Albert Séverin ROCHE, il a fait l’histoire mais cette dernière l’a oublié

Drômois, héros de 14/18, soldat le plus décoré de France il a cependant disparu de la mémoire collective.

RÉAUVILLE dans le Grand Est, des tranchées y sont creusées et sont le tombeau de milliers de soldats qui y perdirent la vie, dans ce village proche du front de 14/18.

Albert né le 5 mai 1895, un enfant de Réauville, à 20 km au SE de Montélimar, est l’auteur de plusieurs exploits sur ce proche champ de bataille de la grande guerre.

Il est bien connu régionalement mais il l’est très peu au-delà.

SURPRENANT : un groupe de « métal » suédois Sabaton1 va sortir Albert de l’anonymat pour le propulser dans l’actualité, en lui dédiant une partie, un morceau de son dernier album.

Comment ?  le chanteur de ce  groupe, Jookim BRODÉN l’a découvert par hasard en cherchant sur le web des récits de la  1ère guerre mondiale afin de faire revivre, de remettre dans l’actualité des héros oubliés2.

Cela s’est fait sous forme de clip, vidéo d’animation, vu plus d’un million de fois sur les réseaux sociaux. Quel bel hommage à cet homme !

Le parcours d’Albert : en 1912 il a 17 ans, il aide son père agriculteur à la ferme. Deux frères font aussi partie de la famille. Il est quelque peu farceur notamment quand il délasse les souliers du curé pour en voir la conséquence : chute, non pas encore pour cette fois. Il est aussi casse cou, rien ne lui fait peur. La pleine adolescence.

Il veut de l’action et pour cela s’engager dans l’armée lui apparaît comme une bonne solution. Mais voila le jeune homme est petit, 1,58 m, pas très charpenté, malingre et qui  sera réformé à 18 ans.

A la déclaration de  guerre, 3 août 1914, il s’enfuit du domicile familial, une idée en tête. Il se dirige vers un régiment de chasseurs à pied, le 30ème basé à Grenoble. Les médecins militaires l’acceptent vu les besoins du moment. Il est incorporé à ce  30 ème bataillon en octobre 1914. Son père en est navré, car il ne pourra aider pour les travaux des champs. Il rejoint le camp d’instruction d’Alban dans le Tarn. Il y est mal noté, moqué, mais le déserte volontairement. Il est rattrapé et sanctionné immédiatement : muté en 1ére ligne sur le front…exactement ce qu’il désirait.

Il sera ainsi versé au 27 ème bataillon en juillet 1915. Il est volontaire pour les missions les plus risquées, tète brulée qu’il est, toujours ignorant du danger.

En poste dans une tranchée face à une proche position allemande réputée imprenable, la compagnie est sous le feu ennemi qui s’arrête rarement. Le capitaine demande un volontaire pour réduire au silence cette position la nuit prochaine. Qui se porte volontaire ? vous l’aurez deviné : Albert. Avec 2 camarades, en rampant il s’approche de la casemate allemande, ses 2 compagnons restant en retrait. Il avait bien avant remarqué que les occupants s’octroyaient un repos pour ne plus avoir froid et aussi pour  boire du café. Une cheminée, plutôt un tuyau laissait échapper quelquefois un panache de fumée, c’était là le point faible qu’Albert avait repéré. Sans bruit il se hisse près de cette cheminée et y introduit une ou deux grenades. Effet immédiat : la casemate vole en morceaux, les occupants, près d’une douzaine, sortent affolés et sont….faits prisonniers par le trio qui ramène aussi quelques mitrailleuses

Autre fait marquant : SUDEL massif vosgien à 915 m. Novembre 2016 il fait – 30°C, le vin gèle dans les tonneaux, c’est un désastre, leur seul petit plaisir disparaît. Toute la section d’Albert est décimée, il est le seul survivant, possiblement sauvé par sa boussole logée dans l’une de ses poches. Que fait-il ? il utilise tous les fusils des morts pour faire illusion face à l’ennemi, il va rapidement de fusil en fusil, actionne la détente, provoquant ainsi chez l’ennemi un mouvement de stupeur et leur mise en déroute.

