Armand AJZENBERG
Famille originaire de RADOM en centre Ouest de Pologne.
Le père Rafaël et la mère Cypra, née Feldman, arrivent en France en 1920. Ils vont résider boulevard de la Chapelle à Paris (XVIII éme), dans le même immeuble que le père de CYPRA, Berek..
Armand né en Août 1932, fréquente l’école communale, pendant que le père fabricant de casquettes fait les marchés.
Sa mère s’occupe de lui et de son grand-père.
14 mai 1941 : le père Rafaël reçoit un billet vert l’invitant à se rendre au commissariat pour régularisation de papiers. Confiant il s’y rend mais, n’en revient pas car il est conduit au camp de transit de Phitiviers, c’est la 1 ére rafle.
La mère envoie quelques colis dans lesquels elle glisse des messages…sur du papier à cigarette, discrétion oblige. Ils n’ont eu droit qu’à une seule visite.
Début Juillet 1942 par prudence et sécurité Armand est envoyé pour 1 mois dans une ferme de l’Aisne au hameau de Rosières sur Crise près de Mesmin, 10 km au sud de Soissons et ce, grâce à une association protestante d’aide aux réfugiés.
Il est accueilli dans la famille ZYK dont le père Joseph est à la fois exploitant agricole et bûcheron et sa femme Marianne1, née MATSA, qui vaque aux diverses occupations de la ferme.
De retour à Paris il découvre que sa mère a fait partie de la rafle du « Vel d’Hiv » tandis que son grand-père n’a pas été pris. C’est avec ce dernier qu’Armand va vivre jusqu’en Octobre car le grand-père soucieux de son petit fils va adresser un courrier à Mme ZYK qui vient le récupérer ainsi qu’une cousine Annette FUKS qui deviendra plus tard Mme GLANCE.
De retour au village d’accueil, l’institutrice Eliane ALTIER, très jeune 19 ans, va franciser son nom : il devient AJEMBERT.
Cette famille ZYK2, elle aussi d’origine polonaise, est catholique. Ils ont 3 enfants : Wanda, Stéphanie (dans la résistance) et Thaddée (Tadzui) qui devient le grand copain d’Armand.
Il vit normalement : école, participation aux travaux des champs, nourrir les bêtes, etc la vie de campagne quoi !
Un soldat allemand venu à la ferme se ravitailler, l’inquiète un peu mais non, ce militaire trouve même qu’Annette ressemble à sa mère ! en l’occurrence Mme ZYK.
La France libérée, un conseil de famille souhaite le mettre dans une maison d’enfants, mais il ne veut pas y aller. Mme ZYK va le cacher une fois de plus lui évitant ainsi ce douloureux destin.
Trois ans sans nouvelles de sa famille, il ne sait pas ce qu’elle est devenue. Il apprend que son père a été déporté à AUSCHWITZ le 25 Juin 1942 convoi 41, la mère le 16 juillet à Drancy puis le 27 juillet à BIRKENAU convoi 11, et le grand père qui cette fois a été pris le 27 octobre 1942 à Montgeron et déporté le 18 Juillet 1943, convoi 57. Ils n’en reviendront pas.
Il est donc accueilli par une tante, Marianne KALINSKI en Juin 1945. Il reprend son vrai nom, apprend un métier outilleur-fraiseur et se marie puis change de métier pour se spécialiser dans les télécoms
Une surprise l’attend, Wanda KORNAT la fille ZYK le retrouve en 2014 : les liens reprennent malgré le décès de sa sœur Stéphanie.
Une cérémonie aura lieu le 21 Janvier 2017 à Rozières sur Crise, les gens savaient mais personne n’en a dit mot.
Armand AJZEMBERG éditera un livre en Avril 2015 : « l’abandon à la mort de 76 000 juifs par le régime de Vichy ».
Notes : 1°) née le 04 juin 1898 et décédée le 17 novembre 1983.
2°) sera faite « juste parmi les nations » le 2 février 2016 par Yad Vashed
Sources : revue ça m’intéresse rubrique « histoire », sites internet.
Parcours de vie si émouvant… Il ressemble à celui de mon père décédé cette année et qui doit être le cousin d’Armand. Mon père s’appelait Georges Goldfajn, il était le fils de Jacob et Sura, elle-même sœur de Cypra avec laquelle elle a été déportée par le convoi n°11.
Cher Monsieur Armand Ajzenberg, je vous envoie toute mon amitié de petite-cousine.
Isabelle Goldfajn