Bataille de Bazeilles

La bataille de Bazeilles (ou combats de Bazeilles) a lieu du 31 août 1870 au 1 er septembre 1870, dans le cadre plus général de la bataille de Sedan, pendant la guerre franco-prussienne.

Cet épisode, vu comme héroïque, a inspiré, entre autres, le plus célèbre tableau patriotique d’Alphonse de Neuville, intitulé Les Dernières Cartouches (1873).

Division bleue

En 1870, pour la première fois de leur histoire, les marsouins des 1er2 e3 e4 e  régiments d’infanterie de marine et bigors du 1er  régiment d’artillerie de marine sont groupés pour prendre part à la lutte, dans la même division surnommée « division bleue » commandée par le général de Vassoigne. Ils écriront une des plus notables pages de l’armée française à Bazeilles, les 31 août et 1er septembre 1870.

Ont également participé à cette bataille les 34 e et 52 e régiments d’infanterie de ligne ainsi que le 7 e régiment d’artillerie et le 8 e Régiment d’artillerie avec les 3 e, 4 e, 10 e et 11 e batterie 3.

Lors de cette bataille, les pertes dénombrées côté français sont de 2 655 hommes, et côté bavarois, de 4 091 hommes, au sein de la 8 e division du IVe corps..

Bazeilles est, avec le temps, devenu un symbole de commémoration pour les troupes anciennement « coloniales », aujourd’hui appelées « de marine » : le souvenir de ces combats est célébré le 31 août dans les régiments et le 1er septembre par les anciens combattants de ces troupes.

Contexte historique

Au cours du mois d’août 1870, l’est de la France est occupé par trois armées allemandes. Voulant délivrer Bazaine encerclé dans Metz, Mac-Mahon est chargé de constituer une armée dite « de Châlons » dont la 2 e brigade de la division bleue. Partie de Reims après six jours de marche forcée avec l’armée de Châlons, la 2 e brigade de la division Bleue atteint Sedan où Mac-Mahon veut faire reposer son armée et la ravitailler pour ensuite repartir sur Metz. Mais à la suite de la bataille de Beaumont, l’armée de Châlons se trouve fixée sur Sedan.

Les combats de Bazeilles

  • La 2 e brigade doit protéger Bazeilles sur le flanc est de la forteresse de Sedan. Dès le 31 août toute l’armée est sur la rive droite de la Meuse, cependant un pont de voie ferrée à Remilly est encore intact et va permettre l’infiltration d’éléments d’avant-gardes bavaroises, qui seront repoussés à la tombée de la nuit.
  • La supériorité en nombre et en artillerie de l’adversaire va donner lieu à des affrontements meurtriers où les pertes sont nombreuses ; le village est repris, puis gardé par les Français uniquement sur la frontière nord. La 1 ère brigade arrivée en renfort en fin de journée permet la reprise totale de Bazeilles à la tombée de la nuit.
  • Le 1er septembre, les forces bavaroises du général von der Tann renforcées pendant la nuit attaquent le village au lever du jour. Elles croient le trouver vide, mais tombent dans une contre-attaque de 150 marsouins organisée par le commandant Arsène Lambert, sous-chef d’état-major de la division.

S’enchaînent alors deux revirements inattendus :

