Hubert Germain, dernier compagnon de la Libération , est mort, a annoncé Florence Parly, ministre des Armées, mardi 12 octobre. Il avait 101 ans. À l’occasion d’une audition devant la commission de la Défense au Sénat, la ministre a estimé que la mort d’Hubert Germain est « un moment important de notre histoire ». Quelque 1 038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. Hubert Germain était le dernier de ses représentants et, à ce titre, il sera normalement inhumé au Mont-Valérien. Dans un communiqué relayé sur Twitter, l’Ordre de la Libération a notamment exprimé sa « grande tristesse » à l’annonce de la mort d’Hubert Germain.
Le 18 juin dernier, le centenaire, coiffé de son béret vert, était aux côtés d’Emmanuel Macron pour le 81e anniversaire de l’appel du général de Gaulle, au mémorial du Mont-Valérie. Son épiphanie remonte à l’été 1940, la France est en pleine débâcle. Il est alors à Bordeaux, où il passe le concours d’entrée de l’école navale. Ce colosse de 1,90 m, fils d’un général des troupes coloniales, n’a pas encore 20 ans.
Les mots du maréchal Pétain ont été un « choc »
« Au bout de cinq minutes, je me suis dit “Mais qu’est-ce que tu fais là ?” » confiait-il à l’Agence France-Presse en 2017. « Je me suis levé en disant à l’examinateur : “Je pars faire la guerre.” » Dans le port de Saint-Jean-de-Luz, le jeune homme, né le 6 août 1920 à Paris, trouve l’Arandora Star, qui s’apprête à convoyer des soldats polonais vers l’Angleterre. Il monte à bord avec trois camarades et arrive à Londres le 24 juin 1940.
Il y a 81 ans, ce n’est pas l’appel du 18 juin qui l’a décidé : « On ne va pas recommencer ce cinéma-là, personne ne l’a entendu, l’appel ! (…) On a tous entendu ce laïus effrayant du maréchal Pétain disant qu’il fallait terminer la guerre et déposer les armes. Ça a été un choc. » Le souvenir de sa première rencontre avec de Gaulle, cet été là, était intact : « Il s’arrête un instant, me regarde et me dit : “Je vais avoir besoin de vous.” Quand, à 18-19 ans, vous vous ramassez ça en pleine figure, dans le désastre général qui est là, il y a quelque chose qui vous émeut profondément. »
Engagé dans les premiers au sein des Forces françaises libres (FFL), Hubert Germain est affecté sur un cuirassé, où il suit les cours d’élève officier de marine. La journée il étudie entre les alertes, la nuit il participe à la défense antiaérienne contre les raids allemands. Au printemps 1941, il rejoint en Palestine la 1re division française libre destinée à combattre au Levant. Il intègre ensuite la Légion étrangère et combat en Libye.
Décoré par le général de Gaulle en juin 1944
Chef de section antichars, il se distingue lors de la bataille de Bir-Hakeim en juin 1942 et est cité à l’ordre de l’armée. Il combat ensuite en Égypte (El Alamein), en Tunisie, et débarque en Italie. Blessé à Pontecorvo, il est évacué sur Naples, où il est décoré de la croix de la Libération par le général de Gaulle fin juin 1944.
Il participe au débarquement de Provence en août 1944. Arrivé sur la plage, il tombe dans le sable et « pleure comme un enfant » : « J’avais retrouvé mon pays. » Puis il combat pour la libération de Toulon, de la vallée du Rhône et de Lyon, prend part aux campagnes des Vosges, d’Alsace, et termine la guerre dans le sud des Alpes. Nommé aide de camp du général Koenig, commandant les forces françaises d’occupation en Allemagne, le lieutenant Germain est démobilisé en 1946. Le vétéran, pensionnaire des Invalides, était le dernier survivant de l’ordre de la Libération créé par le chef de file de la France libre. Le dernier survivant du commando Kieffer honoré.
Seules 1 038 personnes ont reçu le titre de compagnon de la Libération. En tant que dernier de ses représentants, Hubert Germain sera inhumé au Mont-Valérien.
Il a par la suite été attaché de direction dans une entreprise de produits chimiques, avant d’être élu maire de Saint-Chéron (Essonne), en 1953, mandat qu’il conserve jusqu’en 1965. Devenu député de Paris en 1962, il est ministre des PTT de 1972 à 1974 et brièvement ministre chargé des Relations avec le Parlement, en 1974. Il dirige ensuite la Société française de télédistribution.
Les hommages de la classe politique fusent
De nombreuses personnalités politiques ont réagi à la mort d’Hubert Germain à la suite de l’annonce de son décès. Emmanuel Macron a notamment confirmé sur Twitter que « le Mont-Valérien accueillera le corps de ce résistant de la première heure, héros de Bir Hakeim et du débarquement de Provence, qui reconquit notre liberté et reconstruisit notre patrie ». Jean Castex a de son côté déclaré qu’« en mémoire d’Hubert Germain et de tous ses compagnons qui sauvèrent l’honneur de leur patrie la France s’incline respectueusement ». Et le Premier ministre d’ajouter : « Elle sait ce qu’elle leur doit. Plus que jamais, la flamme de la résistance française ne doit pas s’éteindre et ne s’éteindra pas. »
« Aux grands hommes, la patrie reconnaissante. »
Jamais la citation au fronton du Panthéon n’a été aussi adaptée
Le dernier compagnon de la libération n’est plus
La France pleure son dernier héros de la guerre 1939/1940 mort à l’âge de 101 ans
Une cérémonie d’hommage à HUBERT Germain sera rendue aux invalides et le 11 novembre la cérémonie d’inhumation se tiendra à l’Arc de Triomphe et au Mont Valérien.
Seules 1038 personnes ont reçu le titre de Compagnon de la Libération. Ayons une pensée émue pour ses compagnons d’armes disparu depuis longtemps
Le Conseil d’Administration National de la FNAPOG
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