mardi 11 novembre 2025   Région GRAND EST

Plaques de sépulture : les prises de guerre du Souvenir français

Frédéric Plancard

Serge Barcellini devant la vitrine, au siège du Souvenir français à Paris, où sont exposées ces plaques. Photo Alexandre Marchi

Sous l’impulsion de Serge Barcellini, son président général, le Souvenir français a mis en place un système de veille sur les sites internet, les salles des ventes ou les brocantes pour récupérer les plaques émaillées nominatives qui étaient vissées sur les tombes de Morts pour la France.

« On a créé une équipe de veille de douze personnes. » Serge Barcellini est président général du Souvenir français. Sous son impulsion, l’institution s’est lancée dans la récupération des plaques émaillées, à l’origine vissées sur les tombes familiales de soldats Morts pour la France.

Ces plaques de tous formats, rectangulaires, ovales, carrées ou en forme de cœur sont des ornements funéraires et « c’est un objet mémoriel».
Elles montrent la plupart du temps, la photo du soldat en uniforme, la mention de ses décorations, sa date et lieu de décès. Elles concernent aussi bien des combattants de 1870, 14-18 ou 39-45.
Tels Christianus Sabatier, né à Anduze dans le Gard en 1846 et mort en 1870 en Alsace, ou Paul Voirin, né en 1883 au Val-d’Ajol dans les Vosges et tué à l’Hartmannswillerkopf en 1915. Ou enfin Raymond Fischer né en 1924 à Nancy et mort en 1944 à Besançon dans le Doubs. Ces trois combattants ont en commun d’avoir eu, sur leur tombe, une plaque émaillée qui s’est retrouvée en vente… sur des sites internet. Outre ces plaques, le Souvenir français recherche aussi les médailles de bronze, elles aussi fixées sur les sépultures.
C’est pourquoi, depuis quelques années, « la veille est quotidienne sur les sites internet, les salles des ventes, les vide-greniers et les brocantes », confie Serge Barcellini. « Les deux sources principales étant internet pour 80 % et les salles des ventes » ensuite.

 

• << 70 à 80 % restituent la plaque >>

Et la méthode d’action du Souvenir français est au point. « Quelqu’un appelle pour dire qu’il achète. Cela nous permet de savoir le nom et l’adresse du vendeur », précise le président général de l’association. « On lui demande ensuite s’il est parent avec les personnes enterrées dans la tombe. S’il n’est pas de la famille, nous lui disons que nous estimons que c’est un vol. » Et, « même si la tombe est en déshérence, elle a toujours un propriétaire, au moins la commune ». Le Souvenir français demande ensuite de lui restituer gratuitement la plaque. « Et s’il nous dit qu’il l’a trouvée dans un grenier ou achetée dans une brocante, nous lui disons que c’est du recel ! » Au bilan, « 70 à 80 % restituent la plaque. Pour les autres, on leur envoie la gendarmerie. Et pour les derniers récalcitrants, on dépose en justice. »
Une fois la plaque récupérée, « on cherche d’où elle vient, où était enterré le soldat », souligne Serge Barcellini. Quand tous ces renseignements ont été retrouvés, « on propose à la mairie de la reprendre. On la fait encadrer et on la rend à la commune. » Elle est, soit redonnée à la mairie du lieu où elle a été volée, soit dans celle du lieu de naissance du soldat, mais « il faut que le maire accepte».
L’autre solution, c’est que cette plaque soit remise « dans un centre culturel, une médiathèque, une bibliothèque ou une école » des mêmes lieux.
Dans le hall d’entrée du Souvenir français , rue Flachat à Paris, une vitrine d’exposition présente ces plaques récupérées par ce biais. En tout, l’association a remis la main sur « quatre-vingt-dix plaques et environ cinq ont déjà été restituées. Prochainement, nous allons en restituer quatre dont une dans la Marne. »

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