vendredi 25 août 2023 Moselle

Républicain Lorrain

Charly Damm et François Abel : leur BD sur l’après-guerre

F.C.

Charly Damm et François Abel, auteur et dessinateur de la BD, sont des fils de Malgré­ Nous réfractaires. Photo Florian Chambon

L’Alsace puis la Moselle déracinées, Robert Schuman, André Maginot, la bataille de Hausbergen : autant d’histoires complexes que Charly  Damm est parvenu à transformer, avec précision et pédagogie, en scénario de bande dessinée. Mais de tout ce que l’auteur hyperactif a créé, son œuvre la plus personnelle est sûrement la BD consacrée aux Malgré- Nous et dessinée par son compère François Abel.

 << Un sujet qui nous touchait particulièrement >>

« En 2019, après avoir publié les ouvrages sur les déplacés mosellans et alsaciens, j’ai proposé à l’éditeur de faire quelque chose pour les 80 ans de l’incorporation de force dans l’armée allemande, que l’on allait commémorer en 2022 », se souvient Charly- Damm. « C’était un sujet qui nous touchait particulièrement, François et moi, car nos deux pères avaient été réfractaires à l’époque et que l’histoire des incorporés avait baigné notre enfance. »

L’auteur connaît bien le sujet : il y a consacré une pièce de théâtre à succès dans les années 1990. Pour parfaire ses acquis, il se plonge dans divers documents. « J’ai parcouru une vingtaine de livres et de là, j’ai bâti mon scénario », résume-t-il.

<< Leur uniforme jetait l’opprobre sur eux >>

La bande dessinée est un véritable succès, il faut plusieurs fois solliciter des rééditions pour répondre à la demande. « Je suis allé au Salon du livre à Colmar et j’ai signé bien 150 ouvrages je pense », narre Charly Damm avec un sourire. « Au total, on doit avoir vendu environ 14 000 exemplaires ! »

Dans sa BD, l’auteur raconte le sort des Malgré-Nous après la guerre. Une façon pour lui de dénoncer l’étiquette de « traîtres » qui leur a longtemps et injustement collé à la peau. « Les Malgré-Nous étaient à la fois vainqueurs et vaincus. Leur uniforme jetait l’opprobre sur eux », évoque-t-il.

<< Le pays n’a rien fait pour eux >>

« Ils  sont revenus de la guerre, où ils avaient perdu des amis, et n’ont pas été soutenus », reprend Charly Damm. « Le pays n’a rien fait pour eux, au contraire. Pour que l’on s’intéresse à leur histoire, il a fallu attendre un discours de Nicolas Sarkozy en 2010. » C’était la première fois qu’un chef d’Etat rendait hommage aux incorporés, 68 ans après leur entrée forcée dans l’armée allemande.

Cet enrôlement forcé au service militaire pour faire partie de la Wehrmacht, fut une violation du droit international, mais les quelques recrues n’avaient quasiment aucune possibilité d’y échapper.

 

Aller au contenu principal