mercredi 30 juillet 2025 Le Républicain Lorrain
Moselle BENING -LES-SAINT-AVOLD
Nicole Alvarez Ramos : << Mon grand-père, Bernard Winterstein, a résisté
face au nazisme, au péril de sa vie >>
Nicole Alvarez Ramos est la petite-fille du résistant Bernard Winterstein du groupe Mario, arrêté en 1943 et détenu notamment à la Neue Bremm. Il est mort le 8 février 1945 au camp de concentration de Dachau. Photo Gaëlle Kréihenbühl
Une photo d’identité en noir et blanc, un peu vieillie par le temps. C’est le seul et unique portrait de Bernard Winterstein en possession de Nicole Ramos Alvarez. « Nous n’avons aucune autre photo de notre grand-père..», souffle l’habitante de Béning-lès-Saint-Avold, âgée de 61 ans. Ce jeudi, accompagnée de son frère Gérard Winterstein, 65 ans, elle replonge dans l’histoire familiale.
Bernard Winterstein fut résistant durant la Seconde Guerre mondiale, membre du groupe Mario. Né le 6 septembre 1886 à Rouhling, fils de vanniers manouches, il était devenu aiguilleur de la société de chemins de fer d’Alsace-Lorraine à la gare de Béning. En décembre 1920, il épouse Anne Frida Prüf er, une Allemande. De leur union naîtront six enfants dont Robert, en 1927, le père de Nicole. « Il ne nous a jamais beaucoup parlé de lui. Il n’était pas très bavard… » L’histoire familiale a surtout été transmise par Jean, l’oncle de Nicole et Gérard. « Il était là le jour de l’arrestation. Il avait 10 ans. » Ce 3 décembre 1943, trois SS garent leur traction Citroën noire au bout de la rue. Ils grimpent jusqu’à la maison de la famille Winterstein. L’un d’eux reste posté devant la bâtisse, un autre passe par l’arrière, le troisième entre et fouille l’intérieur. « Ils ont trouvé mon grand-père et l’ont emmené.»
• << Il a dû en baver >>
Bernard Winterstein était un membre actif du groupe de résistance Mario, communiste et syndicaliste CGT. Cheminot, il avait à plusieurs reprises effectué des sabotages sur la ligne Faulquemont-Béning, pour empêcher les trains d’aller vers l’Allemagne, avec ses camarades Jean Spaeter et Lucien Tutenuit. Arrêté, il sera d’abord envoyé au camp du Fort de Queuleu, un camp de torture. « Là-bas, il a subi des interrogatoires, il a dû en baver », souffle Gérard.« Notre grand-mère ne savait même pas s’il était en vie, tout courrier était interdit. »
Il est ensuite transféré au Struthof en Alsace, le 20 mai 1944. Il passera aussi par le camp de Neue Bremm , en Sarre, un camp de transit, puis sera déporté à Dachau en septembre 1944. Il décédera là-bas le 8 février 1945, trois mois avant la Libération. Sans nouvelles, la grand mère de Nicole et Gérard se rendra à la gare de Béning chaque jour.
« Elle gardait l’espoir de le voir sortir d’un de ces trains remplis de déportés libérés. » En vain. Elle passera le reste de sa vie dans la commune, entourée de sa famille.
S’ils n’ont pas connu leur grand-père, Nicole et Gérard Winterstein sont fortement marqués par l’histoire familiale. Tous deux sont déjà allés visiter le camp du Struthof. « Une horreur», souffle Nicole. Une plaque en la mémoire de Bernard Winterstein et de ses camarades de clandestinité a été érigée à la gare de Béning, une autre au cimetière.
« Nous ne devons pas les oublier », souffle sa petite-fille.
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