dimanche 27 août 2023 Républicain Lorrain

Freyming-Merlebach et environs

FARÉBERSVILLER

Des œillets blancs pour se souvenir du destin des Malgré-Nous

Jonathan Breuer

Leçon d’histoire grandeur nature, avec le maire de Farébersviller Laurent Kleinhentz, pour ces membres du conseil municipal des Jeunes. Photo Jonathan Breuer

Emouvante cérémonie, devant le monument aux morts de Farébersviller. Zahra, Mellina et Elif ont déposé des œillets blancs pour rappeler le destin des Malgré-Nous, ces Mosellans enrôlés de force dans l’armée allemande pendant la Seconde Guerre mondiale.

« II y a 81 ans, le super préfet, le gouverneur de la Moselle allemande, a décidé d’incorporer de force tous les jeunes Mosellans à l’armée allemande », rappelle, dans des mots simples, le maire de Farébersviller Laurent Kleinhentz aux quelques enfants qui l’accompagnent devant le monument aux morts de la ville. Leçon d’histoire grandeur nature. Zahra, Mellina, Elif, trois membres du conseil municipal des jeunes, ont appris le destin tragique des Malgré-Nous , des jeunes qui ont porté un uniforme qui n’était pas le leur, des jeunes qui ont combattu, ce qui est encore pire, les leurs, des membres de leurs propres familles.

•     Lettres d’adieu

 Ce vendredi 25 août, devant le monument aux morts, le moment était encore plus émouvant quand les trois jeunes filles ont déposé des glaïeuls bleus, blancs et rouges, les trois couleurs de la France, et des œillets blancs, symboles de la République majestueuse. Elles ont lu les lettres d’adieu de Joseph Dincher, qui a osé refuser de combattre pour le Reich d’Hitler, fusillé le 27 octobre 1944. « Pour avoir déserté, il a trouvé le peloton d’exécution, rappelle Laurent Kleinhentz. Son père non plus ne va pas revenir du camp de Dachau, sa mère sera victime d’expériences médicales. » Si Joseph Dincher est originaire de Fouligny, sa sœur habite toujours à Farébersviller.

•     << Force de caractère incroyable >>

Au dernier moment de sa vie, il a pris la plume, pour dire adieu à ses parents, ses frères et sœurs. « Je meurs bien préparé, j’ai beaucoup prié ces derniers temps, écrit-il, je suis heureux et calme. Ah si cette horrible guerre n’était pas survenue ! Comme elle a porté préjudice à notre famille ! Je meurs […] résigné. » En sélectionnant ces passages, Laurent Kleinhentz a voulu rendre hommage à ce destin fauché par les armes, comme tant d’autres. « II a eu une force de caractère incroyable. Sans trembler, il a écrit. Quinze minutes plus tard, ii mourrait. »

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