Les enfants cachés de l’Ile aux moines.
Irène Kwass réfugiée sur l’ile depuis 1940. A fréquenté le lycée français de Londres, promotion 56.
Elle est née en 1934, en région parisienne d’une famille juive et communiste, elle échappe à la Shoah en se réfugiant chez ses grands-parents maternels.
Violette Héranger, sa mère et Lise Jacobsohn1 sont arrêtées le 20 mars 1943. Le père a échappé à cela car il était à Vannes. Incarcérées à la prison de Vannes, Violette s’en échappe puis retrouve sa fille Irène. Cette dernière avait été confiée à une voisine de l’Ile qui n’était autre que son institutrice.
Quant à Lise elle est déportée à Auschwitz où elle décédera en 1943.
Après-guerre Irène et ses parents Violette et René retournent à Paris. Sa mère retrouve sa boutique d’antiquités. Par passion elle en avait, ouverte une autre sur l’Ile. La famille ira finir ses jours sur l’Ile aux moines.
Ce que personne ne soupçonne ou connaît c’est que la famille Héranger-Kwass et d’autres hébergeaient en toute discrétion beaucoup de Juifs, d’opposants STO et résistants depuis 1940. Parmi ces réfugiés certains avaient de la famille, d’autres non.
Ce sont notamment 4 enfants juifs qui furent ainsi sauvés. Surtout ils étaient protégés par le fait de leur intégration dans les familles, dans le milieu scolaire au milieu des petits « îslois ». Ils furent baptisés, certains étaient enfants de chœur et participaient aux diverses manifestations religieuses. La mairie fournissait cartes de ravitaillement, sous un faux nom.
Le plus jeune Georges Arbuz, a 3 ans à son arrivée sur l’Ile. Personne ne parlait de nous, une protection supplémentaire. Etaient avec lui, ses cousins polonais : Daniel Rubinstein 5 ans, Ilona Blumberg 8 ans et Robert. Georges et son cousin Daniel se rendaient souvent chez les voisins : les « Le Gatte »
Ilana fit sa première communion en même temps que d’autres filles îliennes dont Michèle Beven le 25 mai 1944. Le père d’Ilina était prisonnier de guerre en Russie et sa mère Rita en Pologne afin de sauver ses parents. Toute cette famille fut déportée à Auschwitz puis exécutée.
Irène est restée sur l’Ile. Ilona décéda en 2017 à l’âge de 85 ans en Floride.
Soixante de silence furent rompus en 2002 par une dizaine d’Ilois, les « Gardiens de la vie, mémoire et reconnaissance ». Silence volontairement contenu pour ne pas réveiller entre autres certains souvenirs telle la délation.
La fille d’un de ces gardiens Joëlle Dalido et son frère ne connaissait pas l’action de leur père Jean dans la résistance qui avec son frère André cachait résistants et réfugiés.
Une énigme subsiste : la cache des armes ? un coffre en bois sur lequel s’asseyait une dame en costume local qui avait pour effet de dissuader les soldats ennemis de la faire lever.
Printemps 1943 : la rafle, Cléa Albigés et sa tante se cachent dans une armoire..Ouf, sauvées.
Pourtant l’ennemi n’occupait pas l’Ile en permanence, trop compliqué mais y faisait des visites ponctuelles.
Des « Stolpersternes » (pavés béton ou métal) en mémoire des personnes sauvées ou raflées furent apposés sur le sol du port, en août 2024.
A cette date furent arrêtés un résistant et 4 adultes juifs, qui s’étaient déclarés comme tels dont Henri Marx2, venu de Londres, où il résidait chez sa sœur depuis 1940, pensant être protégé par son statut d’ancien combattant de 14/18. Il a suivi en fait la femme qu’il aimait et son enfant (peut-être survivant). Henri s’est laissé arrêter au lieu de fuir par le jardin comme lui recommandait Gaston Calbourdin3 son hébergeur et cela pour éviter sa probable arrestation. Ils furent envoyés à Drancy puis à Auschwitz le 19 mars 1943 et exécutés le 23 juillet suivant.
Son neveu Paul ignore beaucoup de choses au sujet de cet oncle. C’est sur un message sur le groupe Facebook de l’Ile : « Paul Marx cherche infos sur son oncle Henri ».
Irène décédera à l’âge de 88 ans, fin 2022 à Vannes.
Un livre : « le Livre de l’Ile, les enfants cachés de l’Ile aux moines ».
Un film (1 h 30) de Raphaël Delpart en 2019
Notes :
1°) née le 5 janvier 1876 à Vilna/Vilnius (Lituanie)
2°) La famille H Marx était une famille juive allemande émigrée dans le Pas de Calais au début de la guerre puis au Royaume-Uni par la suite.
3°) 6.07.1920/29.03.2003.
Il n’y eut, aucun « juste » reconnu, mais une allée dans l’Ile.
Un hommage leur a été rendu le 03 janvier 2023 par une trentaine d’Islois.
Dans le cadre du concours national de la résistance des élèves du collège de Rhuys à Sarzeau (Morbihan) travaillèrent sur ce thème.
Sources : divers sites internet. Quotidien « Ouest-France ».
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