Projeté au Festival de Luchon en 2020 et diffusé une première fois sur France 5 en mars de la même année, Les Filles de l’Escadron Bleu d’Emmanuelle Nobécourt et Philippe Maynial retrace l’incroyable et méconnue mission accomplie en Pologne par douze jeunes femmes de la Croix-Rouge française après la Seconde Guerre mondiale. La critique et l’avis de Bulles de Culture sur ce documentaire rediffusé sur Histoire TV le mardi 12 mai ainsi que notre interview de Philippe Maynial.

Synopsis :

Dans l’immédiat après-guerre, de jeunes françaises sont chargées d’une impossible mission : rapatrier leurs compatriotes éparpillés à travers un continent dévasté. Mais il faut agir vite, avant que les frontières ne se ferment, avant que le rideau de fer ne tombe ! Une course contre la montre s’engage alors au coeur d’une Europe meurtrie. Un voyage en enfer qui va les bouleverser à jamais…

Les Filles de l’Escadron Bleu : d’après une incroyable histoire vraie

 

Porté par la voix de Bruno Debrandt et la musique de Jean Poulhalec, le documentaire Les Filles de l’Escadron Bleu fait partie à ce jour d’une trilogie sur des héroïnes de guerre oubliées et dont l’auteur Philippe Maynial a entrepris de les mettre en lumière depuis plusieurs années. Il y eut ainsi d’abord le film d’Anne Fontaine, Les Innocentes (4 nominations aux César en 2017) , qui est inspiré de l’histoire de la tante de Philippe Maynial, la médecin Madeleine Pauliac. Il y a eu ensuite le livre sur ce même médecin, Madeleine Pauliac, l’insoumise (XO Editions, 2017), qui a été un vrai succès en librairie. Le troisième projet sur le sujet est donc Les Filles de l’Escadron Bleu, co-réalisé avec Emmanuelle Nobécourt. Ce documentaire se penche à nouveau sur la vie de Madeleine Pauliac en Pologne et plus particulièrement un pan de sa vie où elle va croiser onze autres jeunes femmes exceptionnelles, des infirmières et ambulancières engagées volontairement dans la Croix-Rouge, mettre en place avec elles un hôpital à Varsovie et participer au rapatriement, avec des moyens très limités, aux nombreux Français coincés en Pologne après la guerre (STO, soldats et officiers prisonniers en 40 et prisonniers de camps d’extermination).

Le parcours de ces femmes courageuses et ignorées de l’Histoire

Le point de départ de cette histoire est qu’au moment de mourir, ma mère m’a laissé une enveloppe où il y avait un certain nombre de rapports de Madeleine Pauliac, des photos d’elle et des lettres écrites par des gens inconnus, nous a confié avec passion le co-auteur du documentaire Philippe Maynial. Quand plus tard, je me décide de regarder ça d’un peu plus près, je découvre sur internet qu’une étudiante militaire française, en stage aux Etats-Unis, a fait une exposition sur les femmes dans la guerre. C’est son père, qui est militaire, qui lui avait parlé d’une cousine dont la mère avait fait partie de l’Escadron Bleu. J’ai donc alors en ma possession une centaine de photos — une partie d’entre elles sont dans le livre — et donc des visages mais aussi des noms. Tout le travail a été ensuite de contacter une par une ses femmes, qui sont restées liées, pour leur dire qu’on voulait faire un film. Elles nous prêtent alors des documents et des journaux de bord et à partir de là, on va tout reconstituer ». Et cette grande chance d’avoir les journaux de bord de ces héroïnes est ce qui fait toute la force du documentaire Les Filles de l’Escadron Bleu et nous immerge dans le parcours de ces femmes courageuses et ignorées de l’Histoire qui, pour sauver des vies, ont traversé une Europe en ruines et en prise aux chaos.

 

Un documentaire immersif et captivant

© Cinétévé / Archives Simone Baboin Sainte Olive

 

« Certaines font un journal de bord en fonction de leur métier et d’autres en fonction de ce qu’elles pensent, poursuit Philippe Maynial. Il y en a une qui est remarquable et qui s’appelle Saint-OElle a de l’expérience, de la culture et elle raconte tout ». En effet, le journal de bord de cette jeune femme est celui qui donne vraiment corps et voix à ces femmes en décrivant leur trajet en Pologne et ce qu’elles vivent alors. Illustré d’images d’archives, de photos et journaux de bord de ces femmes remarquables, le documentaire se révèle ainsi immersif et captivant de bout en bout. Surtout comme l’a glissé Philippe Maynial lors de notre interview que « les histoires de femmes qui ont eu une conduite héroïque pendant la guerre, il n’y a pas beaucoup de films là-dessus ».

Mais le documentaire de 52 minutes Les Filles de l’Escadron Bleu conclue-t-il le travail de Philippe Maynial sur le sujet après également un long métrage de fiction (Les Innocentes) sorti dans les salles de cinéma et un livre (Madeleine Pauliac, l’insoumise) qui a intéressé de nombreux.se.s lecteur.rice.s ? « J’ai l’idée qu’on pourrait faire aussi une série de 6×52 minutes. Car ce qui m’intéresse, c’est que l’histoire de ces douze femmes soit connue ». A suivre donc…

Propos recueillis au Festival de Luchon 2020 le vendredi 7 février.

 

 

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