Madeleine RIFFAUD résistante disparue dernièrement
Elle est née le 23 août 1924 à Arvillers dans la Somme, elle est fille d’instituteur.
Elève sage-femme à Paris, elle entre dans la résistance comme agent de liaison au sein de ses collègues communistes Francs-Tireurs et Partisans « les FTP » de la faculté de médecine. Nous sommes en mars 1944, elle sera alias « Rainer ».
Son père s’était engagé lors de la 1ère guerre mondiale, a été blessé et a participé à une mutinerie, celle de 1917 (1) avec de nombreux soldats.
En juin 1944 le massacre d’Oradour sur Glane la révolte, d’autant que sa famille est originaire de cette contrée. Elle décide le 23 juillet de passer à l’action. Elle se procure une arme, un pistolet et s’en va, à vélo, sur le pont Solférino. Elle y repère un officier nazi et lui loge 2 balles dans la tête. Et s’enfuit à grands coups de pédales.
Sur le moment elle regrette un peu son geste, cet homme était peut-être quelqu’un de bien, mais après tout c’est la guerre, avec ses drames terribles et ses incertitudes.
Malgré ses précautions elle est rattrapée par le chef de la milice Versaillaise et arrêtée. Elle se retrouve au siège de la gestapo, rue des Saussaies à Paris (8 ème). Elle y restera 3 semaines, torturée, sans révéler quoique ce soit.
On la transfère à la préfecture de police, où un certain commissaire français, Fernand David, dit « les mains rouges » (2) (vous aurez compris l’allusion) , l’interroge aussi , sans résultat. Mais s’il en est ainsi : elle sera condamnée à mort.
5 août 1944 : un peloton d’exécution en face de plusieurs condamnés, Madeleine lève les yeux au ciel pour ses deniers instants.
La procédure est soudainement interrompue par un policier, le propriétaire de l’arme meurtrière et qui a reconnu Madeleine Riffaud. Elle quitte sa délicate position, emmenée par ledit policier à la prison de Fresnes.
Pendant 10 jours elle subira maints sévices et sera obligée d’assister à des actes de torture sur les femmes ou les hommes. Jusqu’où va la cruauté de certains, même si les conditions sont hors normes.
Elle sera déportée par le convoi des 5700/7700 le 15 août 1944, destination Buchenwald pour les hommes et Ravensbrück pour les femmes. Elle n’arrivera pas à destination, car lors du ralentissement du train, elle arrive à sauter.
De nouveau arrêtée, elle sera libérée le 19 août lors d’un échange de prisonniers grâce à l’intervention du Consul de Suède.
Elle rejoint illico la résistance « compagnie Saint-Just » commandée par le capitaine Fenestrelle. Peu de temps après elle devient aspirant-lieutenant et se voit confier le commandement d’un groupe de maquisards.
Objectif : libérer Paris le 23 août 1944, pour ses 20 ans. Elle prend donc avec elle seulement 3 hommes sur les 30 de son groupe. Mission, intercepter un train ennemi aux Buttes Chaumont, gare de Ménilmontant. Ils prennent position et lorsque le train arrive le groupe lui jette des explosifs divers, des fumigènes qui obligent le train à se mettre à l’abri d’un tunnel. Mais la quantité jetée fait que finalement les soldats allemands se rendent.
C’est ainsi que Madeleine Riffaud capture 80 hommes de la Wehrmacht et récupèrent avec ses hommes armes et munitions ennemies.
Ensuite elle participe aux combats, place de la République ce qui lui vaut d’être nommée au grade de Lieutenant, par l’Etat Major des FFI.
Démobilisée le 31 août 1944 à la caserne de Reuilly.
Elle reprend une activité civile mais des problèmes de mémoire la handicape, séquelles des nombreux sévices subis. A cela s’ajoute la perte de ses camarades de la compagnie Saint-Just en mai 1945, lors du passage du Rhin. Seuls 3 en réchapperont. Madeleine se soignera pendant de longues années pour atténuer son handicap, son stress.
Le 26 septembre 1945, elle épouse Pierre Daix (3 ) journaliste à Vitry sur Seine. Une fille Fabienne en juin 1946 agrandira la famille. Mais en 1947 ils se séparent, par suite d’un désaccord politique.
Elle aura un nouveau compagnon en la personne de Roger Pannequin (1920-2001), instituteur, résistant FTP.
Elle continue son travail de journaliste dans « Ce Soir » de 1945 à 1947. En 1947-48 elle couvre la grève des mineurs. Fait de nombreux reportages, sur la classe ouvrière qu’elle défend, sur le communisme, sur l’Algérie (1952-1954), échappe de peu à un attentat OAS.
Au Vietnam en 1951 elle fait la connaissance d’un poète N’Guyen Dinh Ti. Elle va vivre avec lui sur recommandation d’Hô Chi Minh (4.) Mais elle est rappelée en France fin 1955
Travaille pour le journal l’Humanité à partir du 29 août 1958, en couvrant la guerre d’Algérie, racontant ses horreurs, ses massacres ce qui lui vaut quelques inimitiés. Elle fera aussi en France des reportages sur le fonctionnement des hôpitaux, toujours en relatant les dysfonctionnements ou carences.
En février 1965 elle repart au Sud-Vietnam, reportage sur le bombardement US de la ville d’Haïphong (5) et ses conséquences.
Madeleine Riffaud ne racontera son rôle dans la résistance qu’en 1994, 50 ans après la libération, un symbole ?.
Distinctions : Chevalier de la légion d’Honneur en avril 2001.
Officier de l’ordre du Mérite National en 2008.
Croix de Guerre 39/45, palme de Bronze, 6 août 1945
Une école primaire à Ravenel dans l’Oise.
Une école maternelle aux Lilas (93)
Des livres : entre autres,
Les linges de la nuit 1998 (sur les hôpitaux)
Le cheval rouge 1973
La Bleuette 2004
Notes :
1°) ls soldats ont des conditions de vie inhumaines après 3 ans de conflit.
2°) fait partie des BS (brigades spéciales) traquent les communistes, les réfractaires STO, les évadés etc. arrestation de plus de 2 000 patriotes dont près de 500 seront livrés à la gestapo.
3°) ancien déporté de Mauthausen, 1922-2014. Fils d’institutrice, et d’un gendarme. Résistant il est arrêté le 28 novembre 1940 libéré en 1941. De nouveau arrêté en février 1941 et déporté. Journaliste de profession.
4°) 1890-1969. Ancien président du Viêtnam. Franco-Vietnamien.
5°) par l’armée française, le 23 novembre 1946 contre le Vietminh ,faisant possiblement entre 3 000 et 6 000 victimes. Conséquence : la guerre d’Indochine en décembre 1946 qui allait durer jusqu’en 1954.
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