« Les anges blancs », qui sont ces deux Ligériennes de la Première Guerre mondiale à avoir leurs noms sur un monument aux morts ?
En Loire-Atlantique, on ne retrouve que deux noms de femmes inscrits sur les monuments aux morts. Une sous-représentation des femmes sur ces monuments qui ne fait pas écho à leur implication. Retour sur les « anges blancs » de la Grande Guerre.
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En Loire-Atlantique, elles ne sont que deux à être inscrites sur ces monuments en tant que mortes pour la France de la Première Guerre mondiale.
Marie-Louise Luneau
Née le 22 août 1881 à Gorges, Marie-Louise Joséphine Luneau est cultivatrice de métier. « Luneau, c’est un nom très courant dans le vignoble« , précise Jérôme Bocquillon, président du souvenir français du secteur de Clisson. Elle est la fille de Louis Mathurin Luneau et de Joséphine Marie Méchinaud, tous les deux également cultivateurs.
Alors que la Première Guerre mondiale secoue le territoire, elle s’engage en tant qu’infirmière-major.
Elle décède le 27 septembre 1917, à l’âge de 36 ans à l’hôpital militaire Broussais de Nantes, après avoir contracté une maladie infectieuse due au contact permanent avec les soldats blessés et malades.
Gabrielle Le Pan de Ligny
Sur le monument aux morts de Carquefou, gravé dans la pierre le nom de Gabrielle Alphonsine Le Pan De Ligny. Née le 7 août 1872 dans la petite commune, qui compte aujourd’hui près de 20 000 habitants. Elle est la fille d’Alphonse Amarchis De La Chambre et de Sidonie Burguerie.
Elle se marie à Camille Le Pan de Ligny le 20 août 1900.
Elle devient infirmière bénévole sur le front de juin 1916 jusqu’en 1917. Blessée, elle est rapatriée à l’hôpital de Nantes où elle décède le 5 novembre 1917 à l’âge de 45 ans.
La reconnaissance du statut « Mort pour la France »
Les premiers décrets de ce statut datent de 1915 et ont été validés en 1919.
Avant la Première Guerre mondiale, il n’y avait pas de statut mort pour la France
Jérôme BocquillonPrésident du souvenir français du secteur de Clisson
La reconnaissance du statut est très encadrée, elle est attribuée par un tribunal avec des critères précis, « ce qui fait foi, c’est la mention mort pour la France mise en marge de l’acte de décès. Il y a un tribunal qui l’a statué, le tribunal envoie ensuite à la commune de naissance et de résidence, et donc sur l’acte de décès, la mairie est obligée de marquer cette mention dans la marge« , explique Jérôme Bocquillon.
Cette reconnaissance est attribuée dans la marge si le décès est en lien avec la guerre, il n’y a pas que la mort survenue au combat qui compte.
« C’est-à-dire, pendant la Première Guerre mondiale, vous avez eu beaucoup de ce qu’on appelle les accidentés pulmonaires, il y a eu beaucoup de décès par tuberculose. Ça a été dû soit à l’exposition en gaz de combat, et la plupart ne sont pas morts aussitôt, donc ils ont été malades très longtemps. Mais aussi la vie dans les tranchées, souvent dans des conditions insalubres, dans l’humidité. Ça a développé des maladies. Et bon, il y a des soldats qui sont morts même après 1918-1919« , précise le président du souvenir français du secteur de Clisson
Ce statut offre certains avantages « notamment l’État a obligation d’entretenir la sépulture d’un mort pour la France que ça soit homme ou femme, sauf si la famille demande la restitution du corps », ajoute-t-il.
Les femmes, grandes oubliées de la Grande Guerre
Les femmes sont sous-représentées sur les monuments aux morts, mais également sur les registres, c’est particulièrement le cas pour les archives départementales. « Ils ont recensé les morts pour la France à partir des registres matricules. Les femmes n’en ont pas parce que c’est un document qui était ouvert au moment du recensement avant de partir au service militaire, et cette fiche est complétée tout au long du service militaire, sur toute la vie du soldat« , continue le président du souvenir français de Clisson.
Oubliées, mais pourtant indispensables pendant le conflit. Surnommées les « anges blancs », la croix rouge dénombre près de 68 000 infirmières mobilisées, parmi elles 105 seront tuées et environ 2500 seront blessées.
« Parce qu’en fin de compte, on est à 1,391,000 morts, mais il y a 15 fois plus de blessés. Le service de santé des armées a été complètement saturé. On a ouvert des hôpitaux bénévoles un peu partout. Ils prenaient en charge surtout des malades en convalescence. Rien que dans un département comme la Loire-Atlantique, il y en avait des dizaines et des dizaines, peut-être plus d’une centaine« .
Le problème c’est que c’est un sujet assez méconnu, il y a beaucoup d’oubli sur les monuments aux morts.
Jérôme BocquillonPrésident du souvenir français du secteur de Clisson
Les femmes reconnues mortes pour la France sont beaucoup recensées après le Seconde Guerre mondiale car beaucoup étaient résistantes.
Des noms de femmes que l’on retrouve notamment à Nantes « au cimetière de la Chauvinière, parce que les victimes des bombardements de Nantes sont reconnues morts pour la France à titre civil. Donc c’est vraiment à partir de 39-45 qu’on va avoir beaucoup de femmes avec ce statut de morts pour la France« .
En France, on compte une cinquantaine de femmes reconnues mortes pour la France pour la Grande Guerre.
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