Charlotte STORCH-BARILLET enfant juive rescapée

Naissance le 5 février 1933 à Paris, elle est la fille de David, tailleur de formation, né le 15 août 1901 à Naral en Pologne. Son grand-père est Chaïm, sa grand-mère Scheindel née Arek. David son père quitte son pays natal pour rejoindre un oncle établi en Autriche. Il reste quelque temps avec lui, supportant une vie difficile. Il apprend de cet oncle que son frère aîné vivait en Amérique.

En 1920, fin d’année il décide de partir en France, à Paris, pour ensuite rejoindre son frère aux USA. Il travaille en usine, suit les cours du soir pour apprendre le français

Mais il fait la rencontre de Rifka Tepper née le 7 novembre 1906 à Jaroslaw (Pologne). Ils se marient le 18 avril 1931 dans une petite mairie du 12ème , et vont habiter un petit logement avec gaz et électricité mais pas d’eau courante t toilettes sur le palier, au 35, rue Claude Tiller (12ème ) Sa mère Rifka sait peu de choses sur sa propre famille, mais pense avoir été élevée dans un orphelinat.

Rifka travaille dans une épicerie juive, rue de la forge royale mais s’arrêtera pour élever ses 3 enfants, Charlotte, sa sœur Paulette (28 avril 1935) et son frère André (20 mai 1939).

         André, Charlotte et Paulette en 1942                  (photo  C.Barillet)

En septembre 1939, son père voulait s’engager dans l’armée mais un accident du travail lui ayant laissé des séquelles il est réformé. La famille, sauf David le père, suit l’exode général et se retrouve à Poiseux (Cher) et est logée dans un pavillon du château de Poiseux. Elle va à l’école communale. Son père, resté à Paris, vient les voir pour Noël. Une partie des Allemands arrivée à Pésieux va occuper le château, mais sans inquiétude pour eux.

Charlotte raconte :

14 mai 1941 : mon père est arrêté lors de la rafle du « Vel d’hiv ». Interné à Beaune la Rolande, où nous avons pu lui rendre visite, il sera ensuite déporté à Auschwitz le 28 juin 1942 par le convoi n°5. Hélas il ne reviendra pas.

Après ce triste épisode, nous n’avions plus de revenus et nous allions prendre des repas chauds dans un dispensaire juif ou autre. Puis vint l’obligation de porter l’étoile jaune le 28 mai 1942 pour la zone occupée.

La veille du 16 juillet 1942, Rifka, et d’autres, averties par Mr Souche du commissariat de police du 12ème, se préparent en conséquence. Effectivement, le 16 au matin, plusieurs camions de la Whermacht se garent en bas de l’immeuble. Des hommes en uniforme, en descendent et listes à la main, épèlent le nom de chaque famille. Nous ne répondons pas, les camions repartent. Maman avec ses enfants se réfugie chez Catherine la voisine polonaise mais non juive. Cette dernière par sécurité nous a emmenés chez une cousine en banlieue, chez qui nous sommes restés quelques jours, car ensuite Catherine est venue nous récupérer afin de nous installer au sein d’une maison d’enfants de l’UGIF, rue Lamark à Paris, du 27 juillet au 7 août 1942.

Maman quant à elle ; d’abord cachée chez Catherine, ayant plusieurs fois échappé aux rafles, a été plus tard hébergée à Romainville chez une directrice d’école, madame Clément.

A cette date nous avons été transférés, avec d’autres enfants au centre de la Croix-Rouge Orgemont (Val d’Oise) chargé d’accueillir et de trouver des familles d’accueil. C’est ainsi qu’André, mon frère, s’est retrouvé chez les Deldoy jusqu’à la fin de la guerre.

 

 

 

                          Charlotte et ses 3 enfants  (-photo C.Barillet)

         Charlotte bébé et ses parents                                           (photo C.Barillet)

Ma sœur et moi, avons eu un parcours plus diversifié : d’abord 1 mois chez la famille Garau, retour au centre et nouvelle famille les Poch pour 2 mois et enfin de manière définitive chez Arthur et Cécile Magnier et leur fille Marcelle. Ouf enfin une situation stable, rue d’Epinay dans la cité d’Orgemont, jusqu’en 1946.

 

 

Marcelle la fille Magnier , avec Charlotte et Paulette

( Photo archives familiales)

Les Magnier écoutait la BBC, se tenant ainsi au courant de l’évolution du conflit et de l’avancée des alliés, en les imaginant sur la carte d’Europe épinglée au mur.

Vint enfin la libération dans la joie, la liesse etc.. et le retour à une vie normale et surtout les retrouvailles avec sa mère, sa sœur et son frère.

Après-guerre : Charlotte travaille jusqu’à 60 ans. Puis contacte Yad Vashem afin que la famille Magnier puisse être reconnue « Juste parmi les Nations ». Ce sera concrétisé en février 2010 avec remise du diplôme et médaille aux 2 petites-filles Magnier. Ces dernières ont même été élèves de l’école mixte d’Orgemont.

Charlotte fait partie de l’association « Enfants juifs cachés pendant la Shoah » et par ses interventions en milieu scolaire, témoigne, explique ce qu’elle a vécu, demande à être vigilant à ce propos. Sa nièce Loukia est aussi intéressée.

                                      Charlotte jubile parmi les élèves

 

Au mémorial de la Shoah à Paris, Charlotte a découvert, l’an dernier un livre qui retrace son histoire et envoyé par la professeur citée ci-dessous.

Et puis voilà qu’un jour, elle est invitée à se rendre à la cité Berten de Born à Périgueux ce récent jeudi 2 octobre afin qu’elle vienne témoigner. Ce sera un long déplacement depuis Paris qu’elle accepte. Elle n’est pas « au bout de ses surprises » car les élèves de CM1 et CM2 de l’école Saint-Pierre de Chignac (Dordogne) qui ont participé au concours National de la Résistance et Déportation en 2023/2024, l’attendent. Leur professeur Mme Sabine Loubrat-Fouchier avait depuis 2 ans commencé un travail de recherche qui finalement s’est concrétisé par la rédaction d’un livre « la véritable histoire de Charlotte Storch »

Pour Charlotte l’émotion bien forte était présente, mais elle a surmonté ce passage et a commencé son témoignage, étonnée par les judicieuses questions de son jeune auditoire.

Sources : divers sites internet.

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