Daniel CORDIER

Né, Daniel Roger Pierre BOUYJOU, à Bordeaux le 10 Août 1920, passe l’essentiel de son enfance près des carrières de marbre de son père à Bescat (Béarn).

Ses parents, son père René commercial en café et sa mère Jeanne Gauthier fille d’un négociant bordelais, divorcent en 1924. Sa mère se remarie en 1927 avec le fils d’un journaliste CORDIER de Bordeaux, ce dernier ami de MAURRAS1.

De fait Daniel CORDIER était militant, monarchiste, maurrassien, anti-communiste, antisémite …un peu anti-tout !

En instance d’incorporation et après avoir entendu l’intervention de Pétain à la radio, il n’accepte pas cette défaite et réagit immédiatement. Il rassemble ainsi 17 jeunes de sa région, et avec l’aide de son beau-père, ceux-ci s’embarquent le 21 Juin 1940 sur un bateau le « Léopold II » en partance vers l’Algérie, mais qui ensuite est dérouté vers l’Angleterre où ils arriveront à FALMOUTH (Cornouailles, à l’extrême sud-ouest) le 25 juin.

Le 28 juin il rencontre pour la 1 ère fois Charles de Gaulle qui les accueille avec cette phrase « Je ne vous félicite pas d’être venus, vous n’avez fait que votre devoir ». Il en veut à Charles De GAULLE. Mais le bombardement de la flotte Française à Mers el Kébir par les Anglais va le réconcilier avec lui.

Ces jeunes seront répartis dans différentes sections, le voisin de Daniel CORDIER sera Yves GUENA2 qui n’a que17 ans.

Daniel CORDIER (alias  CARACALLA) fera des stages de radio, de sabotages, de parachutages, armement et munitions et atterrissages comme ses autres compagnons.

Il sera envoyé en France pour se mettre au service de Jean MOULIN et pour cela sera parachuté à Montluçon le 26 Juillet 1942 ainsi que le secrétaire et radio de Georges BIDAULT patron d’une agence de presse clandestine.

Il rencontre Jean MOULIN (alias REX) représentant Charles de Gaulle le 1 er Août à Lyon, il est engagé comme secrétaire avec pour mission d’organiser un état-major bien entendu clandestin avec l’aide de Laure DIEBOLD3 vers la mi-Août et Hugues LIMONTI4.

Jean Moulin lui disait souvent « vous résoudrez les problèmes n’est-ce pas » preuve de la confiance entre les deux hommes.

Jean MOULIN est collectionneur de tableaux, artiste et adopte comme couverture « directeur de galerie ». Daniel CORDIER devient donc le secrétaire d’un peintre qui lui décrira sa collection personnelle au cours d’un repas après visite d’une galerie parisienne exposant les gouaches de KANDISKY..

Se dit antisémite au début des années 40 ; « après parachutage j’ai hébergé des juifs dont personne ne voulait mais suis resté toujours antisémite. Ce n’est qu’après avoir vu un homme et son enfant arborant l’étoile jaune alors que je me rendais à un RDV dans un café près de l’Arc de triomphe que cela m’a provoqué un choc réveillant ma conscience, abandonnant mes principes antisémites ».

Le plus difficile dans ses missions auprès de Jean MOULIN était de fédérer une entente auprès des différents chefs résistants avec des divergences des moyens, tout faire sauter ou agir graduellement, et aussi parce que chacun voulait être …Chef.

Jean MOULIN lui demande d’aller à Paris pour ouvrir et diriger un secrétariat de Zone Nord. Il continuera cette mission jusqu’au 21 mars 1944, après l’arrestation de Jean MOULIN à Calluire le 21 Juin 1943, auprès de Claude BOUCHINET-SERREUILLES adjoint de Jean MOULIN devenu son successeur.

A connu Raymond AARON, Stéphane HESSEL, Georges BIDAULT dans les FFL.

Recherché par la gestapo il passe en Espagne où il sera arrêté puis relâché. Il restera 2 jours à Madrid pour visiter le musée du Prado pendant que les copains cherchaient plutôt les filles (dira-t’il, lors d’une interview à la Dépêche du Midi en 2017). Il va rejoindre l’Angleterre fin Mai 1944, sera affecté à la DGER (direction générales Etudes et recherches). Il y analysera les archives du BCRA.

Sera chef de cabinet du Colonel PASSY, démissionnera en Janvier 1946 au départ du Général de Gaulle.

Après-guerre il consacre sa vie à la peinture, ouvre une galerie à Paris, près de l’Elysée, en 1956. Autres galeries à Francfort et New York. Il va ainsi réunir une importante collection d’œuvres dont une grande partie sera léguée au centre POMPIDOU à Paris et par la suite transférée au musée des Abattoirs à Toulouse qu’il visite en 2017.

Depuis 1980 s’est consacré à la défense de la mémoire de Jean MOULIN, car invité à l’émission télévisée « Les dossiers de l’histoire » Henri FRENAY5 capitaine de l’armée du groupe Combat, autre invité, déclare que Jean Moulin pratique un double jeu. Daniel CORDIER ne peut lui répondre en direct et ce sera le début de 30 ans de recherches ; documents, témoignages ..sur  Jean MOULIN. Certaines archives ne seront consultables qu’en 2050.

Dans une émission radio, « A voix nue », il disait : Je ne suis pas un résistant mais un Français Libre.

Dans une entrevue avec Dominique LORMIER historien, il refusait comme Charles De Gaulle l’administration de la France par une entente anglo-américaine. Puis il ne voulait pas être inhumé au Mont Valérien6 mais à Cannes près de chez lui.

 

Distinctions : Grand-Croix de la légion d’honneur, compagnon de la Libération, Croix de Guerre 39/45, Membre de l’Empire Britannique.

A rédigé :  de nombreux ouvrages, dont les 6 tomes de la biographie de Jean MOULIN7.

           

Un film : « Alias Caracalla »

En résumé : Daniel CORDIER c’est : « Liberté, curiosité, bravoure, Amour de la France, fervent patriotisme ».

 

Notes :

1°) journaliste antisémite, nationaliste, principal militant d’Action Française.

2°) ancien ministre, député, résistant et écrivain.

3°) à Paris fin mars 1943 au secrétariat Zone nord (annexe de Lyon). Arrêtée le 24 Septembre 1943, déportée dans plusieurs camps en Allemagne et libérée en avril 1945. Décédée 17 Octobre 1965

4°) alias Germain. Arrêté le 24 Septembre 1943, déporté le 24 Janvier 1944. Décédé le 2 Décembre 1988.

5°) résistant, n’est pas contre le régime de Vichy. Rencontre plusieurs fois Jean MOULIN, se fâche quelquefois, rôle actif dans le journal « Combat » ne reconnaissant pas toujours Londres. Dit de Jean MOULIN qu’il est incompétent, et autres fausses idées (dans un ouvrage : la nuit finira).

6°) le Général de Gaulle a réservé un emplacement au Mont Valérien pour le dernier des compagnons de la libération, qui en l’occurrence est Hubert GERMAIN centenaire aussi et le 1036 éme et dernier.

7°) Daniel CORDIER ne connaîtra le vrai nom de « REX » ( Jean MOULIN) qu’en Octobre 1944.

Sources : sites internet, revues, La Dépêche du Midi/Sud-Ouest, radio et TV.

 

NDA : ce Jeudi 26 Novembre 2020 un hommage à Daniel CORDIER sera rendu aux invalides par le Président de la République.

 

 

 

 

 

 

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