Rafle du Gers, 26 août 1942

 

Cet ancien département « l’Armagnac » devenu le Gers, région de collines et vallons où il fait bon vivre sera plongé dans un climat malsain et dangereux.

En effet ce mercredi 26 juin 1942 à 5 h 30 un ordre a été donné à la préfecture du Gers. Ce dernier émane de René Bousquet, secrétaire général de la police de Vichy, et fait suite à une demande allemande1 de fournir 9 000 juifs.

Chiffre arrondi à 10 000 par le zélé serviteur de Vichy. Il faut les prélever sur les 40 départements de la zone libre du Sud. Gendarmes et policiers français se mettent donc en marche à cette heure matinale pour honorer cette terrible demande.

A Auch, préfecture, 92 personnes sont arrêtées dont une femme enceinte et un gamin de 4 ans. A Lectoure, au nord du Gers, une femme enceinte et une fillette seront épargnées.

Cette heure, 5 h 30 a été choisie, car tôt le matin, personne ne verra ce triste épisode, pas de témoin, pas d’entrave. Pourtant 23 s’enfuiront, car pour pallier le manque de camions, on réquisitionne sur place, ceux de la poste en particulier, ce qui alertera les 23 précités.

Au total 116 juifs seront pris dans le filet. A Mirande, Condom et autres villes gersoises. Ils seront acheminés au centre de La Hourre, un quartier d’Auch.

La milice ne participe pas à cette rafle, ne sont concernés que des fonctionnaires zélés. L’Amiral Darlan sera content, d’ailleurs il le fera savoir lors de sa visite à Auch ce 26 août en venant mettre en poste le nouveau préfet Pierre Caumont déjà sur place depuis le début du mois. Darlan fait état de sa fierté pour cette opération bien réussie.

 

 

                                               Darlan, et le nouveau préfet Pierre Caumont

 

De ce centre de La Hourre, les détenus seront acheminés vers le camp du Vernet en Ariège, puis vers Drancy et finalement vers Auschwitz pour la plupart.

Six seulement reviendront de cet enfer, car ils ont eu la chance, si l’on peut dire, de travailler en usine. Un septième est revenu mais bien avant car il s’était évadé pendant le transport

Un seul témoignage de cette rafle, une plaque sur le parking d’Etigny, posée en l’an 2000, soit 68 ans après l’événement.

Laurent Mauras, un archéologue du Gers, est parfois repris lors de ses conférences lorsqu’il évoque ce sujet : on lui rétorque que ce sont les Allemands qui sont les auteurs de cet acte…mais à cette date il n’y avait aucun allemand dans le Gers.

 La triste réalité est que ceci était prévu depuis 1941 où fut établi une liste des juifs présents dans le Gers depuis 1936. Ils étaient 145, Polonais, Russes et Allemands réfugiés en France depuis quelques années, avec parfois des enfants nés en France, non reconnus par Vichy. 145 malheureux recensés, puis assignés à résidence.

Et c’est bien la préfecture du Gers, sise à Auch qui a piloté cette opération, entièrement française. Ont collaboré des préfets et archevêques2. Ce seront finalement 152 gersois3 qui seront déportés.

 

 

Sources : sites internet dont « Maitron » et La dépêche du Midi

Notes :

     1°) conséquence de la conférence de Wannsee du 20 janvier 1942, où 15 hauts dignitaires allemands sous la coupe de Heydrich mettent au point ce que sera la solution finale : la SHOAH l’extermination de la race juive.

la villa à Berlin où eut lieu la conférence

    2°) sauf Mgr Saliège, archevêque de Toulouse qui, le 23 août, fera lire dans chaque diocèse un appel à sauver les Juifs.

                                                       

    3°) par miracle ou plutôt le bon vouloir de diverses instances 6 familles de Seissan et de Pavie ne seront pas inquiétées. Enfin des personnes responsables.  

 

 

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