Samuel PINTEL.

 Samuel Pintel, chez lui, avec son portrait enfant, dessiné par un ami avec qui son père était prisonnier en Allemagne.(La Vie)

Il est né en 1937, et a été pensionnaire de la maison d’Izieu (Ain) de novembre 1943 à janvier 1944, il avait alors 6 ans.

photo INA

Les parents de Samuel, Jacob et Thérèse se sont connus, réfugiés indépendamment en France, tous deux fuyant le régime polonais et ses positions antisémites.
Un parcours de vie jalonné d’embûches, de dangers auxquels il a échappé, comme celui de la rafle du « Vél d’hiv » du 16 juillet 1942, où les membres de sa famille sont arrêtés mais Samuel et sa mère seront relâchés car le père, juif polonais en France depuis 1930 s’est engagé dans l’armée française en 1939, il sera fait prisonnier en 1940. Ce statut de famille de prisonnier de guerre est ainsi salvateur.
Il semble plus prudent de passer en Zone libre, au Sud. Mais passer la ligne de démarcation dans leur situation est risquée. Ils sont d’ailleurs arrêtés. Samuel est mis dans une maison d’enfants, puis confié à ses voisins parisiens. Sa mère est internée en attente dans un camp provisoire.
Samuel rejoint sa mère et ils vont ensuite partir dans un autre camp de l’Indre, à Douadic pour quelques jours et rejoindre ensuite l’hôtel des marquisats à Annecy (Haute-Savoie), mais seront assignés à résidence. Annecy est alors depuis juillet 1940 sous occupation italienne. La communauté juive n’est pas persécutée. Mais cela changera le 8 septembre 1943 car les Allemands prennent le relais qui sera lourd de conséquences.
16 novembre 1943 : encore un 16 ! La police allemande, de Klaus Barbie, en possession d’une liste fournie par l’administration française arrête, tous les membres y figurant, de façon brutale une bien triste habitude. Sa mère lui lâche la main et la met dans celle d’une femme non juive qui est à leurs côtés, et lui dit qu’elle n’est plus sa mère. Cette dernière est forcée à monter dans un camion.
Cette dame inconnue lui a sauvé la vie. Elle le confiera ensuite à l’UGIF-OSE ( Union Générale des Israélites de France- Œuvre de Secours aux Enfants) de Chambéry (Savoie), sans y laisser ses coordonnées.
Deux jours après il est dans une carriole tirée par un vélo, mais il n’est pas seul, un autre garçon l’accompagne pour un périple de 45 km avec comme hors d’œuvre le col de l’Epine (987 m), ce cycliste est fort. Ce dernier, il l’apprendra bien plus tard, n’est autre que le directeur de la maison d’Izieu, Miron Zlatin (1)
L’attelage arrive à bon port, les 2 passagers sont un peu ankylosés, le corps passablement meurtri mais saufs. Ils n’ont aucune idée de l’endroit où ils se trouvent.

  la maison d’Izieu

Ce n’est qu’en 1987, cinquante ans plus tard, lors du procès de Klaus Barbie qu’il découvre le lieu, grâce aux photos.
Ainsi renseigné, 2 ans après il part à la découverte de ce que fut une partie de son enfance. Il découvre une maison à l’abandon sur laquelle est apposée une plaque avec beaucoup de noms d’enfants. Il se remémore, son passage dans ce lieu, il croyait être le seul enfant juif. Etat qu’il a toujours caché sur recommandation de sa mère.

                                 Samuel PINTEL devant la maison d’Izieu et sa plaque renseignée photo Ouest-France)

Janvier 1944 : Miron Zlatin le ramène à Chambéry, où il espère y retrouver sa mère. Hélas non, ce sera Madame Jeanne Bosselut leur ancienne voisine de logement, venue spécialement de Paris, qui le prend en charge. Il sera donc élevé par ce couple.
Grande joie après la libération en mai 1945, il retrouve ses parents : son père était donc bien prisonnier 4 ans en Allemagne, quant à sa mère elle était au camp de concentration de Bergen-Belsen. Elle décédera en 1951, ce séjour dans ce camp l’ayant affaiblie.
De fait Samuel prend conscience qu’il lui faut s’investir dans son passé. Il prend donc contact avec Sabine Zlatin (2) directrice du camp, ayant échappé par miracle (absente ce jour-là) à la rafle de ce 6 avril 1944. Objectif: retrouver si possible ses affaires personnelles telles que : cahiers de classe, dessins, la liste de tous ses camarades de l’époque et aussi le nom de son compagnon de route en carriole. Mais déception rien n’est retrouvé dans cette maison.

Peu de temps après Sabine Zlatin ébauche un projet de mémorial à Izieu. Pour cela il lui faut une documentation. Elle fait appel à un certain Simon, qui n’est autre que le fils de Samuel, pour fouiller et trier d ce qui est entreposé dans son garage.
Miracle, non mais surprise les archives personnelles de Sabine sont découvertes, il y a là : photos, divers documents, listes, dessins etc.
En observant ces listes Samuel sur celle de janvier 1944 y voit figurer son nom et celui des autres enfants, une soixantaine mais tous ne sont pas juifs. Certains quitteront Izieu pour autre lieu, et ne seront donc pas raflés. Il se souvient d’Arnold Hirsch 17 ans, de Théo Goldberg 13 ans et de la petite Liliane Gerenstein 10 ans. Et puis Samuel réalise qu’il est le seul, parmi les restants à être parti d’Izieu avant la rafle.
Il prend alors l’engagement de perpétuer la mémoire des 44 enfants et adultes de cette maison raflés et puis de porter à la connaissance d’un plus grand nombre ce qu’il s’est passé à cet endroit.
Il devient secrétaire de l’Association de la Maison d’Izieu depuis 25 ans. Il se rend parfois à cette maison pour y accueillir les visiteurs, 20 000 par an dont des scolaires.
Et pour terminer par un bel évènement en 1990, il retrouve son compagnon de carriole : il s’appelle Marcel Grimbla, redevenu Himel qui vit à Toronto. De temps à autre ils s’appellent mais Marcel a occulté le peu de semaines passées à Izieu., et ne veut pas en parler, sa mère a été exécutée à Auschwitz.
Enfin Samuel a fait carrière dans l’industrie spatiale où il est devenu ingénieur. Il est aussi secrétaire « des anciens déportés de Bergen-Belsen ». En relation avec le mémorial de la Shoah, il visite les établissements scolaires à la demande. Et dans la conjoncture actuelle Samuel PINTEL nous met en garde face aux nombreuses dérives.

 

                                                     Samuel devant un auditoire d’élèves

Il voudrait retrouver la dame à qui sa mère l’a confié afin qu’elle obtienne le titre de « Juste parmi les nations »

Notes :
1°) d’origine Biélorusse, déporté et fusillé fin 1944 par les SS.
2°) étudiante d’origine polonaise. A pris la suite de son mari après son arrestation.


Un livre : l’enfant d’Izieu (Samuel PINTEL et Grégoire MABILE)..

Sources : divers sites internet

NDLR : 1°)  nous oublions un peu vite l’histoire, faisons en sorte que le sombre passé ne nous rattrape pas, l’actualité doit nous mettre en mode « veille ».
2°) deux articles sur ce même sujet ont été relatés ici même : le 17 avril 2023 (Laja Feldblum adulte rescapée) et le 24 avril suivant (Gabrielle Perrier l’institutrice d’Izieu).

 

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