LE PEPUBLICAIN LORRAIN
lundi 27 janvier 2025 France Monde
Le fait du jour
HISTOIRE
80 ans de la libération
d’Auschwitz : les survivants pour mémoire
Dossier réalisé par Nathalie Chifflet •
Auschwitz a été le plus grand camp de concentration du Troisième Reich allemand. Le Mémorial s’étend aujourd’hui sur près de 200 hectares, compte 150 bâtiments et environ 300 ruines, dont les vestiges des chambres à gaz et des crématoires. Photo
Sipa/ AP/Oded Balilty
Il y a 80 ans, les troupes soviétiques libéraient le camp d’extermination nazi d’Auschwitz- Birkenau, en Pologne. Le président de la République Emmanuel Macron et de nombreux dirigeants mondiaux s’y joignent, ce jour, aux derniers survivants pour honorer la mémoire des 1, 1 million de victimes assassinées là-bas.
L’été dernier, Léon Lewkowicz, 94 ans, rescapé du camp d’Auschwitz Birkenau, portait la flamme olympique dans les rues de Paris, sur les lieux mêmes de l’ancien Vélodrome d’Hiver, tristement célèbre pour avoir été un centre d’internement des Juifs raflés en juillet 1942.
Comme ses parents, Léon Lewkowicz aurait dû mourir en déportation. Parce qu’il était un enfant, petit, chétif, il a été conduit à la chambre à gaz. Mais ce jour-là, le 7 octobre 1944, les Sonderkommando, les juifs forcés de disposer des corps, se sont révoltés.« Je vis tous les jours avec la Shoah. Quand je vois une femme avec un enfant, je vois une femme qui fait la queue pour aller dans la chambre à gaz», confie-t-il dans le bouleversant documentaire Pourquoi? du journaliste et écrivain Jean-Marie Montali et du réalisateur Stéphane Krausz. Ce film, en salles le 29 janvier, donne la parole à une dizaine de survivants de !’Holocauste, leurs terribles récits de déportation rappelant l’ampleur sans équivalent de ce génocide : six millions de Juifs assassinés, parmi les 11 millions de victimes du régime nazi.
Ce 27 janvier, le 80e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz Birkenau est un moment d’une portée symbolique particulière, car les derniers témoins directs, comme Léon Lewkowicz, disparaissent peu à peu.« Qui, après eux, se souviendra des morts?», s’interroge Jean Marie Montali. Avec le temps, le souvenir s’efface, se dilue, menacé par l’oubli, l’ignorance et, pire encore, l’indifférence, insiste-t-il.
Auschwitz demeure le symbole le plus glaçant de la barbarie du projet d’extermination de l’Allemagne nazie. Dans ce complexe de camps, établi dans le sud de la Pologne occupée, 1,1 million de personnes ont été assassinées. Près d’un million de ces victimes étaient des Juifs, ciblés dans le cadre de la « solution finale », cette politique visant à éradiquer la population juive d’Europe. Des milliers de Polonais, de Roms et de prisonniers de guerre russes y ont également succombé, emportés par la monstrueuse machine de mort nazie.
Le 27 janvier 1945, lorsque les soldats de !’Armée rouge ont pénétré dans le camp d’Auschwitz, ils ont découvert un enfer. Seuls 7 000
prisonniers y étaient encore présents, des survivants épuisés par la faim, la maladie et les mauvais traitements. Des dizaines de milliers d’autres déportés avaient été contraints de quitter le camp quelques jours plus tôt, dans ce qu’on appelle désormais les « marches de la mort ». Ces conditions épouvantables, illustraient la fuite des nazis vers l’ouest face à l’avancée soviétique.
Aujourd’hui, Auschwitz reste le symbole universel de la Shoah et des horreurs qu’une idéologie de haine peut engendrer. L’histoire d’Auschwitz, c’est celle d’un génocide sans précédent, mais aussi celle d’une humanité capable du pire. Ce lundi, Emmanuel Macron s’y rend, après une cérémonie au Mémorial de la Shoah à Paris. Il est le sixième président français à se recueillir sur ce site emblématique de la Shoah, où 69 000 Français furent déportés.
Il n’y aura pas de discours politiques : la cérémonie internationale, organisée sous une tente à l’entrée d’Auschwitz II – Birkenau, met au premier plan les derniers témoins. Après une allocution d’accueil par un survivant, d’autres rescapés de la Shoah s’exprimeront, avant une prise de parole du président du Congrès juif mondial Ronald Lauer, et des remerciements aux rescapés par le directeur du musée d’Auschwitz, Piotr M.A Cywinski (lire par ailleurs). Après une prière œcuménique, les chefs d’État et dirigeants vont allumer une bougie devant le wagon placé devant la grande porte du camp.
Pour le Président de la République, insiste l’Elysée, Auschwitz est« un de ces endroits qui interrogent la conscience humaine». Pour Emmanuel Macron, le devoir de mémoire est primordial dans un monde où le révisionnisme et « l’odieux antisémitisme», selon les mots d’Emile Zola, rôdent toujours.
« Les nouvelles générations, grâce à un accès élargi aux témoignages et à l’éducation, semblent mieux comprendre l’ampleur de cette tragédie. Cependant, les voix des survivants s’éteignent inexorablement »
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