LES RÉSISTANTS : leur Motivation ?     

La résistance sujet sensible, controversé dans la population française qui voit là des traites, des bandits ou des terroristes.

En fait les résistants viennent d’horizons très différents : civils, militaires, toutes professions, toutes origines politiques dans un large éventail d’âges. Environ 3% de la population s’est engagée dans la résistance.

Les motivations sont complexes voire multiples, antipathie (germanophobie) vers les allemands due aux guerres de 1870/71 et 1914/1918. Ils sont appelés « boches » ou « chleuh1 » ou encore « frisés », « verts de gris » ou « doryphores ». L’occupation va accentuer cette xénophobie d’autant que les français se sentent impuissants face à l’envahisseur.

A cela s’ajoute l’inflation, les endroits (restaurants, cinémas) réservés à l’occupant, les françaises au bras d’allemands.

Entrer en résistance c’est retrouver fierté et identité nationale pour certains, pour d’autres le choix est clair car ils sont persécutés par les nazis ou Vichy : ce sont les juifs, les francs-maçons, puis plus tard les réfractaires au STO.

Des groupes se forment par ci, par là au hasard des rencontres, se cachent dans la montagne, dans la forêt. La population locale bien sûr, éventuellement bergers et fermiers, les soutient et leur assure leur subsistance.

De nombreux groupes s’étant ainsi constitués les chefs de la Résistance locale estimant qu’ils disposent là d’une force quasi militaire vont entraîner et perfectionner ces nouveaux combattants en vue d’actions précises, réfléchies et coordonnées.

N’oublions pas les cheminots, leurs actions souvent vitales, mais qui sont à la fois résistants et collaborateurs par la force des choses, en ce sens qu’ils sont obligés de suivre les ordres allemands. Ils aideront ainsi certains à passer en zone libre puis en Espagne pour ceux voulant rejoindre l’Angleterre ; et d’autres, aviateurs alliés, juifs et réfractaires STO à prendre le même chemin.

Et surtout les cheminots par leurs actions paralysantes retarderont les allemands avant le 6 juin, débarquement en Normandie.

Quelques résistances individuelles aussi : curés, intellectuels, politiques œuvrant comme ils pouvaient.

Puis en Juin 1941, les communistes vont entrer de manière effective dans la résistance et ce malgré le pacte germano-soviétique de 1939 de Staline (non-agression). L’invasion de la Pologne ne fera qu’accentuer la « désobéissance » du PCF.    

Ils forment l’OS (Organisation Spéciale) en Octobre 1940, à partir de vétérans de la guerre d’Espagne qui ont lutté contre Franco.

Il faudra qu’Hitler envahisse l’Union Soviétique le 22 juin 1941, dénonçant par là le traité de 1939, pour que les communistes entrent réellement dans la résistance.

D’ailleurs le 22 Août 1941, l’un d’eux, Pierre GEORGES2 abat l’aspirant de marine allemand Alfons MOSER dans le métro parisien sur le quai de Barbès Rochechouart à 8 h. Mais hélas les représailles allemandes seront terriblement cruelles.

Ce fait instituera par les allemands le système des otages en Septembre 1941, afin de maintenir l’ordre dans les régions qu’ils occupent.

Ce même jour le général allemand von STÜLPNAGEl3 décrète par ordonnance que les détenus sont désormais des otages et qu’en cas de nouvel attentat certains seront passés par les armes.

Des listes d’otages supposés sont établies : communistes, distributeurs de tracts, gaullistes présumés pour chaque région et Paris principalement.

Cela n’empêchera pas l’assassinat le 20 octobre 1941 du lieutenant-colonel HOTZ, commandant la place de Nantes.

Réaction immédiate des allemands : 50 personnes fusillées et 50 autres désignées si l’auteur de l’attentat ne se fait pas connaître avant le 23 octobre.

A Bordeaux attentat contre Hans REIMERS conseiller militaire : 50 personnes sympathisantes gaullistes ou communistes sont arrêtées puis exécutées.

Ces exécutions atteindront le chiffre de 30 000 à 35 000 à la fin de la guerre

Des effets bien sûr mais dilemme envers les actions de la résistance pour la population qui ne veut pas que des innocents soient tués.

Quant aux communistes ils voient dans leurs actions un moyen de réduire les effectifs allemands sur le front russe.

En 1941, l’OS est transformé en FTPF (francs-tireurs et partisans français).

Pour les militaires se pose un problème : ils sont loyaux envers Vichy et Pétain qu’ils considèrent comme jouant un double jeu avec les allemands mais hésitent à faire alliance avec les gaullistes, les britanniques. Puis le temps passant, certains agiront secrètement sous l’impulsion du colonel Alain TOUZET du VIGUIER, recrutant des réservistes, cachant par la même occasion des armes et munitions chez eux.

