Au regard du long plaidoyer administratif en réponse à la question écrite de la Députée Louise Morel, arrêtons nous quelques instants sur le douloureux destin de ces « malgré nous » et particulièrement sur ceux qui ont eu la malchance d’être versés dans le SS, ceux que l’on a dit volontaires et qui se sont trouvés acteurs bien malgré eux lors de la tuerie de Tulle et du massacre d’Oradour sur Glane.

Le quotidien l’Alsace rappelle régulièrement cette double peine qui entache la mémoire des enrôlés de force dans l’armée allemande et de celle de leur famille.

Il faudra le dire et le redire, ils n’étaient pas volontaires !!!

Le chef nazi responsable est mort impuni le 15 janvier 1
https://www.lalsace.fr/actualite/2014/02/16/quand-la-classe-1926-etait-versee-dans-les-ss

  https://www.lemonde.fr/archives/article/1971/01/15/la-mort-de-l-ancien-general-ss-lammerding-est-brievement-signalee-dans-la-presse_2459563_1819218.html

MALGRE-NOUSQuand la classe 1926 était versée dans les SS

Le 11 février 1944, des centaines de jeunes Alsaciens sont incorporés de force dans la Waffen SS. Un grand nombre d’entre eux ne reviendront jamais.
Raymond Couraud – 16 févr. 2014 à 05:03 – Temps de lecture : 3 min
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L’incorporation de force vue par un caricaturiste anonyme,  qui a diffusé à une date inconnue un livret sur les exactions commises par les nazis en Alsace occupée. DR
L’incorporation de force vue par un caricaturiste anonyme, qui a diffusé à une date inconnue un livret sur les exactions commises par les nazis en Alsace occupée. DR
« Un choc » : c’est le mot qui revient le plus souvent chez les Alsaciens de la classe 1926, qui apprirent en février 1944 qu’ils étaient incorporés dans les divisions SS. S’ils connaissaient le risque de devoir porter, malgré eux, l’uniforme allemand, ils ne pouvaient songer à revêtir celui des unités, déjà tristement célèbres, de la Waffen SS.

Sans aucun espoir d’échapper à leur sort, les jeunes gens sont regroupés dans certains points d’Alsace avant d’être acheminés vers les centres d’entraînement situés à l’Est de l’Europe. C’est le cas de quelques centaines de Haut-Rhinois qui se retrouvent un beau matin devant la gare de Mulhouse. Après un appel rapide, ils sont invités à rejoindre l’immense salle du premier étage, où on leur explique de manière musclée ce qui les attend. La suite est inévitable : on les pousse dans des trains en direction de l’Allemagne.

La discipline pour éviter les désertions

Le voyage n’a rien de paisible. En dépit des menaces les jeunes incorporés de force hurlent leur colère, chantent La Marseillaise ou se livrent à quelques déprédations, ce qui leur vaut des menaces de la part des Allemands qui les encadrent. Au fur et à mesure du voyage qui leur fait traverser l’Allemagne, les Malgré-Nous commencent à mieux comprendre pourquoi on les a jetés dans cet enfer. Ils traversent un pays en ruines, des gares dévastées. Le Reich, qui devait être millénaire, est à l’agonie.

Leur mauvais sort est lié au zèle du Gauleiter Wagner, le maître de l’Alsace annexée. Dans son livre consacré aux Malgré-Nous (*), l’historien mulhousien Eugène Riedweg explique l’accord signé avec Himmler qui prévoit de fournir 2 000 jeunes de la classe 1926 pour combler les vides que le front de l’Est a creusés dans les rangs des divisions SS. Ces unités présentent un autre avantage aux yeux des Allemands : la discipline y est beaucoup plus stricte que dans d’autres armes, ce qui évitera un peu plus les désertions et autres actes de protestation.

Les jeunes Alsaciens, après avoir suivi un entraînement poussé sont ensuite versés dans leurs divisions. C’est le cas de tous ceux qui iront compléter les rangs de la division Das Reich. Cruelle désillusion d’ailleurs pour ceux qui ne sont encore que des adolescents. Plutôt heureux d’échapper aux combats contre les Russes et encore plus satisfaits de se retrouver en France, ils vont vite déchanter…

Leur unité, en pleine recomposition après avoir manqué d’être totalement détruite à l’été 1943, est installée dans le Sud-Ouest de la France. L’amalgame entre les survivants des combats de l’Est et les jeunes recrues se fait à la dure. La division Das Reich a des méthodes déjà utilisées en Tchécoslovaquie, lors du massacre de Lidice, ou en Russie. Les anciens sont prêts à recommencer.

