait place à un bon sourire. Elle posait sa main fraîche sur un front brûlant, et la figure crispée du malade se détendait. » Son dévouement est total, notamment lors des bombardements allemands du 14 juillet 1944, où elle passe la nuit à assister les médecins sans repos.
Lorsque l’avancée allemande menace le Vercors, l’hôpital clandestin est contraint de fuir vers la grotte de la Luire. Dans l’humidité glaciale, Etty poursuit son œuvre, apaisant les souffrances avec un courage inébranlable. Mais le 27 juillet, le refuge est découvert. Les blessés sont massacrés, et le personnel est emprisonné. Déportée à Ravensbrück, elle endure les privations et la brutalité du camp, mais jamais son esprit ne vacille. Un témoignage rapporte qu’elle est morte d’épuisement sous une tente, le 25 mars 1945. Son nom demeure gravé dans la mémoire résistante.
Berty Albrecht, quant à elle, n’était pas seulement une résistante, elle incarnait une volonté inébranlable de lutter pour toutes les causes justes. Féministe et militante, elle s’engage dès les années 1930 pour les droits des femmes, défendant l’accès à la contraception et à l’avortement. Lorsque la guerre éclate, son combat prend une autre dimension.
Son engagement est profondément ancré dans son parcours. Née en 1893 à Marseille, Berty découvre les suffragettes anglaises lors d’un séjour à Londres et se passionne pour le mouvement féministe. Elle milite pour la libération des femmes et publie une revue engagée, *Le Problème sexuel*, en 1933. Son activisme ne s’arrête pas là : elle accueille chez elle des réfugiés allemands antifascistes et des juifs fuyant le nazisme.
La guerre la pousse à un engagement clandestin. Aux côtés d’Henri Frenay, elle participe à la création du mouvement **Combat**, l’un des piliers de la Résistance française. Son rôle est essentiel : elle recrute, organise et imprime les premiers bulletins clandestins. Son courage est sans faille. Arrêtée une première fois en 1942, elle endure la prison sans jamais céder. Libérée, elle reprend immédiatement ses activités, refusant de se laisser briser.
Lorsque la Gestapo la capture une nouvelle fois en mai 1943, elle est envoyée à la prison de Fresnes. Face à l’ennemi, elle choisit de ne pas céder à la torture, préférant la mort à la trahison. Dans une lettre à son mari, elle écrit ces mots : « La vie ne vaut pas cher, mourir n’est pas grave. Le tout, c’est de vivre conformément à l’honneur et à l’idéal qu’on se fait. » Le 31 mai 1943, elle est retrouvée sans vie dans sa cellule. Son nom rejoint ceux des héros de la Résistance, et son souvenir demeure, inscrit dans la crypte du mémorial de la France combattante.
Ces deux figures, Odette Malossane et Berty Albrecht, ont incarné la force et la résilience face à l’oppression. Leur histoire est un rappel puissant que, même dans les heures les plus sombres, il existe des âmes prêtes à se dresser contre l’injustice.
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