  • le premier avec le remplacement de Mac Mahon, blessé, par le général Ducrotqui ordonne d’abandonner les positions acquises ;
  • le second, après l’évacuation de Bazeilles, avec l’arrivée du général de Wimpffen, qui prend le contre-pied de ces dispositions et ordonne la réoccupation des positions abandonnées.
  • Après de nouveaux combats à un contre dix, face au 1er corps d’armée bavarois dont l’artillerie est de plus en plus fournie, le général de Vassoigne estime que « l’infanterie de marine a atteint les extrêmes limites du devoir » et sonne la retraite afin d’éviter le massacre intégral de la troupe.
  • La division Bleue a perdu 2 655 hommes au cours de ce seul affrontement. Quarante Bazeillais trouvèrent la mort au cours des combats des 31 août et 1er Cent cinquante autres moururent des suites de leurs blessures dans les six mois qui suivirent la bataille. L’adversaire, pour sa part, avait laissé sur le terrain plus 4 091 tués, dont 213 officiers.
  • Ce combat, qui voit des pertes bavaroises supérieures en nombre à celles des français, a été retenu par l’histoire militaire des deux pays, mais pas pour les mêmes raisons. Côté français, le processus d’immortalisation doit beaucoup au tableau du peintre Alphonse de Neuville qui dès 1873 choisit de réduire l’esprit de cette bataille à l’épisode de la défense de l’auberge Bourgerie, où l’on peut voir le commandant Lambert et une poignée d’hommes défendre la maison dans des conditions particulièrement difficiles, et jusqu’à l’épuisement complet des munitions. Avant d’ordonner le repli au petit nombre de combattants survivants, les officiers ont revendiqué l’honneur de tirer les onze dernières cartouches, d’où le nom de « Maison de la dernière cartouche », qui fit l’objet d’une popularisation comme un des hauts faits de la guerre.
  • Bazeilles est resté depuis un haut-lieu et un symbole des troupes de marine.

Récit officiel des combats de Bazeilles

Bazeilles est devenu le symbole des troupes de marine. L’anniversaire de Bazeilles est célébré chaque année dans tous les corps de troupe de France et d’Outre-mer et sur les lieux mêmes de la bataille. Le récit qui suit est prononcé à cette occasion.« 1870 : la France est en guerre. Son territoire est envahi. Pour prendre part à la lutte, marsouins et bigors sont, pour la première fois de leur histoire, groupés dans une même division, la division de marine qui sera surnommée la division bleue.

Commandée par le général de Vassoigne, elle est composée de 2 brigades :

  • la 1 ère: général Reboul, est formée du 1er Régiment d’Infanterie de Marine de Cherbourg et du 4 e de Toulon
  • la 2 e: général Martin des Pallières, comprend le 2 e Régiment d’Infanterie de Marine de Brest et le 3 e de Rochefort. Le 1
  • 1er Régiment d’Artillerie de Marine de Lorient fournit 3 batteries.

La Division bleue fait partie du 12 e Corps d’Armée sous le commandement du général Lebrun affecté à l’armée de Mac Mahon. Rassemblée au camp de Chalons, celle-ci, dans la deuxième quinzaine d’août, va tenter la jonction avec l’armée de Bazaine enfermée dans Metz.

Le 30 août, après six jours de marches et de contre-marches harassantes, un de nos corps d’armée s’étant laissé surprendre à Beaumont, la 1 ère brigade, celle du général Reboul, doit intervenir, d’ailleurs avec succès, pour le dégager.

Le lendemain, 31 août, vers midi, c’est l’autre brigade qui est chargée de reprendre Bazeilles que l’ennemi vient d’occuper.

Le général Martin des Pallières enlève sa troupe. L’ennemi est refoulé, mais sa supériorité en nombre et en artillerie lui permet, en multipliant ses attaques, de reprendre pied dans la localité. La mêlée est acharnée ; les pertes sont sévères des deux côtés; le général Martin des Pallières est blessé et le village en feu.

Vers 4 heures de l’après-midi, les nôtres ne tiennent plus que les lisières nord du village. C’est alors que la brigade Reboul, conservée jusque-là en réserve, est engagée et, avant la tombée de la nuit, Bazeilles est entièrement reprise une nouvelle fois. Toujours au prix de combats acharnés.

On s’organise pour la nuit. Seules des grand-gardes, placées aux ordres du commandant Lambert, sous-chef d’état-major de la Division, tiendront la localité. Le commandant Lambert, comprenant que l’ennemi, puissamment renforcé pendant la nuit, va revenir en force, lui tend un piège.

