Nicole Girard-Mangin, née le 11 octobre 1878 à Paris , est l’unique femme médecin au sein de l’armée française à avoir exercé durant la Première Guerre mondiale.

Jeune femme médecin ayant acquis quelque notoriété avant le conflit, elle est mobilisée à la suite d’une erreur administrative, le 2 août 1914. Elle occulte sa condition féminine et répond à l’appel. Après des affectations « tranquilles ! » pratiquement sans solde, elle sert sur le front de l’Ouest à Verdun

En 1916, elle prend la direction de l’hôpital Edith-Cavell.

Ses parents sont originaires du village de Very (Meuse) : son père, qui a d’abord été instituteur à Suippes, s’est ensuite établi près de Paris, à Charenton-le-Pont, pour y devenir négociant en vin de champagne.

Nicole étudie dans les écoles de Charenton, puis à Paris, au lycée Fénelon, où elle obtient le certificat d’études primaires supérieures.

Elle veut se tourner vers des études de médecine et obtient le certificat d’études physiques, chimiques et biologiques (PCN) en 1896, à l’âge de 18 ans où elle entame des études de médecine à la faculté de Paris.

En 1899, elle est admise à l’externat des Hôpitaux de Paris.

 La même année, elle se marie avec André Girard et abandonne ses études. Ils ont ensemble un fils, Étienne. Elle s’installe dans leur propriété de la région de Saumur et elle travaille, à ses côtés, à l’exploitation et à la vente des vins mousseux et de champagne. Mais les infidélités de celui-ci mettent fin à leur union en 1903.

Elle reprend ses études de médecine et soutient en 1906 sa thèse intitulée « Les poisons cancéreux », qui sera publiée en 1909. Professeur libre à la Sorbonne, elle gagne en notoriété grâce à ses travaux sur la prophylaxie antituberculeuse et devient rapidement une référence en matière de tuberculose et de maladies pulmonaires.

Lorsque le conflit franco-allemand éclate en 1914, elle se porte volontaire pour soigner les blessés, alors qu’elle figurait sur les registres comme médecin de l’Assistance publique et membre du Comité de secours aux blessés militaires.

Mobilisée par erreur, l’administration pensant qu’elle avait à faire à un homme. Extrêmement mal accueillie à l’hôpital de Bourbonne-les-Bains, dans les Vosges, sa situation est rapidement régularisée devant l’évidence : l’armée française manque cruellement de personnel médical. Très vite affectée à l’hôpital Glorieux, dans le secteur « calme ! » de Verdun, elle y soigne les malades du typhus et les patients non-transportables.

Alors que les blessés affluent, que l’intensité de feu provoque des dégâts corporels d’un genre nouveau, que les bombardements ne s’interrompent plus, on ordonne au médecin-auxiliaire Girard-Mangin d’évacuer le secteur. Elle réquisitionne alors un véhicule militaire et y place les derniers malades. Sur le chemin qui l’éloigne du front, un obus tombe près de la voiture et un éclat traverse la vitre pour venir se loger sous son oreille droite.

Affectée à l’hôpital de Vadelaincourt (Meuse), elle y pratique la chirurgie sous la tente. Près de 875 blessés en moyenne arrivent chaque jour du front. Intrépide, opérant les blessés derrière les lignes, elle sillonne également le champ de bataille en camionnette avec un brancardier et un infirmier afin de prodiguer les premiers soins.

En décembre 1916, malgré ses nombreux heurts avec l’administration militaire, elle est nommée médecin-major. Elle est alors affectée à Paris, où elle se voit confier la direction de l’hôpital Edith-Cavell,  où elle forme des infirmières auxiliaires destinées à être envoyées au front, visite et opère des malades, et préside le conseil de direction. Elle travaille dans cet hôpital après la fin du conflit, s’occupant de patients atteints de la grippe espagnole. À la fin de la guerre, elle est rendue à la vie civile, sans honneurs, ni décoration.

Parce qu’elle est athée, ses funérailles et sa crémation se déroulent au cimetière du Père-Lachaise avant l’inhumation dans le caveau familial à Saint-Maur-des-Fossés.

Elle restera à jamais dans l’histoire comme une figure courageuse et déterminée qui a brisé les barrières de genre pour servir son pays et la médecine.

Les poilus lui décernent une plaque commémorative en remerciement des services prodigués aux blessés lorsqu’elle était au front. La Poste lui consacre un timbre en mars 2015.

Plusieurs communes ont donné son nom à une voie de leur réseau :

Il existe ainsi une allée Nicole-Girard-Mangin à Nantes, à Orly, et à Toulouse depuis 2018, ainsi qu’une rue du Docteur-Nicole-Mangin à Lagny-sur-Marne.

La ville de Paris donne également son nom à une voie en septembre 2018, à l’occasion du centenaire de la fin de la Première Guerre mondiale, l’allée Nicole-Girard-Mangin est située sur le terre-plein central du boulevard de Ménilmontant (11e et 20e), face au cimetière du Père-Lachaise et au monument aux Parisiens morts pendant la Première Guerre, inauguré le 11 novembre 2018.

En 2019, deux écoles de la fonction publique choisissent le nom de Nicole Girard-Mangin comme nom de promotion : la promotion 2018-2019 de l’Institut régional d’administration de Metz et la 58e promotion des élèves fonctionnaires directrices et directeurs d’hôpital de l’École des hautes études en santé publique (EHESP). De même, le 10 octobre 2019, la 2e promotion des attachés d’administration de l’État du ministère des Armées prend son nom.

 

Sources : un précédent dossier et internet.

                                                                                              Serge Clay

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