Pensions du régime nazi : quatre ex-Waffen SS touchent des indemnités en France

Publié le 04/06/2019 à 12h28. Mis à jour à 12h37 par Sudouest.fr.

LA Waffen-SS a été conçue par Henrich Himmler comme une armée raciale et politique. 

STR AFP ARCHIVES

Le Monde révèle ce mardi que quatre des 54 résidents français bénéficiaires d’une pension versée par Berlin aux “victimes de guerre” sont d’anciens Waffen-SS.

Fin février dernier, le ministère allemand du Travail révélait que plus de 2 000 anciens collaborateurs du régime nazi, dont 54 en France, percevaient des pensions versées par Berlin, en vertu d’une loi de 1950 sur “l’assistance aux victimes de guerre”. Ce mardi, Le Monde avance que quatre des bénéficiaires résidant sur le sol français sont d’ex-membres de la Waffen SS, branche militaire du régime hitlérien.

L’ambassadeur allemand à Paris, Nikolaus Meyer-Landrut avait pourtant affirmé, après les révélations de février, que les 54 bénéficiaires vivant en France étaient 27 mutilés, 21 veuves et 6 orphelins percevant 350 euros par mois en moyenne. Il avait assuré, en outre, “pouvoir exclure que les bénéficiaires aient commis des crimes de guerre”.

Quatre Waffen-SS dont un de la division “Totenkopf”

Seulement, l’Allemagne refuse, au nom de la protection des données individuelles, de transmettre l’identité des indemnisés aux gouvernements concernés. Geneviève Darrieussecq, secrétaire d’État auprès de la ministre des Armées, exige cependant à Berlin davantage d’informations sur l’état civil des bénéficiaires résidant en France.

La SS “Totenkopf” comportait des gardiens de camps d’extermination.

Les premiers retours, que Le Monde a pu consulter, sont surprenants : sur les 27 mutilés résidant en France, on trouve quatre Waffen-SS. Un de la division Charlemagne, rassemblant les volontaires français : un Allemand naturalisé français ; un Allemand engagé dans la cavalerie intervenant en Union soviétique. Et le dernier, Français membre de la 3e division blindée SS Totenkopf (“tête de mort”), qui comportait notamment des gardiens de camps d’extermination.

 

La SS-Totenkopf est considérée comme l’une des divisions les plus fanatisées. 

CRÉDIT PHOTO : YURIY DYACHYSHYN AFP

La SS classée organisation criminelle

Si la SS a été classée comme organisation criminelle à l’issue du procès de Nuremberg, le ministère fédéral allemand a toutefois assuré qu’aucun des quatre soldats n’a été officier et que les criminels de guerre ne touchent plus les indemnités d’”assistance aux victimes de guerre”. 

“Je pense que d’autres pays pourraient faire la même découverte.”

“Je ne suis pas étonné que quatre Waffen-SS puissent apparaître aujourd’hui dans la liste qui concerne la France”, témoigne au quotidien du soir Stefan Klemp, auteur d’un rapport sur la suppression des indemnités aux criminels de guerre. “Je pense que d’autres pays pourraient faire la même découverte.”

Ce dernier a évalué qu’en 1998, 45 000 anciens SS bénéficiaient encore de pensions dites “BVG”. En 2015, il estimait que 4 000 criminels de guerre touchent ces indemnités uniquement sur les 16 “Länder” que comporte l’Allemagne.

La France exige des réponses

“Je n’aime pas les situations opaques”, affirme Geneviève Darrieussecq. “Les réponses administratives ne me suffisent plus. Il faut désormais des explications précises des autorités politiques allemandes pour que nous puissions nous faire une opinion définitive sur les bénéficiaires de ces prestations”.

Le ministre de l’Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a soutenu la secrétaire d’État en adressant une lettre au gouvernement allemand. La missive détaille “l’ensemble des questions françaises en suspens”, explique Le Monde.

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