Lorsque, le 1er septembre au lever du jour, les Bavarois commencent à pénétrer dans le village, ils croient celui-ci abandonné. Une vigoureuse contre-attaque, menée par 150 marsouins, les surprend et les met en fuite. Nous sommes à nouveau, et pour la troisième fois, maîtres de Bazeilles.

À ce moment survient un coup de théâtre. Le général Ducrot, qui vient de remplacer Mac Mahon blessé, veut regrouper l’armée et l’ordre est donné d’abandonner Bazeilles. Ce que l’ennemi n’a pas réussi, la discipline l’obtient : Bazeilles est évacué. Mais le général de Wimpffen, porteur d’une lettre de service, revendique le commandement et, prenant le contre-pied des dispositions de son prédécesseur, ordonne que soient réoccupées les positions abandonnées.

Il faut donc reprendre Bazeilles dont les Bavarois n’ont pas manqué de s’emparer entre-temps. De Vassoigne n’hésite pas et sa division, en une seule colonne, s’empare du village pour la quatrième fois, malgré la défense acharnée de l’adversaire.

Le 1er Corps d’armée Bavarois, renforcé d’une division supplémentaire, et appuyé par une artillerie de plus en plus nombreuse, reprend ses attaques qu’il combine avec des manœuvres d’encerclement, tandis que dans le village se multiplient les incendies.

Luttant à un contre dix, les marsouins, malgré les obus qui les écrasent et les incendies qui les brûlent et les suffoquent, défendent pied à pied chaque rue, chaque maison et chaque pan de mur. Ils ne cèdent le terrain que très lentement infligeant à l’ennemi des pertes sévères. Hélas, celles qu’ils subissent ne le sont pas moins et, ce qui est très grave, les munitions commencent à manquer.

Le général de Vassoigne, toujours très calme, estime que sa mission est maintenant accomplie, que « l’infanterie de marine a atteint les extrêmes limites du devoir » et qu’il ne doit pas faire massacrer une telle troupe, susceptible de rendre encore des services. Vers midi, il fait sonner la retraite.

Cependant le général de Wimpfen veut encore tenter une percée vers l’est. À cet effet, aux environs de 16 heures, il fait appel au général de Vassoigne et se met avec lui, épée en main à la tête des débris dont il dispose.

Bazeilles est en grande partie repris, lorsque sur l’ordre de l’empereur, il fait mettre bas les armes.

La Division bleue a perdu 2 655 des siens dont 100 officiers »

Iconographie

La bataille de Bazeilles a donné lieu a de nombreuses représentations. Les premières furent sous la forme graphique : les gravures, publiées dans la presse, et les peintures, dans les deux camps, vont apparaître, traduisant bien entendu deux séries de points de vue différents. D’abord en France, avec par exemple les eaux-fortes d’Auguste André Lançon, puis, avec comme point d’orgue le tableau d’Alphonse de Neuville (1873) — qui sera magnifié durant l’exposition universelle de 1889 —, ou encore celui de Jean-Léon Pallière (1879), sans compter une sculpture en bas relief d’Aristide Croisy.

En Allemagne, plus tardivement, apparaît en 1883, à Berlin, un panorama sur Alexanderplatz signé Anton von Werner choisit comme thème cette bataille, puis en 1896, un autre panorama, de Michael Zeno Diemer (en), est monté à Manheim dans un bâtiment expressément conçu à cet effet. D’autres artistes allemands en proposèrent des traductions selon diverses techniques, comme Otto von Faber du FaurFriedrich BodenmüllerFranz Adam, Carl Röchling, Richard Knötel

À Paris, la maison Goupil imprime de son côté de nombreuses photogravures reproduisant les tableaux français dont celui de Neuville (éditée en 1889) et François Lafon (éditée en 1896). Dès les débuts du cinématographeGeorges Méliès exploite l’épisode de Bazeilles décrit par Neuville pour en faire un film (1897). En 1900, une carte postale reproduisant une vue photographique du village de Bazeilles en ruine au lendemain de la bataille (septembre 1870) circule.

Source : Viképédia

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