(Discours d’Hubert Falco de novembre 2009 pour le 65ème anniversaire de la libération de Strasbourg)

 

Il n’y a pas, dans l’histoire de France, de moment où le mot « honneur », le mot « devoir », le respect de la parole donnée n’auront eu plus de sens et de vérité que ce jour de novembre 1944 où les hommes de la 2ème DB aperçurent, dans le bleu du ciel d’Alsace, la silhouette de la cathédrale de Strasbourg.

Ils avaient vingt ans, l’âge où la vie appelle chaque homme à sa part de bonheur. Ils ont tout donné, jusqu’à leur vie même.

C’étaient les hommes de Leclerc. C’étaient des Français Libres. Ils avaient choisi de ne céder ni au renoncement ni à l’abandon. Ils avaient choisi de vivre debout.

De Koufra à Strasbourg, de cette terre d’Afrique qui a tant donné à la France jusqu’au cœur de cette Europe en guerre, ils ont marché. La Tunisie, la Lybie, le Maroc, le débarquement de Normandie, la libération de Paris : partout où la liberté de l’homme était en jeu, ils étaient là. Ils étaient méharistes, goumiers, spahis, tirailleurs sénégalais. Ils étaient chrétiens, musulmans, juifs. Certains croyaient au Ciel, d’autres n’y croyaient pas. Leur origine, leur accent, la couleur de leur peau, les choix politiques qu’ils avaient fait avant-guerre : tout cela ne comptait plus. Rien d’autre ne les rassemblait que la fraternité des armes, l‘amour de la France et le serment qu’ils s’étaient prêté, de ne cesser le combat que le jour où Strasbourg serait libérée.

Ces combattants de la liberté, la République leur porte une reconnaissance infinie. Ils étaient des héros. Ils sont pour nous, des exemples et des modèles. Ils ont libéré Strasbourg. Ils nous ont appris ce qu’être Français veut dire.

En ce jour de novembre 1944, quand le serment de Koufra fut tenu, ce jour-là, la France entière tourna son regard vers Strasbourg et vers l’Alsace. Ce fut un moment d’enthousiasme et de joie sans pareils. La liberté était de retour. La République, à laquelle Strasbourg avait donné l’un de ses plus grands serviteurs, le général Kléber, la République pouvait reprendre ses droits. C’en était fini des années terribles.

Rien n’avait été épargné, ni à Strasbourg ni à l’Alsace : l’évacuation, l’annexion, la mise au pas, la déportation, l’incorporation de force, le drame terrible des Malgré-Nous.

Dans le maquis du Vercors et ceux de Corrèze, dans l’armée des Ombres et les Forces Françaises Libres, ici même avec la Main Noire et le réseau Wodli, Strasbourgeois et Alsaciens payèrent le prix le plus fort pour leur propre libération.

L’historien Marc loch disait qu’être Français c’est vibrer au souvenir du Sacre de Reims et à celui de la Fête de la Fédération. Ce grand résistant ne connut pas Strasbourg libérée : il avait été arrêté, torturé  puis fusillé, quelques mois auparavant, dans une prison lyonnaise. Mais, aujourd’hui, ce que nous savons, ce que Marc Bloch nous a appris, ce que les combattants de la 2ème DB nous apprennent, c’est qu’être Français, c’est vibrer, de tout son cœur, au souvenir de la libération de Strasbourg.

Hubert Falco – Novembre 2009

 

 

 

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