La carte postale, BEREST…… insolite, énigmatique

 

 

6 janvier 2003, Anne BEREST, romancière, née le 15 septembre 1979, est ravie de recevoir un volumineux courrier, il est vrai que c’est la période des vœux et qu’à cette époque l’on écrivait encore.

A Brive, une séance de dédicace (photo Grand Cricri)

Quelle n’est pas sa surprise de découvrir parmi les nombreuses cartes, une bien particulière avec  l’Opéra Garnier au recto, rien d’anormal en somme, mais au verso sont inscrits de manière mal assurée, irrégulière  quatre noms ou plutôt prénoms.

Ce sont : EPHRAÏM1, EMMA, NOËMIE et JACQUES.

Présente, la mère d’Anne, Lélia PICABIA est dubitative, de même que 2 des sœurs d’Anne.

Les prénoms écrits sont ceux de ses grands-parents maternels ainsi que 2 de leurs enfants (tante et oncle d’Anne).

Cette carte, non signée, arrive alors que ces 4 « parents » déportés à AUSWITCH y sont décédés, assassinés en 1942.

La carte est rangée dans un tiroir. Puis un jour où Anne BEREST est enceinte de sa fille, donc en attendant l’heureux événement proche, elle a du temps libre et va ressortir la carte afin d’en percer le mystère et d’en retrouver l’auteur.

Elle est romancière et dans ses écrits, ses recherches elle a trouvé une famille RABINOVITCH mi-russe, mi- polonaise ayant vécu en LETTONIE, en PALESTINE puis finalement venue s’installer en FRANCE en 1929, dans cette France si accueillante, lieu de liberté. D’ailleurs beaucoup de Juifs ont fait la même démarche, pour les mêmes raisons.

Cette famille juive non pratiquante a élevé 3 enfants : Myriam (grand-mère maternelle d’Anne), NOËMIE née à RIGA et JACQUES le petit dernier né à Haïfa (Israël).  Les RABINOVITCH ont acquis une maison en Normandie pour y passer une vie paisible, loin de tous soucis, un havre de tranquillité.

Comme beaucoup de coreligionnaires ils se font recenser comme Juifs, une obligation de Vichy, et porteront l’étoile jaune.

Noémie et MYRIAM font leurs études au Lycée parisien Fénelon, Noémie en hypokhâgne, noircit des pages et des pages de cahier elle veut devenir écrivain. Sa sœur MYRIAM son aînée l’imite, en classe prépa, obtiendra son CAPES de Lettres.

Mais en début d’année 1939 elle va se marier avec Vicente2 PICABIA. Ce 1er mariage   va la retirer des listes communales où sont recensées les juifs, cela lui sauvera la vie à moins que ce ne soit le fait qu’elle se soit cacher dans le jardin lors de la rafle. Le couple donnera naissance à Lélia, mère d’Anne, mariée à Pierre BEREST.

L’ouvrage « La carte postale » écrit3 par Anne BEREST pose la question du sort des juifs dans diverses époques, de la responsabilité de Vichy et de l’antisémitisme encore présent actuellement.

 

Anne BEREST est aussi l’auteur de nombreux ouvrages, pièces de théâtre et actrice de série TV.

En 2017 les 2 sœurs Anne et Claire, née en 1982, ont rédigé une biographie de « Gabrielle Buffet-Picabia » leur arrière-grand-mère.

 

Notes : 1°) a demandé plusieurs fois sa naturalisation sans jamais l’obtenir.

2°) s’est suicidé en 1947 à l’âge de 27 ans.

3°) avec quelques réticences de la part de Myriam sa grand-mère.


Sources : divers sites internet, FR2 info littéraire.

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