Face aux Alsaciens de la 2e Division blindée

La suite, on la connaît. En juin 1944, la division SS remonte vers la Normandie. Elle commet la tuerie de Tulle où 99 personnes sont pendues. C’est ensuite la tragédie d’Oradour-sur-Glane. À cause de ce massacre, bien des Français restent persuadés, aujourd’hui encore, que les Alsaciens impliqués étaient tous volontaires, croyant à tort que le volontariat était le seul critère pour être versé dans les SS. Le procès de Bordeaux ne fera que confirmer la méconnaissance de ce chapitre particulièrement odieux du drame alsacien.

Les Malgré-Nous de la division Das Reich seront nombreux à tomber en Normandie lors de la bataille de Falaise. Certains mour-ront vraisemblablement sans savoir qu’ils ont peut-être été tués par les soldats de la 2e DB de Leclerc, unité qui comprenait aussi des… Alsaciens.

Les derniers survivants de cet épisode terrible que fut l’incorporation de force des jeunes de la classe 1926 dans les SS, voici 70 ans, tentent encore de faire entendre leur témoignage avant de s’effacer et de ne plus être que quelques lignes dans les livres.

(*) Les Malgré-Nous, Histoire de l’incorporation de force des Alsaciens-Mosellans dans l’armée allemande , par Eugène Riedweg, éd. du Rhin (1995), 200 pages, 45 €.

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La mort de l’ancien général SS Lammerding est brièvement signalée dans la presse

Le Monde

Publié le 15 janvier 1971 à 00h00, modifié le 15 janvier 1971 à 00h00

Temps de Lecture 3 min.

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L’ancien général SS Heinz Bernhard Lammerding, responsable des massacres de Tulle et d’Oradour durant la dernière guerre, est mort mercredi à l’hôpital de Bad-Tölz, petite ville située en Bavière non loin de la frontière autrichienne. Le directeur de l’établissement a confirmé, en début d’après-midi, le décès de l’ancien commandant en chef de la division Das Reich. Nous l’avions annoncé dans nos dernières éditions de mercredi.

Selon ses proches, Heinz Lammerding, qui était âgé de soixante-quatre ans et qui était souffrant depuis plusieurs mois, aurait succombé à un cancer généralisé. Il y a un an, pour raison de santé, il avait cédé à son fils la direction de l’entreprise de matériel de construction qu’il avait créée à Dusseldorf. Il s’était retiré il y a quelques semaines dans le village de Greiling, près de Bad-Tölz, où il se faisait construire une villa.

La nouvelle de la mort de l’ancien généra] SS a été accueillie dans la région de Tulle et d’Oradour avec incrédulité. Le maire d’Oradour-sur-Glane a, pour sa part, déclaré : ” On ne peut poursuivre quelqu’un après sa mort, mais il est bien difficile d’oublier. Je pense que les familles des victimes du 10 juin 1944 estimeront toujours que justice n’a pas été faite. “

En République fédérale, la presse a fait preuve d’une remarquable discrétion, n’accordant à la nouvelle que quelques lignes. Le rôle de Lammerding à la tête de la division Das Reich n’est pas mentionné dans les journaux. Il est vrai que la presse ouest-allemande avait réservé un accueil mitigé à l’annonce, ces jours derniers, de la signature prochaine entre Paris et Bonn d’une convention qui permettra de traduire devant des tribunaux de la République fédérale des criminels de guerre déjà condamnés par contumace par des tribunaux français. ” Il s’agit là d’un pas en arrière dans les relations entre les deux peuples, écrivait récemment à ce sujet la Frankfurter Allgemeine Zeitung. Nous le regrettons. (…) Ce qui s’est passé il y a un quart de siècle va être examiné de nouveau. Nous y sommes opposés, non parce que nous serions contre la justice, mais parce que nous voudrions enfin voir mourir un passé chargé d’émotion. “

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