Émotion lors de l’inauguration de la place des frères Barin, héros de la Résistance, à Breil

La plaque en hommage aux frères Barin, héros de la Résistance, a été dévoilée en présence de leur sœur et des officiels. L’occasion de sensibiliser les plus jeunes au devoir de mémoire.

Samedi matin, 11 heures: une foule importante se presse devant la tribune élevée sur la future place des Frères-Barin. Au premier rang, une rangée de chaises pour accueillir la famille d’Anselme et Tarcisius. Les “gilets jaunes” de Breil ont interrompu leur piquet de protestation pour venir rendre hommage aux frères honorés.

Devant les représentants officiels – Daniel Wancier, président du comité Yad Vashem Nice Côte d’Azur et Rémy Giacchero, directeur départemental de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONACVG) – le maire, André Ipert, prend la parole et rend hommage à Jean Bodino, 91 ans, présent à la cérémonie et qui fut un compagnon de Tarcisius : il l’accompagna dans cette nuit du 15 avril où ils furent les premiers à rentrer dans Breil (lire ci-dessous). Avant de lancer, solennel: “Breil a rendez-vous avec son histoire, la grande Histoire, en honorant deux de ses fils qui ont fait preuve de courage et de détermination.”

MARIE-ANTOINETTE POMARÈDE MÉDAILLÉE

“Le nom d’Anselme Barin est inscrit sur le mur des justes au mémorial de Yad Vashem à Nice, à Paris, à Jérusalem; et maintenant, une place portera son nom à Breil-sur-Roya”, ajoute Daniel Wancier, dans un discours chargé d’émotion.

Rémy Giacchero, de son côté, souligne le rôle de l’ONACVG: soutenir et accompagner les victimes et orphelins de guerre, mais aussi, et malheureusement, les victimes d’attentat comme celui qui a endeuillé Nice le 14 juillet 2016. Serge et Michel, les neveux, prennent ensuite la parole à leur tour.

Abdel Djerourou, au nom de l’Union nationale des combattants (UNC), remet ensuite la médaille du mérite à Marie-Antoinette Pomarède née Barin, la sœur d’Anselme et Tarcisius. Georges Pomarède, son fils, les larmes aux yeux, lit une déclaration de sa maman: “Je pense qu’Anselme et Cisio nous regardent, ils doivent être très fiers. Je suis touchée et infiniment reconnaissante de voir le nom de mes frères inscrits sur une place de notre village.”

La famille réunit autour de l’édile dévoile alors la plaque devant une foule émue et recueillie. Le père Paul-Marie Pham procède à la bénédiction, et la fanfare de l’écho du lac entame le Chant des partisans et la Marseillaise alors que les porte-drapeaux, dont Sylvain Pomarède, fils de Georges, mettent les fanions au clair. La famille Barin-Pomarède se rassemble pour une photo souvenir, pendant que le maire invite officiels et population à visiter l’exposition autour d’un vin d’honneur.

DIX JOURS POUR NE JAMAIS OUBLIER

Autour de la célébration des frères Anselme et Tarcisius Barin, ce sont trois évènements sur une période de dix jours qui ont vu le village et les élèves de troisième du collège “L’Eau vive” se confronter à une mémoire encore vive et salutaire.

Depuis le lundi 25 février, une exposition “Les forces de la liberté”, constituée de 25 panneaux prêtés par l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre 06, rappelle salle Sainte-Catherine les combats en Provence et dans l’arrière-pays niçois. Ils sont complétés de 5 panneaux sur les frères Barin, présentés par Georges Pomarède, leur neveu, ainsi que 12 emblèmes en bois représentant les compagnies qui ont pris part aux combats.

Le même jour, une rencontre a été organisée,d’abord en classe, puis au cœur de l’exposition, entre les élèves de troisième du collège “L’Eau vive” (accompagnés de leur professeur d’histoire, M. Klingbeil), et Sybille Roullier, directrice adjointe de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre 06, ainsi que la population – dont certains, alors enfants ou adolescents, ont vécu cette période -, le maire André Ipert, et Abdel Djerourou, président de la section breilloise de l’Union nationale des combattants, et vice-président départemental des Anciens combattants et du Souvenir français.

Dernier évènement de ces dix jours consacrés à la mémoire: cette classe de troisième, participera, ce jeudi 7 mars, au voyage de la mémoire, à l’invitation du département, en se rendant avec sept autres classes en Pologne, à Auschwitz-Birkenau. Un déplacement sur les lieux mêmes d’une mémoire éternellement douloureuse, mais à laquelle se confronter est éminemment nécessaire.

JEAN BODINO EST RENTRÉ AVEC TARCISIUS BARIN DANS BREIL EN AVRIL 45

Jean Bodino a 91 ans et demi. Il insiste sur le “demi”. Il a 17 ans en 1945 lorsqu’avec Tarcisius, il rentre dans Breil dans la nuit du 15 au 16 avril: “J’avais triché sur mon âge pour m’engager! J’ai d’abord été résistant puis muletier pour alimenter la Résistance. Tarcisius Barin et moi étions parmi les premiers à être rentrés dans Breil. Les ponts étaient détruits, nous avons traversé à gué et nous sommes réfugiés dans le renfoncement du pressoir à raisin (l’actuel restaurant Le Pressoir) qui accote l’église. Nous avons rencontré peu de gens, mais une personne nous a indiqué que la plupart de la population s’était réfugiée dans une grotte près de la Giandola.”

Jean Bodino s’arrête. Il est heureux d’être là, alors que l’on honore deux enfants du pays. Il reste une anecdote raconté par le maire dans son discours: “Tarcisius Barin, le 16 avril, inscrit en gros caractères sur les volets du bar-tabac Mascarello : “Barin est passé par là le 16 avril”.” Paroles d’anciens pour une mémoire encore vivace.

 

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