Pour accomplir ces actes il effectue des missions de reconnaissance avec son lieutenant. Mais ils sont capturés  par un officier allemand vigilant. Il  profite d’un moment de flottement, lui prend son arme, le descend. Les 42 soldats allemands pris au dépourvu, sans armes, sont fait prisonniers. Albert ramène tout ce monde, dont le lieutenant qui a été blessé vers son camp.

Chemin des dames : son capitaine est blessé entre les lignes de front. Albert rampe 6 h pour l’atteindre et 4 autres heures pour le ramener à l’arrière afin qu’il soit soigné. Fatigué par cette épreuve il s’endort dans un trou de guet. Un repos mérité mais qui tourne au tragique. Une patrouille le découvre, le suppose déserteur avec la conséquence suivante : le peloton d’exécution.

Il y est mené après avoir été autorisé à l’écriture d’une lettre à son père lui affirmant qu’il est innocent. La chance tourne enfin en sa faveur, un courrier express arrive c’est une lettre du capitaine blessé, soigné et qui au courant de la situation réagit en urgence. Ouf il est libéré.

Albert aura fait 1180 prisonniers, blessé 9 fois il refusera de se faire soigner à l’arrière,  se soignant lui-même en s’extrayant une balle reçue dans sa mâchoire inférieure.

Le 27 novembre 1918, sur le perron de la mairie de Strasbourg, il est à côté du Maréchal FOCH qui le présente aux Strasbourgeois comme leur libérateur, il est le 1er soldat de France mais…toujours 2 ème classe.

En 1920 il fait partie des 7 militaires prévus pour désigner le « soldat inconnu » et le porter  ensuite jusqu’à l’Arc de Triomphe. Plus tard en mai 1925 il fait partie de la délégation française aux obsèques du maréchal lord FRENCH3 et  ainsi invité à la table du roi George V (1865-1936).

Revenu à la vie civile il occupera les emplois de cantonnier puis de pompier à Sorgues.

Et le 15 octobre 1939 tragique destin, celui qui a affronté de nombreux dangers,  en échappant à la mort maintes fois, est écrasé par une voiture4 à sa descente du bus qui l’amenait au travail. Transporté à l’hôpital d’Avignon il y décédera peu après.

Mais quelle satisfaction pour Tommy FALCHERO son arrière petit-fils de voir cette « réapparition », étonné  par l’ampleur même qu’a pris cette histoire qui de locale se retrouve à l’internationale.

Ses petites filles Magali et Marie-Pierre résidant au Pontet près d’Avignon ont comme souvenir un étui en cuir lui ayant appartenu.

Voilà  un homme petit par la taille mais grand par son courage qui nous est maintenant connu. Il a fait l’histoire, mais l’histoire ne s’en souvient pas……………maintenant  SI.

Le maire de Réauville souhaite accueillir SABATON le groupe d’Heavy Métal.

Distinctions : Médaille militaire, Croix de Guerre, Chevalier de la Légion d’honneur  (3 septembre 1918) et…toujours  2ème classe !!

Une stèle inaugurée le 6 novembre 1971 à Réauville

. Sa sépulture se trouve au cimetière de Saint-Véran d’Avignon.

Sources :  origine : brève info sur google, divers sites internet. Le Dauphiné Libéré (photos). France info/culture. Livre : « Reauvillé en Drôme provencale » de Christian Bernard. Office du tourisme de la Drôme (photos).

 

Notes :

   1°) groupe d’Heavy Métal (1999) qui honore Albert dans le 2ème titre de son album « Heroes of the Geat War » le 20 janvier 2023. En même temps qu’un vidéo « The First Soldier » de Nota Bene (You tube).

2°) ce que nous faisons sur ce site.

3°) commandant en chef du corps expéditionnaire britannique jusqu’au début de la guerre des tranchées. Refusa de coopérer avec les français en 1915.

4°) voiture de la fille du président Loubet.

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