MOSELLE

 

ALSACE-MOSELLE Polémique

Pensions allemandes et

Malgré-nous le grand flou

Anne-Camille BECKELYNCK

Octobre 1940 : l’Alsace et la Moselle viennent dêtre annexées par l’Allemagne nazie et la Wehrmacht déf,ïe place de la République à Strasbourg/ devant le Palais du Rhin, transformé en Kommandantur. Deux ans plus farci l’Allemagne incorporait de force 127 000 Alsaciens et Mosellans dans l’armée. Certains font-ils partie des bénéficiaires d’une pension de guerre de l’État allemand? Photo archives DNA

 

Des Malgré-Nous touchent-ils une pension de l’Allemagne ? Berlin tarde à calmer la tempête liée à la révélation que des allocations sont versées à «d’anciens collaborateurs nazis  » à  l’étranger, dont 54 résident en France.                                                           

 «Une fois de plus, on jette le discrédit sur les incorporés de force», s’indigne  Jean-Laurent  Vonau.  L’historien, professeur émérite de l’université  de Strasbourg,  réclame que l’Allemagne « fournisse des explications approfondies et vérifiables. Qu’on avance des documents ! Qu’on permette l’accès à ces dossiers, qu’on les rende publics! Il ne s’agit pas de divulguer des noms mais de savoir quelle catégorie d’individus a bénéficié de cette largess allemande. »

  • Mystérieuse pension

 La « largesse » en question est une allocation versée par l’Allemagne à certains survivants de la Seconde Guerre mondiale. Elle est  sortie à grand fracas des tiroirs de l’Histoire la semaine dernière, avec le vote par le Parlement belge d’une résolution demandant la publication des noms des bénéficiaires de cette pension.  Le  texte parlementaire évoque l’incorporation de force, parlant  de l’est  de la Belgique et de l’Alsace-Moselle. Et il  affirme que cette pension concerne« des collaborateurs militaires belges, anciens membres de la Waffen SS et condamnés par la justice belge d’après-guerre ».

Aucun ancien SS ne perçoit cette pension, ont rectifié illico les autorités allemandes. Sa création date de 1951, par une loi fédéraie allemande. Plafonnée à quelque 1 300 euros par mois, elle est versée actuellement à 2 033 personnes non allemandes ou résidant hors d’Allemagne (lire par ailleurs).

Quelles sont les raisons du versement de cette pension ?

« Ce que nous avons compris, à l’heure qu’il est, c’est que la loi de 1951 permet d’indemniser des blessures physiques subies par des civils et des militaires et non des services rendus», explique le ministère des Armées, qui est en train de décrypter cette loi.« Pour l’instant, nos interlocuteurs en Allemagne excluent formellement qu’il y ait des collaborateurs  volontaires nazis. »

  • Des profils à déterminer

 Jusqu’à la semaine dernière, le gouvernement français et l’Onac (l’Office national des anciens combattants) n’avaient « aucune connaissance de cette pension », répète depuis plusieurs jours la secrétaire d’Etat Geneviève Darrieussecq.

Même stupéfaction chez les spécialistes alsaciens de la période. Alors on échafaude des théories. « A mon avis, ce sont des “Français de l’intérieur” qui s’étaient engagés dans des divisions comme la division Charlemagne (division SS majoritairement composée de Français engagés volontaires, ndlr) et sont récompensés comme collaborateurs extérieurs», suppose l’historien Alfred Wahl, ancien professeur d’université à Strasbourg et Met z. Pour Alphonse Troestler, ancien délégué à la Mémoire régionale de l’Alsace, pourraient figurer sur la liste des Alsaciens et Mosellans qui n’ont pas été considérés comme incorporés de force (lire par ailleurs). Ces derniers se seraient tournés vers l’Etat allemand pour percevoir une pension. Cette théorie se tient, estime-t-on au ministère des Armées, qui cherche« à savoir quel est le profil de ces personnes. C’est ce qu’on a aussi demandé aux autorités allemandes ».

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