Maison des enfants juifs de Moissac

Ce dernier samedi 27 septembre 2025 cette maison-refuge située au 18, quai du pont, a accueilli le public ; certains connaissent l’histoire, d’autres vont la découvrir. La propriétaire de cette maison depuis 2008 en a décidé ainsi.

 

   1942, les petits juifs marchent et chantent en arrivant

  Les petits réfugiés devant leur maison

Cette maison a accueilli 500 enfants juifs. Dès 1938, était évoqué à Paris, au foyer  de l’UGIF rue Lamark, une possible évacuation vers le Sud-Ouest. En 1940 l’État Français et le régime de Vichy autorisent l’ouverture de cette maison sous « régime de scouts », maison réquisitionnée par le préfet pour accueillir cette population. Le 5 décembre 1939 c’est l’ouverture.  Shatta Simon (Charlotte Hirsch) assistante sociale et Bouli (Edouard) Simon ingénieur électricien, un couple (mariage le 12 décembre 1933) d’éclaireurs israélites de France (EIF)1 vont prendre en charge ces pauvres créatures déboussolées, Shatta en est la directrice.

Les enfants seront répartis dans diverses familles, institutions religieuses ou départ vers l’étranger. Les 2 maires successifs Roger Delthil et Louis Moles, la population s’en occupent les artisans vont en employer certains.

Parmi ces jeunes se trouvent : Jean-Claude Grumberg 3 ans (auteur/théâtre), le mime Marceau jeune animateur, Marianne Cohn (résistante allemande ) et Serge Klarsfeld bien connu (qui y resta 5 semaines en 1940) et Georges Lévite, résistant juif français qui enseigne l’hébreu.

En mars 1942, 180 pensionnaires sont à Moissac qui est une plaque tournante des enfants de 2 à 18 ans. Ils vont, suivant leur âge, à l’école primaire, au collège ou dans des ateliers apprendre un métier. Ils sont « louveteaux » 6/12 ans, « éclaireurs » 12/15 ans ou « routiers » 16/18ans.

Après la rafle de juillet (Vél d’Hiv à Paris) et août 1942 (en zone libre), l’EIF passe sous le contrôle de l’UGIF2. A la fin de l’été 1942, 400 enfants de Moissac  sont passés en Suisse.

5 janvier 1943 : la dissolution de cet organisme est ordonnée. En octobre la gestapo et la police française font une brève descente à Moissac mais n’ont pu relever aucune preuve.

Fin 1943 : ayant eu vent3 d’une possible rafle, Moissac fermera. Les enfants seront dispersés dans des familles, dans des institutions religieuses, d’autres seront dirigés vers la Suisse ou l’Espagne.

Robert Gamzon (1905-1961) fondateur de l’EIF ainsi que d’autres responsables et même quelques enfants intégreront le maquis de la montagne noire « compagnie Marc Haguenau » du Corps Francs du Tarn. Ils participeront à la libération de Castres et Mazamet (20 août 1944).

Après-guerre la maison s’installe au « Moulin » en face du n° 18. Toujours gérée par Shatta et Bouli Simon jusqu’en 1953.

La sépulture du couple Simon au père Lachaise (Paris)

Près de 300 enfants seront en 1951 envoyés au château de Laversine4 propriété de Robert de Rothschild à Saint-Maximin (Oise) où ils suivront une formation scolaire sur place ou extérieure si étudiant ensuite..

Tous les enfants seront sauvés sauf un, que la famille a voulu reprendre, mais déportée par la suite avec hélas la conséquence connue.

 

Distinctions :

  • Une stèle en bas du pont Napoléon
  • 2013 Inauguration de l’esplanade des justes, pour 10 habitants de Moissac reconnus « Justes parmi les Nations » par Yad Vashem.
  • 2016 Commémoration famille Bouzel
  • 2022, le 13 octobre, 24 élèves en terminale du lycée François Mitterrand créent un parcours mémoriel, culturel mais aussi ludique, de 11 panneaux, qui sera inauguré le 13 octobre 2022 par Patricia Mirallés (Secrétaire d’Etat aux Anciens Combattants)

 

Notes :

1°) Eclaireurs Israélites de France.

2°) Union Générale des Israélites de France

3°) par un policier du nom d’André Capdordy.

Deux employés de mairie, Manuel Darac et Alice Pelous ont aussi

participé à ces sauvetages en fournissant de faux papiers. (Indiqués

sur le parcours mémoriel)

4°) NDLR info perso : mon 1er poste de professeur (de 1968 à 1971) dans

cette structure reconvertie partiellement en Collège d’Enseignement

Technique (lycée maintenant).

 

 

Livre : une BD d’Angelo Bussacchini parue le 17 avril 2025.

 

 

Sources :   divers sites internet

 

 

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