Peut-ĂŞtre y aurons-nous droit Ă©galement un jour….
Vers un geste financier en faveur des harkis
Geneviève Darrieussecq prĂ©sente des mesures portant sur la reconnaissance des anciens supplĂ©tifs de l’armĂ©e française pendant la guerre d’AlgĂ©rie.
Source AFP
Publié le 25/09/2018 à 07:59 | Le Point.fr
Initiatives mĂ©morielles, geste financier : la secrĂ©taire d’État auprès de la ministre des ArmĂ©es Geneviève Darrieussecq prĂ©sente ce mardi de nouvelles mesures en faveur des harkis Ă  l’occasion de la journĂ©e nationale leur rendant hommage. InspirĂ©es du rapport d’un groupe de travail remis fin juin, les dĂ©cisions, qui seront dĂ©voilĂ©es au cours d’une cĂ©rĂ©monie aux Invalides, entendent « offrir de nouvelles avancĂ©es en matière de reconnaissance, de rĂ©paration et de solidaritĂ© envers les harkis », ces anciens supplĂ©tifs de l’armĂ©e française pendant la guerre d’AlgĂ©rie. « Nous souhaitons dire : Aux harkis, la France reconnaissante », rĂ©sume Geneviève Darrieussecq. « Oui, il y a eu dĂ©faillance de la France, admet-elle. Ils ont Ă©tĂ© reçus ici dans des conditions souvent très difficiles, qu’ils ont parfois eu Ă  subir toute leur vie. »
Parmi ces mesures figure le dĂ©blocage d’une enveloppe de 40 millions d’euros sur quatre ans, essentiellement destinĂ©e Ă  venir en aide aux enfants des combattants harkis de deuxième gĂ©nĂ©ration qui vivent en grande prĂ©caritĂ©. Ce dispositif, qui sera accompagnĂ© d’une aide personnalisĂ©e au retour Ă  l’emploi, « concerne potentiellement quelques milliers de personnes, sur 80 000 Ă  100 000 individus qui, dans leur grande majoritĂ©, se sont très bien intĂ©grĂ©s », explique-t-on au ministère. Le gouvernement va Ă©galement faire un geste en direction des harkis de première gĂ©nĂ©ration en augmentant de 400 euros leur allocation de reconnaissance et l’allocation viagère versĂ©e Ă  leurs veuves. La mesure concerne 9 000 Ă  10 000 personnes.
Geste mémoriel en décembre
Le gouvernement compte par ailleurs lancer plusieurs initiatives mĂ©morielles portant sur la reconnaissance du sort de cette communautĂ©. Emmanuel Macron prĂ©voit lui-mĂŞme « un geste mĂ©moriel très fort » à l’Ă©gard des harkis en dĂ©cembre. Le chef de l’État français a Ă©galement promu vendredi d’anciens combattants harkis et des reprĂ©sentants d’associations dans l’ordre de la LĂ©gion d’honneur. Cette promotion de harkis n’est pas inĂ©dite, mais importante en nombre et, pour la première fois, des enfants de harkis – 16 sur 37 – ont Ă©tĂ© distinguĂ©s au titre de leurs travaux et de leur parcours personnel. Avant lui, François Hollande avait reconnu en 2016 « les responsabilitĂ©s » de la France dans « l’abandon » des harkis. Certains membres de la communautĂ© jugent toutefois ces gestes très insuffisants et rĂ©clament une rĂ©paration bien plus importante.
L’une des associations, le ComitĂ© national de liaison des harkis (CNLH), a menacĂ© de porter plainte contre la France pour crimes contre l’humanitĂ© devant les tribunaux internationaux. Sur les quelque 150 000 AlgĂ©riens recrutĂ©s par l’armĂ©e française comme auxiliaires durant la guerre d’AlgĂ©rie, environ 60 000 sont parvenus Ă  partir pour la mĂ©tropole avec les pieds-noirs. Mais leur accueil s’est fait dans des conditions prĂ©caires (camps, hameaux de forestage et citĂ©s urbaines), sans rĂ©elles perspectives d’intĂ©gration pour eux-mĂŞmes ni leurs enfants. Les autres – entre 55 000 et 75 000, selon les historiens – ont Ă©tĂ© livrĂ©s Ă  leur sort en AlgĂ©rie et, considĂ©rĂ©s comme des traĂ®tres par le nouveau rĂ©gime, victimes de sanglantes reprĂ©sailles.
Marine Le Pen, prĂ©sidente du Rassemblement national (ex-FN), a prĂ©vu d’assister ce mardi Ă  la cĂ©rĂ©monie donnĂ©e aux Invalides. NĂ© après la fin de la guerre d’indĂ©pendance algĂ©rienne (1954-1962), le prĂ©sident français semble vouloir solder les stigmates de ce conflit pour la sociĂ©tĂ© française. « Il importe que cette histoire soit connue, qu’elle soit regardĂ©e avec courage et luciditĂ©. Il en va de l’apaisement et de la sĂ©rĂ©nitĂ© de ceux qu’elle a meurtris », a dit M. Macron le 13 septembre, peu après avoir reconnu que la France avait mis en place un système entraĂ®nant des actes de torture, ayant notamment abouti Ă  l’enlèvement et la mort de l’opposant communiste Maurice Audin en 1957 à Alger.

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