Médréac, Thomas Mc Inerney, aviateur américain y tomba

Ce village d’Ile et Vilaine, à 40 km à l’ouest de Rennes, a reçu ce dernier 8 mai 2025, Madame Deborah Sullivan-Mc Inerney qui a quitté son Amérique pour la Bretagne.       

Touristique ce pays, mais là n’est le but de son voyage qui est tout autre et possiblement émouvant.

Elle vient fouler, avec ses deux filles, le sol où son père aviateur a échappé aux troupes allemandes et sans doute à une fin de vie. Elle est aussi venue inaugurer « la maison des aviateurs » petit musée local, simple mais évocateur.

Son père donc, Thomas Mc Inerney 23 ans, sergent mitrailleur/bombardier à bord d’un avion B24 avec pour objectif de larguer ses bombes sur un pont de Nantes, afin de ralentir les mouvements de la Wehrmacht.

Devant cet avion, stationné sur la base de Debach près d’Ipswich [(N/E de Londres comté de Suffolk)], un équipage de 10 aviateurs est prêt à accomplir sa mission. Décollage malgré un brouillard intense (qui s’en étonne ! !), il est 6 h 30.

 

Arrivée sur cible à 8 h 30 il est repéré par la « Flak1 » défense anti-aérienne ennemie et soumis à de nombreux tirs. Le B24 « Shady Lady » est touché en divers endroits. Un moteur s’arrête, puis un deuxième et un troisième. Sur un seul moteur impossible de continuer et d’essayer un atterrissage normal, encore moins rejoindre l’Angleterre. Le pilote Tom Digges demande le larguage des bombes. Mais impossible le système de commande est défaillant. On le fera manuellement pour éviter que l’avion ne s’écrase avec. Voilà, opération réussie mais sur plusieurs km. Malheureusement une d’entre elles, tombe sur une maison tuant son occupante.

Ordre est donné par le pilote d’évacuer l’avion, il y a 5 blessés dont Thomas à la jambe. Enfin tout le monde a sauté en parachute par l’arrière, l’avion continue, descend et se crashe entre Chatel et Le Bodinais à 9 h 30.

Ils seront, pour la plupart, secourus par la résistance sauf le malheureux sergent Allen dont le parachute s’est coincé dans une haie l’empêchant ainsi de se libérer, il sera pris par une patrouille allemande.

Thomas réussi son atterrissage dans un champ, près d’un arbre fruitier. Il ramasse parachute et « Mae-West2 », les cache dans la végétation proche.

Mais cet événement n’est pas passé inaperçu, Albert Leforestier, agriculteur vaquant à ses occupations l’a suivi des yeux depuis sa ferme. Il se dirige vers lui pour lui porter aide. Il efface les traces de l’impact, redresse les tiges de blé. Evidemment Albert ne parle pas anglais et Thomas encore moins breton, qu’importe ils se comprennent gestuellement. Ils rejoignent la ferme.

                  Deborah et Marie-Claude entourent le mannequin de THOMAS

Le bon sens paysan doublé de celui de patriote font qu’Albert va chercher des vêtements civils, Thomas apprécie et se change, les tenues de soldat sont cachées. Puis on l’invite par gestes à s’asseoir à la table. Angèle la sœur d’Albert apporte des galettes. Thomas, bonnet bleu sur la tête, en prend une et on lui sert une bolée de cidre, une découverte pour notre américain.

Il était temps, une patrouille allemande entre brusquement et demande à Albert s’il n’a pas vu un parachutiste, il répond que non. Quant à Thomas, la bouche pleine conservée, il répond « non » d’un signe de tête. La patrouille repart.

Thomas est sauvé. Il reste quelque temps, puis conscient qu’il met en danger cette famille il repart. Muni de sa boussole, il envisage de rejoindre les troupes US en Normandie. Mais bien qu’ayant évité plusieurs contrôles il est finalement arrêté près de Dinard. Il est ensuite dirigé vers un camp de prisonniers en Allemagne ou Pologne. Plus tard il sera libéré par les Irlandais.

 

C’est donc ce parcours que va découvrir sa fille Déborah en inaugurant ce petit musée. Ce dernier existe car la ferme, tombée en ruine, a été achetée par la commune en 2020 sous l’impulsion de Noël Pollet, conseiller municipal et président des Anciens Combattants. Rénovation de la ferme puis remeublée à l’identique.

                          photos : olivier Lemierre

Déborah rencontre les descendants d’Albert Leforestier, les remercie vivement d’avoir sauvé son frère Thomas sans se poser de questions.

Marie-Claude     la petite-nièce lui répond « Ils n’ont écouté que leur cœur ». Serge Collet le maire, remercie d’abord la famille Leforestier, Philippe et Marie-Claude sa sœur pour cet acte de bravoure familial, puis cet aviateur, mais aussi ses compatriotes qui ont permis de libérer la France.

 

1996 : G le maire, milieu Lt Dignes et Thomas Mc Inerney

  8 mai 2025 , commémoration par les personnalités (photo UMC)

 

 

 

           Découverte de la plaque inaugurale sur « la maison des aviateurs » (photo Radio France C.Schulmacher)

           Les familles Leforestier et Sullivan-Mc Inerney lors de l’inauguration (photo C.Schulmacher)

Notes :

1°) FLAK : Flug   Abwehr  Kanone , canon anti-aérien. (Abwehr = défense)

2°) Gilet de sauvetage, qui en cas de besoin se gonfle évitant la noyade. Surnommé ainsi par les aviateurs US en référence à la généreuse poitrine de l’actrice éponyme (1893-1980).

Nb : Thomas Mc Inerney était venu en juin 1995 présenter ses écrits.

 

Sources : divers sites internet, archives locales. Journal Bretagne (Gilles-Merrant). Ouest-France

 

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