Le Républicain Lorrain

Moselle

Déporté le 6 octobre 1944 à Cirey-sur-Vezouze et fusillé à Dachau un an plus tard, Albert Toussaint a été gratifié à titre posthume d’un Stolpersteine, cette pierre commémorative dédiée aux déportés de la Seconde Guerre mondiale. Sa sœur garde beaucoup de souvenirs de lui.

Jean Martini

Dans les souvenirs récupérés de son frère résistant, Madeline Fusse a notamment son certificat d’appartenance aux FFI. Photo Jean Martini

Né dans une famille de douze enfants, Albert Toussaint est le seul à s’être engagé dans la résistance. Lors d’un regroupement en forêt des Forces françaises de l’intérieur, groupe de résistants dont il faisait partie, que des collabos français, infiltrés dans leurs rangs, les ont dénoncés. Âgé dix-huit ans, Albert a pris la fuite jusqu’à la maison familiale à Cirey-sur-Vezouze. Les résistants originaires de Sarrebourg ont dû déménager plusieurs fois pendant la guerre. Malgré son changement de prénom : d’Albert à Antoine, il a été retrouvé par les Allemands, jusqu’à sa chambre dans le grenier.

« Il avait une cible rouge dans le dos »

Madeleine Fusse, sa sœur, était âgée d’une dizaine d’années à ce moment de l’Histoire. Elle se souvient très bien de cette courte période. « Les deux premiers jours, j’allais lui ramener de quoi manger, on a même pu échanger quelques mots. Le troisième, il n’était plus là », explique-t-elle. Ce troisième jour, son frère était déjà parti pour Schirmeck, une escale avant d’être déporté au camp de concentration de Dachau. Il y est resté près d’une année. Ce n’est que lorsque les Allemands se retrouvent dos au mur, qu’ils ont perdu la guerre, qu’ils l’exécutent. « Il parlait le patois lorrain, les Allemands savaient qu’il comprenait ce qu’ils disaient, raconte-t-elle. Il avait une cible rouge dans le dos, ils lui ont tiré dessus pendant qu’il marchait. » Trois heures plus tard, les Américains débarquaient et libéreraient la France.

Un grand frère modèle

Aujourd’hui, la mémoire d’Albert « Antoine » Toussaint a été restauréeUn Stolpersteine, cette plaque commémorative scellée au sol et créée par l’artiste allemand Gunter Demnig, a été installé devant l’école de Cirey-sur-Vezouze. « Les enfants et les parents qui y passent pourront apprendre son histoire », exprime Madeline Fusse, soulagée que l’histoire de son frère persiste dans le temps. Son père a également été décoré trois fois à titre posthume pour le « sacrifice » de son fils. Médailles conservées au sein de la famille Toussaint de génération en génération.

La sœur, elle, a aussi conservé quelques souvenirs. Un portefeuille, celui de son frère mort pour la patrie, ramené par la Croix-Rouge ; son certificat d’enrôlement dans les FFI ainsi que des bribes de vies de son aîné. « Le tabac du coin donnait souvent des cigarettes et des friandises à Albert. Un jour, il m’a ramené un caramel, je n’en avais jamais goûté », se souvient la sœur, émue.

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