1944, l’occupation : elles sont 4 nordistes à ne pas avoir oublié.

 

Frédérique Hébrard1, qui a dormi avec La Joconde.

Lili Leignel 90 ans, partie à 11 ans vers Ravensbrück puis Bergen-Belsen (article du 19 octobre 2022), racontant toujours son vécu dans les milieux scolaires ou pour des commémorations.

Geneviève Delerue, fille d’un industriel local.

Et Marie-Claire,

Elle est la grand-mère de Germain et Robin AGUESSE qui ont réalisé un documentaire : « 39/45 elles n’ont rien oublié » sur ces 4 figures locales, sans doute les mousquetaires de l’époque.

                                                 Geneviève DELERiVE  entourée de ses 2 réalisateurs

Geneviève Delerive, née en 1929 a vu son frère de 6 ans tué par les allemands, son père déporté, faits enfouis dans ses souvenir, sachant qu’à cette période on ne parlait de rien, un monde du silence en quelque sorte.

Sa famille : comprend 9 enfants, réside rue Jean-Jaurès à Armentières. Le père Robert POUILLE s’occupe beaucoup des enfants les plus âgés tandis que la mère est occupée par les plus petits.

Cette même famille héberge des aviateurs alliés, d’ailleurs l’un d’eux blessé sera opéré par le Dr Potier, un ami de la famille. On demande à la femme de ménage, dont le fils est prisonnier, d’héberger des clandestins ce qu’elle accepte volontiers. On ravitaille aussi un couple de juifs et leurs 2 enfants cachés dans une maison voisine et ce jusqu’en septembre 1942. Puis, plus tard, on accueillera aussi madame Petithory, cadre de La Voix du Nord2, dont le mari a été arrêté en 1943.

Les « Pouille » impliquent leurs enfants dans leurs actions, notamment Marie-Paule (née en 1927), Geneviève donc et Jean (né en 1930). Ce dernier s’occupe spécialement du ravitaillement. En bref les enfants sont des agents de liaison. Ils connaissent les adresses des résistants d’Armentières. Ils les préviennent de l’arrestation de leur père ce 13 décembre 1943. Ce père qui s’occupait de réparer le matériel agricole et qui demandait à ses clients agriculteurs de le régler en nature, (légumes, volailles, et autres denrées) pour nourrir sa famille, les pilotes recueillis et autres clandestins.

Quant à la fille Geneviève, elle fréquente une école privée où Pétain, du moins sa photo et ses idées sont présentes mais peu importe, Geneviève même à 14 ans sait ce qu’elle veut et à son idée sur son devenir.

Son père venant d’être arrêté, sa mère l’envoie prévenir un électricien Mr Leroy de ce déplorable fait. Elle croise Mr Petit  qui repart chez  lui à vélo, elle fait demi-tour et lui dit de ne pas rentrer à cause du danger présent. Il ne le fera pas …sauf après la guerre bien-sûr. Elle a sauvé ce résistant, car s’en était un, et par la suite  il l’appela  « mon petit sauveur » ce qui eut l’heur de plaire à Geneviève.

Une autre fois le pharmacien Mr Vankemmel lui confie une mission : livrer des boites de médicaments, ce qu’elle fit à vélo. Mais sous les boites un révolver était caché et pour éviter tout contrôle allemand elle fit un large détour.

Distribua aussi discrètement le journal clandestin « la Voix du Nord ».

 

 

Elle a aussi réceptionné un opérateur radio venant de Londres, l’a accompagné chez elle pour qu’il puisse émettre mais le toit étant en zinc les ondes étaient bloquées. Donc on visite 2 autres maisons mais le problème est identique. Une 4 ème maison aurait pu convenir mais son propriétaire refusa, car trop près de « Soldatrenheim »3. Enfin le dernier  choix sera leur charcutier, à qui sa mère apportait la clandestine « Voix du Nord », fut le bon. Elle assista à l’échange radio et revint chez elle avec le « radio ».

Il  fallait financer toutes ces opérations  pour aider les conjointes de prisonniers, les aviateurs cachés, les réfractaires STO. Londres parachutait de quoi alimenter ce financement mais l’un d’eux fut intercepté par l’occupant.

Qu’à cela ne tienne sa mère  sollicitât les industriels locaux qui, sauf un, répondirent à sa demande et Geneviève se fit un devoir de collecter ces dons.

Sans oublier les visites à tous les clandestins juifs, aviateurs etc  répartis à Frelinghien (N/O de Lille).

Voilà décrit le passé de Geneviève pendant cette triste période.

Geneviève Delerue est décédée le 2 mai 2024, à 94 ans.

Le musée de la résistance de Bondues, à 8 km de Lille, consacre une partie de son exposition à ce sujet.

Le documentaire dont il est question ici sera projeté dans une trentaine de villes.

 

Notes :

1°)  95 ans, fille du conservateur du Louvre André Chamson (résistant dans le maquis du Lot), a gardé avec elle la Joconde pour la soustraire à l’occupant, pour être mise en sécurité au château de Chambord en 1940. Ce dernier 2 février, son mari Louis Velle est décédé.

2°) journal clandestin dont le 1er numéro paru en avril 1941. Sa parution normale eut lieu le 5 septembre 1944, Lille libéré.

3°) c’est le foyer du soldat.

 

Sources : divers sites internet et audio..

 

 

 

 

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