Dialogue poétique par Stéphanie RAMOS
Un banc dans un parc d’automne. À gauche, un vieil homme assis, l’air pensif, un carnet sur les genoux. À droite, un enfant curieux, tenant un ballon. Le vent fait danser les feuilles.
L’Enfant (s’approche doucement)
Monsieur… pourquoi vous parlez tout seul ?
Vous écrivez des secrets ? Des choses qu’on ne dit pas ?
L’Historien (sourit doucement)
Je parle aux absents, petit.
À ceux que la guerre a pris sans bruit.
Je leur écris des mots pour qu’on ne les oublie pas.
L’Enfant
La guerre ? C’est quand les gens se fâchent très fort ?
Quand les papas partent et les mamans pleurent ?
Pourquoi ils ne jouent pas à se réconcilier ?
L’Historien
Parce que parfois, les hommes oublient qu’ils sont frères.
Ils écoutent les tambours, pas les cœurs.
Et l’Histoire devient une armure, pas une lumière.
L’Enfant
Mais moi, j’ai vu des enfants sur des photos,
Ils avaient des yeux tristes, comme s’ils cherchaient leur maman.
Est-ce qu’ils sont encore là, quelque part ?
L’Historien
Ils vivent dans les pages que je garde précieusement.
Dans les noms gravés, dans les silences des monuments.
Ils sont les témoins d’un monde qu’il ne faut pas recommencer.
L’Enfant (s’assoit à côté de lui)
Et moi, je peux aider ? Même si je suis petit ?
Je peux apprendre leurs noms, leurs histoires ?
Je peux dire à mes copains que la paix, c’est joli ?
L’Historien (pose une main sur son épaule)
Tu es déjà un gardien, petit.
Chaque mot que tu dis est une graine.
Et si tu les sèmes avec ton cœur, le monde te suivra.
L’Enfant
Alors je promets.
Je promets de ne pas oublier.
Et de raconter, même quand les grands se taisent.
L’Historien
Et moi, je te confie mes pages.
Car l’Histoire ne vit que si l’enfance l’écoute.
Ils restent là, côte à côte, unis par le fil invisible de la mémoire. Le vent se calme. Une feuille tombe doucement sur le carnet ouvert.

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