Marie Antoinette enfin récompensée le jour de ses cent ans grâce à notre ami NEO

 

A l’occasion de la Journée du souvenir de la Déportation, Marie-Antoinette Richard, a été décorée de la médaille de la Ville de Bandol. 
 

A l’issue de la cérémonie, devant le monument aux morts, Marie-Antoinette a reçu la décoration des mains de Marlène Nadjarian, adjointe au maire. Marie-Antoinette était entourée par Angélique, sa fidèle infirmière, Néo Verriest, qui a initié la démarche, ainsi que Claude Agostini, membre de la FNDIRP. Un grand moment d’émotion. Néo nous invite à revenir sur le parcours d’une jeune Mosellane, « Malgré-elle » entrée en Résistance.

« Mariette » voit le jour en 1923 à Strasbourg. Fille d’un poilu de la « Grande Guerre », elle grandit dans une famille profondément patriote. Marie-Antoinette n’a que 17 ans lorsque la défaite frappe la France. Depuis Lutzelbourg, en Moselle, elle traverse la germanisation de son collège de Phalsbourg, jusqu’à la réquisition, en novembre 1941. Mariette devient une « Malgré-elle », de même, l’un de ses frères est requis dans la Wehrmacht, devenant « Malgré-nous ».

 « Un recensement a lieu auprès des jeunes filles comme auprès des jeunes hommes et, dès l’année suivant l’arrivée de l’occupant, des grands départs sont organisés pour que les Alsaciens et Alsaciennes participent à l’effort de guerre allemand. En 1941, nous sommes regroupées à la salle des fêtes de Strasbourg, il faut se déshabiller, nous sommes triées : « bon pour le service » ! L’annonce arrive : « à telle heure, tel jour, il faut être à la gare de Strasbourg ».

« Nous voyageons en train toute une nuit, plus une demi-journée, jusqu’à notre arrivée à Wurzen, près de Leipzig, en Saxe. Le camp de travail de Wurzen consiste en une maison en dur, où nous logeons à six par chambre. Le matin, nous sommes réveillées vers sept heures, réveil en « training ». Nous devons courir, nous mettre devant le drapeau allemand et chanter les hymnes nazis ».

Marie-Antoinette entre en Résistance.

« En cette période d’exil forcé en Allemagne, j’ai eu parfois peur, très peur, parce que la jeune femme de conviction que je suis a souvent accompli des actions « illégales », au cœur de l’Allemagne hitlérienne. Parler avec des prisonniers français, chargés d’enlever la neige sur les voies, strictement défendu pour nous ! »  

Envoyée à Benewitz pour travailler chez un charpentier, Mariette surprend ce dernier écoutant la BBC, passible de la peine de mort dans l’Allemagne nazie. Ce chef de famille, communiste, s’informe de l’avancée de l’Armée rouge. Il n’a pas les mêmes convictions que Mariette, gaulliste fervente et catholique pratiquante. Pourtant, la Résistance les unit derrière un idéal commun, l’espoir de la Liberté retrouvée.

« Je note les informations diffusées à la radio londonienne, écris des petits billets, envoie ces billets dans des boules-de-neige vers les prisonniers français, avec des bonbons reçus dans mes colis. Donner du courage à ces prisonniers français, au risque de sa vie, c’est une « Résistance » !

Je reçois un jour une petite bouteille de « schnaps », j’envoie un message aux prisonniers en leur demandant que faire, puisque la bouteille ne rentrera jamais dans une boule-de-neige ! Un soldat met son manteau par-dessus son épaule, j’arrive avec ma petite bouteille de schnaps dans la poche. Nous nous approchons doucement, il fait un petit signe à la « petite Française » telle qu’ils m’appellent, je lui mets furtivement ma bouteille dans la main et je poursuis mon chemin ! »

En plein hiver 1942, Mariette échappe à l’arrestation, de peu.

« Maman m’envoie un passe-montagne, un passe-montagne jaune, que je porte constamment sur moi. Comme par « hasard », je ne le mets pas un jour, jour où arrive au domicile des personnes pour lesquelles je travaille un SS, à la recherche d’une jeune fille portant « un fichu jaune ». Il ne trouvera pas cette jeune fille, qui échappa ce jour aux camps de la mort. « Cette jeune fille, c’était moi ! ».

Mariette et son frère survivent, la vie reprend son cours à la Libération. Ses parents accueillent des soldats américains qui s’intègrent à la famille. Devenue institutrice, Mariette part au Maroc, puis à Ollioules, dans le Var, enseignant au collège Les Eucalyptus de 1970 à 1983. Pour ses actions de résistance, Mariette est décorée de nombreuses décorations.

« Je tâche, auprès des plus jeunes, de transmettre la mémoire, celle de ces jeunes filles, « Malgré-elles », soumises à l’horreur de la guerre. Celle de la « Résistance » dont j’avais fait preuve au péril de ma vie. J’ai ainsi écrit et publié J’ai dit non, récit de ces années sombres, pour que jamais les plus jeunes n’oublient ».

Marie-Antoinette continue inlassablement à transmettre la mémoire aux plus jeunes. Le 29 janvier 2022, à la demande de Néo, elle est intervenue au lycée Dumont d’Urville, à Toulon, auprès des élèves de terminale. 

              

Cliquez sur une image pour lancer le diaporama

Aller au contenu principal