Aristides de Sousa MENDES

Eté 1940

La France est occupée.de nombreux juifs veulent fuir les territoires sous contrôle nazi et vont chercher à gagner l’étranger, Canada, Etats-Unis, mais pour cela il faut un visa qui ne peut être obtenu qu’auprès des consulats étrangers.

C’est ainsi qu’au Portugal, pays neutre, le gouvernement réduit l’entrée des étrangers en se référant à la circulaire n° 14 du 11 novembre 1939, et quand l’Allemagne envahit la Belgique et les Pays bas il prend des mesures encore plus restrictives à l’encontre des juifs notamment.

Ce derniers partis de Pologne, de Belgique vers le Sud de la France espéraient la quitter pour l’Espagne et le Portugal où Lisbonne est le port de départ vers le nouveau monde.

Bordeaux étant la plus grande ville sur leur itinéraire a un consulat portugais au 14 quai Louis XVIII où ils pourront s’adresser, nombre de juifs se rassemblent et essaient par tous les moyens d’obtenir ce fameux visa. Car l’Espagne ne voulant pas de réfugiés fuyant le nazisme, et pour cause, ne consent la traversée de son territoire qu’à ceux pourvus d’un Visa Portugais 

                                                                               

 

Un homme va enfreindre les directives du gouvernement portugais dirigé par SALAZAR, c’est Sousa MENDES. (diplômé en droit, ainsi que son frère jumeau César, à l’université de Coimbra. Leur père était juge).

Dans un local aménagé pour la circonstance il débute la délivrance de visas. Vont l’aider : son fils Pedro Nuno (décédé le 28 juin 2005), son neveu César et quelques juifs dont le rabbin polonais de Varsovie Haïm KRUGER déjà là en attente et récemment arrivé.

Sans relâche, sans repos voire sans manger pendant 3 jours et 3 nuits il va ainsi, au bord de l’épuisement, procurer le fameux sésame, comme le confirmera son fils Pedro NUŇO.

Ce seront environ 30 000 visas, dont plus de 1 500 pour les juifs, individuels ou familiaux, qui seront ainsi délivrés.

Il a été influencé : par sa femme Angelina (décédée 16 août 1948),  par José SEABRA ambassadeur en Belgique qui venait d’en arriver avec le corps diplomatique, sa fille Isabelle (accompagné de son mari et son enfant) venant aussi de Belgique et confirmant les dires de son frère jumeau César en poste en Pologne et aussi par son immense foi envers Dieu.

 Mais à Lisbonne on a vent de ce qui se passe à Bordeaux et un télégramme rappelle Sousa MENDES que 2 hommes vont venir chercher. Et passant par Bayonne (20 et 22 Juin) et Hendaye (22 à 26 juin) il osera malgré la présence de ses accompagnateurs rentrer dans le consulat local et ignorant le consul en place, dont il est le supérieur hiérarchique, donnera ordre aux employés de fournir des visas à tout demandeur.

Arrivé à Lisbonne le 8 juillet 1940 traduit devant un conseil de discipline, il est démis de ses fonctions au Ministère des Affaires étrangères courant Juillet 1940.

Il se retrouve ainsi sans revenu et ne peut assumer sa charge de père de famille de 13 enfants1. Aucun de ces derniers ne pouvant trouver de travail dans leur propre pays ils partiront soit aux Etats-Unis soit au Canada. La communauté juive de Lisbonne lui viendra en aide.

 

 

Sa maison « Casa do Passel » à Cabanas de Viriato, district de VISEU centre du Portugal, fut hypothéquée pour règles ses dettes.

Il sera quand même, grâce à ses enfants et à des appuis externes, réhabilité en 1988 par le gouvernement Mario SOARES qui le nommera ambassadeur à titre posthume.

Le rabbin Haïm KRUGER raconte 2: partis par milliers de Pologne, de Bruxelles pour le Sud de la France via Paris, essuyant de nombreux bombardements, nous atteignons Bordeaux en Mai 1940. Là nous retrouvons d’autres frères campant dans les rues autour de la synagogue ou attendant sur les marches du consulat. A la tombée de la nuit une puissante voiture s’arrête près de nous, en descend un homme à qui le chauffeur a ouvert la porte, c’est un diplomate qui s’avance vers moi.

Après quelques échanges de paroles, il m’invite chez lui avec ma femme Cypra et nos 5 enfants (2 à 10 ans) il se présente : Sousa MENDES consul général du Portugal à Bordeaux, il précise qu’il a aussi des enfants [(14) 9 garçons et 5 filles] avec sa femme Angelina.

Il met sa confortable demeure à notre disposition. Dans la nuit je pris conscience que je ne pouvais accepter car dehors mes frères étaient sans aucun confort. Donc le matin nous partîmes les rejoindre. Puis je revins voir le consul pour lui signifier que pour nous aider, un seul moyen : le visa.

Le vice-consul qui était présent l’en dissuada, lui conseilla fortement de ne pas faire ce travail. J’intervins pour qu’il n’écoute pas le vice-consul et là il me déclara que quiconque demanderait un visa, l’obtiendrait…

J’en avertis tous mes amis et me proposa pour l’aider.il signait les visas tandis que moi je les tamponnais. Une fois en possession des visas mes amis et ma famille repartirent vers l’Espagne d’autant que la Wehrmacht approchait.

Sousa MENDES décède en 1954 à l’Hôpital des tertiaires franciscains de Saint François à Lisbonne dans le dénuement le plus complet.

 

Remarques :

          —   Ces faits n’auraient été connus à Bordeaux que 50 ans plus tard.

          — une cérémonie au consulat d’Israël à New York fut l’occasion de remettre à sa fille une médaille sur laquelle était inscrit « Celui qui sauve une vie humaine c’est comme s’il sauvait le monde entier » tiré du talmud.

          — le Portugal oubliait ce héros, le 17 Mars 1986 une publication dans 2 journaux nationaux évoquait la reconnaissance faite par les états unis à cet homme : cela réveilla la conscience portugaise qui remis la médaille « de l’ordre de la liberté » à sa famille résidant à Washington.

         — le 17 Novembre 1998 c’est un hommage qui fut rendu au Parlement européen.

         — puis plusieurs le furent depuis 2000.

         — ces hommages à Sousa MENDES sont en quelque sorte un appel aux responsables actuels pour qu’ils aient un esprit critique et une vigilance de tous les instants dans toute situation.

         —   au début de son « consulat » Sousa Mendes n’accordait que peu de visas, les gens faisaient parfois la queue assez longtemps.

         — il se remaria avec Andrée CIBIAL bordelaise qu’il avait connu en 1939 dont il a eu un enfant Marie-Rose en Novembre 1940 et qu’il reconnaîtra donc.

         — il faut aussi associer son épouse qui l’aida beaucoup surtout dans l’accueil des réfugiés.

 Notes :

   1°) deux enfants sont décédés : Manuel le 2 éme fils en Juin 1934 et Rachel (17 mois) Décembre 1934.

   2°) témoignage de 1966.

NDA : suivant les sources et leur interprétation les faits peuvent se révéler quelque peu différents, n’oublions pas l’époque où se sont déroulés les événements, les témoignages n’étant apparus que longtemps après bien souvent, donc de l’imprécision dans les souvenirs évoqués.

 

Sources : sites internet pour l’essentiel.

           

  Sousa MENDES et le Rabin KRUGER

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