Samedi 24 août 2024

Moselle/Eté

 Le Républicain Lorrain

Le cimetière US de Saint-Avold

conserve une part de mystère

Mélanie Courte

Le cimetière américain de Saint-Avold est le plus grand d’Europe. Photo Mélanie Courte

10 489 soldats reposent au cimetière américain de Saint-Avold. Le lieu, qui s’étend sur 46 hectares, est propriété du gouvernement américain. Bien moins connu que celui de Colleville-sur-Mer en Normandie, il est pourtant le plus grand cimetière américain de la Seconde Guerre mondiale en Europe.

Il s’agit du Plus grand cimetière américain de la Seconde Guerre mondiale en Europe et pourtant il est loin d’être le plus renommé, ni même le plus fréquenté. Le site, qui s’étend sur 46 hectares à l’entrée de Saint-Avold, conserve une certaine discrétion. « Seulement » 30 000 à 35 000 visiteurs franchissent chaque année ses lourdes grilles qui marquent l’entrée. Peu en comparaison aux deux millions qui se rendent chez son homologue de Normandie, qui surplombe Omaha Beach. Peu aussi face au cimetière américain de Luxembourg-Hamm où reposent 5 076 soldats américains et qui comptabilise plus de 130 000 visites par an.

•      10 487 tombes mais 10 489   soldats

Il suffit d’y mettre un pied pour comprendre l’immensité de ce qui s’est joué. Des nombreux sacrifices de jeunes hommes , qui ont donné leur vie pour notre liberté. 10 487 croix en marbre blanc sont alignées de manière symétrique. « En réalité, le cimetière compte 10 489 corps. Trois soldats reposent dans une seule et même tombe », précise Elise David, guide au Lorraine American Cemetery. « Ils étaient partis pour une mission de reconnaissance mais leur avion s’est crashé. » Leurs restes n’ont pas permis aux autorités d’identifier formellement les dépouilles.« Il avait alors été demandé à leurs familles de pouvoir les enterrer ensemble. »

De grandes batailles ont été menées sur le territoire. Les hommes enterrés à Saint-Avold sont majoritairement tombés dans les régions frontalières et lors de la conquête du Rhin. « Eisenhower ne voulait qu’aucun soldat américain ne soit enterré en Allemagne », rappelle Christophe Arseneault, le superintendant. Le cimetière provisoire érigé dès le 12 mars 1945 à Saint-Avold devient définitif quelques années plus tard. « Il a permis de regrouper en un seul lieu ceux qui étaient jusque-là enterrés dans quatre cimetières temporaires répartis sur la région ».

•      Amitié franco-américaine

Interdiction d’y manger, boire, courir, fumer… « Il   ne faut pas oublier que nous sommes dans un cimetière. Il est important de préserver la sérénité du site. Il s’agit d’un lieu de recueillement. Ces soldats continuent à servir leur pays aujourd’hui encore. Ils représentent l’amitié franco-américaine. Il est important de continuer ce devoir de mémoire et de transmission ». En ce mercredi matin, seul le bruit des tondeuses et des jardiniers vient perturber la quiétude des lieux. Car bien que trouvant son origine dans une tragédie, le site n’en reste pas moins majestueux. L’entretien est des plus précis. Le gazon ne peut excéder 3,5 cm de haut. Les haies présentent une coupe nette. « Il y a plusieurs types de visiteurs. Ceux qui viennent pour se recueillir, retrouver un proche. Et ceux qui viennent pour la beauté du site ».

•      Un lieu qui demeure méconnu

« C’est surprenant ». Croisés dans les allées, André et Chantal sont arrivés là un peu par hasard. « On vient d’Angers. On passe quelques jours dans la région et on en profite pour visiter… Hier, on était à Bitche pour découvrir la citadelle. Et en retournant à notre hôtel à Saint-Avold, on est tombé sur le cimetière. On ne savait pas du tout à quoi s’attendre ». Au final, une belle surprise. « Mon père était d’ici. J’ai grandi dans la région messine. J’ai été commercial pendant des années sur le secteur avant de partir dans les années 70. C’est fou, je n’avais jamais entendu parler de ce site. Quand on pense au cimetière américain, on imagine Colleville, pas Saint-Avold ! »

En juin, la Normandie recevait le Roi Charles III pour les 80 ans du Débarquement. Reste désormais à Saint-Avold d’inviter à son tour… le futur président des États-Unis ? Le défi est lancé !

 

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