Blaise Cendrars par Stéphanie RAMOS
Blaise Cendrars, écrivain emblématique du XXe siècle, a vu son destin profondément marqué par la Première Guerre mondiale, expérience à la fois douloureuse et formatrice qui a bouleversé sa vie et influencé durablement son œuvre littéraire. Né Frédéric Louis Sauser en Suisse en 1887, il adopte le pseudonyme poétique de Blaise Cendrars en 1912, symbole de renaissance à partir des « braises » et des « cendres ». En 1914, alors déjà poète reconnu pour son œuvre avant-gardiste, notamment « La Prose du Transsibérien et de la petite Jehanne de France », il s’engage volontairement dans l’armée française et rejoint la Légion étrangère. Cet engagement illustre son refus d’appartenir aux cercles littéraires traditionnels et son aspiration à vivre pleinement l’action et l’expérience réelle. Sur le front, Cendrars fait face à l’horreur des combats. En septembre 1915, lors de l’offensive de Champagne, il est gravement blessé par une rafale de mitrailleuse qui lui arrache le bras droit, son bras d’écriture. L’amputation transforme radicalement sa vie : poète manchot, il apprend à écrire de la main gauche, une véritable renaissance symbolique qui éclaire la métamorphose intime et artistique qu’il traverse. La guerre, loin de nourrir une poésie traditionnelle du front, inspire chez lui une prose intense et violente, témoignant des réalités brutales du conflit et d’une réflexion profonde sur la condition humaine dans cette tragédie. Ses écrits, tels que « J’ai tué » (1918) ou plus tard « La Main coupée » (1946), ne sont pas seulement des récits autobiographiques mais des œuvres d’art où la guerre devient métaphore de destruction et de renaissance, témoignant d’une vision poétique qui transcende le simple témoignage historique. Par ailleurs, à travers sa vie et son œuvre, Cendrars incarne le lien entre la violence du XXe siècle et la modernité artistique, mêlant l’expérience vécue à la création, et où la guerre ouvre une autre dimension de la liberté et de la puissance créatrice, certes tragique mais fondatrice. Ainsi, Blaise Cendrars reste une figure majeure qui illustre la complexité et l’impact de la Grande Guerre sur la littérature, marquant la rencontre entre l’action réelle et la transformation poétique.

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