Républicain Lorrain mercredi 11 octobre 2023
Région GRAND EST
Sites funéraires : la Mémoire entre pour la première fois à l’Unesco
Serge Barcellini : « C’est le plus beau dossier, le plus universel et avec le plus grand nombre de sites. » Photo Alexandre Marchi
Le 20 septembre, 139 sites funéraires de 14-18 en France et en Belgique, dont 27 en Lorraine et Franche-Comté, ont été inscrits au patrimoine mondial. Une première qui ouvre la porte à d’autres dossiers. Tour d’horizon avec Serge Barcellini, président général du Souvenir français.
« Grâce à nous et à ce travail énorme de l’association, on ouvre à l’Unesco la porte de la mémoire. Ça n’était jamais arrivé avant ! » Serge Barcellini est le président général du Souvenir français. Il a suivi et a été une cheville ouvrière de ce dossier avec l’association Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre.
Le 20 septembre à Riyad (Arabie saoudite), l’Unesco a donc inscrit 139 sites funéraires et mémoriels français et belges de la Première Guerre mondiale au patrimoine mondial, dont 27 en Lorraine et Franche-Comté.
Ce jour là 3 dossiers sont passés « pour la première fois dans l’Unesco : les prisons du génocide rwandais, les prisons d’Argentine » et celui des sites funéraires de la Grande Guerre.
« Tous les pays africains et d’Amérique du Sud ont soutenu notre dossier. Et 21 membres du conseil d’administration de l’Unesco nous ont apporté leur soutien inconditionnel.
Une fierté pour Serge Barcellini : « c’est le plus large dossier international classé à l’Unesco avec 130 nations et le plus connu dans le monde entier. C’est aussi le plus beau dossier, le plus universel et avec le plus grand nombre de sites : 139. »
Les plages du Débarquement
Serge Barcellini rappelle la genèse : « En 2009, j’étais chef de la Mission Mémoire au conseil général de la Meuse. J’ai fait voter un plan d’ensemble de passage entre Histoire et Mémoire », confie-t-il. Par ce biais est aussi voté « le classement à l’Unesco du champs de bataille de la Meuse et plus particulièrement de Verdun. »
En même temps, une professeure de l’Université de Lille 1, Marie-Madeleine Damien, fait la même chose, mais elle s’est rapprochée de la Belgique. Serge Barcellini la rencontre et la dimension change : le dossier devient franco-belge en 20098 et « on crée l’association Paysages et Sites de mémoire de la Grande Guerre. On part du principe de s’appuyer sur les départements. » Il y en a 14 pour le front.
Le binôme indissociable bute sur deux choses : « Qui va déposer le dossier ? On fait le choix de la Belgique car la France en dépose beaucoup. » La Belgique est finalement mieux vue à l’Unesco.
Second problème, l’Unesco considère le dossier comme extérieur à l’institution. Les champs de bataille ne la concernent pas. Entre 2011 et 2017 « nous avons fait comprendre que c’était des dossier mémoriels tout en étant historiques. »
Les survivants du conflit n’existant plus, le dossier est finalement déposé en 2017 avec le succès qu’on connaît.
Un dossier qui peut ouvrir la porte à d’autres dossiers du même type : les champs de bataille de 14-18 en Italie, en Roumanie ou encore en Turquie. Sans oublier, pour la Seconde Guerre mondiale : les plages du Débarquement…
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