En Novembre 1942 les allemands envahissent la zone Sud, désarment les soldats de Vichy ce qui déclenchera de nombreux ralliements dans la résistance. L’ORA, Organisation Résistance Armée, voit le jour le 1 er Novembre 1942 sous le commandement du général Aubert FRERE4, arrêté par la suite en juin 1943, mais qui ne se désorganisera pas, participant ainsi à la libération de la France.

L’ORA apportera son soutien au Général GIRAUD, (opposant politique notoire au Général de Gaulle) évadé d’Allemagne et rejoignant l’AFN. De même Roosevelt l’encouragera, car DE GAULLE n’est pas  bien considéré en cette période.

Le service de renseignements de l’ORA, le 2 éme bureau est créé à LYON avec pour façade une agence commerciale. Ce service réunira des informations sur la Werhmatch et les transmettra à Londres.

Résistance française : non pas en totalité. En 1939, quelques-uns des deux millions et demi d’étrangers venus pallier le manque de main d’œuvre, après 14/18, surtout des travailleurs polonais dans le Nord (mines), et 60 000 exilés espagnols se rallieront à la résistance quittant leur pays et le franquisme. 250 000 d’entre eux seront malheureusement « parqués » dans des camps et dans des conditions misérables. Les rejoindront : Italiens, Bulgares, Tchèques, Hongrois, Arméniens, Français des colonies et même des Allemands anti-nazis (important maquis dans les Cévennesà futur document).

En 1923 le PCF avait créé « MOI » (Main d’œuvre Immigrée) qui maintenant prend de plus en plus d’ampleur en accueillant ceux qui fuient les persécutions fascistes et nazies.

Avril 1942 une section FTP-MOI (quelques fois désaccords FTP-MOI) est mise en place à Paris sous le commandement de Boris HOLBAN juif originaire de Bessarabie. En 1943 c’est Missack MANOUKIAN arménien qui en prend la direction et lui donne son nom. D’autres sections existent à Toulouse, Grenoble et Lyon.

Un autre réseau « F2 » (pour les anglais) est présent, il est composé d’officiers polonais issus du gouvernement de Varsovie exilé à Paris après l’invasion de la Pologne. 50 000 polonais ont participé à la campagne de France, puis une majorité d’entre eux est restée après la guerre.

Le réseau le plus connu sous le nom d’interallié est dirigé par Roman CZERNIAWSKI5 qui aidée par Mathilde CARRÉ6, alias « la chatte », recueille et transmet des renseignements en Grande Bretagne. En 1940 se rendant à Paris pour contacter la Grande Bretagne ils se font arrêter par l’Abwehr. Mathilde CARRÉ interrogée par l’adjudant-chef Hugo BLEICHER de l’Abwher va livrer tous les noms du réseau. S’en suit l’arrestation d’une centaine de personnes dont CZERNIAWSKI.

Ce dernier et M CARRÉE sont envoyés par les allemands en Grande Bretagne pour y jouer le rôle d’agents doubles. Mais CARRÉE sera démasquée et finira ses jours en prison jusqu’à la fin de la guerre. Quant à CZERNIAWSKI il passera au M.I 15 sous le code de « Brutus » puis par ses fausses informations « polluera » les renseignements allemands.

Puis n’oublions pas les femmes qui elles aussi ont joué un rôle important. La plus connue est Nancy WAKE7 australienne (alias la « souris blanche » pour les allemands), francophile, du réseau 3Pat’ O’ Leary. Après parachutage en France elle dirige un réseau d’évasion. Elle organise les évasions, et officie en tant qu’agent de renseignements.

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 Notes :

     1°) chleuh : mot d’origine berbère du Maroc.

     2°) Pierre GEORGES : alias colonel FABIEN ou « Fredo ». Commissaire de l’OS. Tué par une mine le 27 décembre 1944.

     3°) von STÜPNAGEL : chef des forces allemandes d’occupation de 1940 à Février 1942. Sera remplacé par son frère Carl Heinrich. Arrêté après la guerre il se suicidera en prison le 6 février 1948 à Paris.

    4°) Aubert FRERE : décédé le 13 juin 1944 au camp du STRUTHOF en Alsace.

    5°) CZERNIAWSKI : officier de l’armée de l’air polonaise il quitte Varsovie avec son escadrille pour la Roumanie, où il sera récupéré par les Français.

    6°) Mathilde CARRÉ : (1908-2007) originaire du Jura. Professeur comme son mari. A fait partie de plusieurs services de renseignements. Espionne a été agent double, voire triple. Sera arrêtée et fera 12 ans de prison (3 en Angleterre, 6 en France). Sera libérée pour raison de santé en septembre 1954.

   7°) Nancy WAKE : (1912-2011) francophile, mariée à un français. Véritable baroudeuse. Parachutée en Auvergne pour ses futures missions. De nombreuses décorations.

 

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