Camille SENON dernière rescapée d’Oradour/Glane nous a quitté

Camille a 93 ans
Elle est née le 5 juin 1925 à Oradour sur Glane (Haute-Vienne) dans une famille de cultivateurs. Son grand-père gérait le domaine, son père était ouvrier agricole. Il fut gazé en 14/18 et devint cantonnier à son retour au pays.
Hélas Camille va perdre toute sa famille, la 2ème division Das Reich, commandée par Adolf Diekmann1 (1914-1944) vient d’encercler son village d’Oradour et commettre une des plus grandes atrocités de cette guerre, Ce sont 642 personnes ,ui seront brulées vives ou fusillées dans leur église.
La pire des malchances d’un côté mais la chance de l’autre, car Camille travaille la semaine à Limoges et ne revient que pour le week-end. Il est 18 h ce 10 juin 1944, Camille prend le dernier tramway gare des Charentes à Limoges pour rejoindre ses parents au « Repaire » un hameau du village. Mais en route Camille voit de la fumée qui s’élève au-dessus de son village, distant d’une vingtaine de kilomètres. Les passagers sont inquiets en voyant cet incendie., que se passe-t-il ? Camille aussi évidemment, son village est si calme d’habitude.
A son arrivée à Oradour, des soldats allemands, elle n’en avait jamais vu, stoppent le tramway pendant quelques heures. Puis font descendre Camille, la maintienne prisonnière dans un champ avec un voisin Mr Redon, l’épicier. Ce dernier lui confie qu’un soldat lui a dit ce que faisait ses collègues au village, ils brûlent la population. Ils sont enfin relâchés sans explication et arrivent au village où il n’y a plus âme qui vive, mais une forte odeur nauséabonde et des fumées qui subsistent encore.
Traumatisée, Camille Senon n’aura de cesse de témoigner, de raconter ces horreurs, de transmettre ces faits dans les écoles, collèges et lycées. Même démarche auprès de de la presse et autres médias. Elle a narré aussi cet épisode à des touristes coréens dans l’église du drame.
Camille SENON dans Oradour sur Glane
1953 : Camille témoigne lors du procès de Bordeaux où 21 accusés sont présents sur la centaine de soldats présents ce jour-là. Seulement des soldats, aucun de leurs supérieurs dont le général Heinz Lammmerding2, jamais inquiété et finissant ses jours tranquillement chez lui en 1971 ! !.
Quatorze alsaciens figurent parme ces 21 : ce sont 12 vraiment incorporés de force « les malgré nous », un 13ème qui était en prison avoue avoir participé à cet acte horrible, quant au 14ème il avoue s’être engagé volontairement et sera donc jugé comme traitre à la patrie.
Après la libération, réussissant en 1945 son concours d’entrée, elle entre aux PTT, elle y fera carrière. Nommée à Paris, elle adhère à la CGT des PTT, en deviendra secrétaire quelque temps après.
Adhère ensuite à différentes associations : victimes du nazisme, des familles de fusillés et massacrés de la résistance dont elle deviendra la présidente, des fusillés du Mont Valérien et enfin prend la direction de la Fédération Nationale des déportés, internés, résistants et patriotes.
Elle nous quitte à 100 ans dans la nuit du 2 au 3 octobre dernier.
Ne l’oublions pas.
Distinctions : — Officier de la Légion d’Honneur (13/07/2009).
— Chevalier de l’ordre des Palmes Académiques
— Ordre National du Mérite (elle a refusé le titre de
Commandeur proposé par Emmanuel Valls en mai 2015).
— Médaille de la ville de Paris.
— Une ligne du tram de Limoges.
— un livre :
Notes :
1°) Rainer, son fils 2 ans en 1944 sidéré du passé de son père a témoigné
dans une interview en 2014.
Devenu médecin il réside aux Iles Canaries avec sa famille.
Son frère Uwe vit au brésil.
2°) N’a jamais voulu recevoir Rainer.
Sources : divers sites internet
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