IZIEU… il y a 80 ans…44 enfants ?

 

Izieu, commune de l’Ain, se trouve en zone libre jusqu’en 1942. De novembre 1942 à septembre 1943 elle est sous occupation italienne. L’Italie vaincue est remplacée par les troupes allemandes.

A l’écart de ce village, un refuge au hameau de Lélinaz dont la directrice est Sabine Zlatin, juive polonaise, infirmière Croix Rouge déjà dans le même rôle dans une maison d’enfants à Palavas les Flots. Le Sous-Préfet Pierre-Marcel Wiltzer1 de Belley (Ain) lui a proposé ce lieu, et ce défi, pour accueillir une centaine d’enfants venant de Lozère. Son mari Miron, l’aide pour les démarches administratives.

 

Ce sous-préfet ira même récupérer 40 cartes d‘alimentation à Bourg en Bresse. Et à Noël 1943 il s’improvisera Père Noël.

6 avril 1944 : c’est le matin à Izieu, la bourgade s’éveille dans ce milieu paisible. Certains des éducateurs de ce refuge préparent le programme de la journée pour la centaine d’enfants juifs qui y séjournent.

Mais soudainement le calme est rompu, bruits de voiture qui s’amplifient, c’est la gestapo qui encercle la maison d’Izieu, entre en action et prend sans ménagement 44 enfants et 7 éducateurs. Transportés par camions vers la prison Montluc de Lyon, puis vers Drancy le 7 avril. Et finalement la déportation à Auschwitz (Pologne) pour la plupart, gazés à leur arrivée et à Reval (Estonie). Le tout étalé sur plusieurs mois par des convois différents. Une éducatrice a miraculeusement échappé à ce funeste destin.

Cet événement a été ordonné par Klaus Barbie, chef de la gestapo Lyonnaise renseigné sur ce refuge.

A l’origine de cette rafle : plusieurs arrestations dont celle du Dr Bendrihen médecin du centre, qui déclencheront nombre d’enquêtes.

Un certain Lucien Bourdon2, lorrain venu s’installer dans une ferme proche, va demander au refuge un de ses enfants pour l’aider aux travaux de sa ferme. Ce sera Fritz Loebman, 15 ans grand garçon costaud, qui lui sera confié pour quelque temps. Il le nourrit et l’héberge. Cet enfant aurait laissé par, imprudence, une lettre que Lucien Bourdon découvre. Il réalise que tous les enfants de cet endroit sont juifs. Le jeune Loebman est ramené fin mars au refuge.

Une information qui arrive aux oreilles de Klaus Barbie, d’où son ordre donné. Lucien Bourdon3 assistera à cette rafle. 

Sabine Zlatin était absente ce matin-là, car partie fin mars, en quête d’un nouveau refuge à Montpellier. Elle est prévenue de la rafle par Marie-Antoinette Cojean, secrétaire de la sous-préfecture de Belley, qui l’avait d’ailleurs aidée pour son installation à Izieu.

Heureusement 64 enfants et 10 adultes étaient absents ce matin, déjà partis.

Klaus Barbie sera démasqué et confondu par un télégramme trouvé par Serge Klarsfeld dans les archives de la maison d’Izieu, telle qu’on la nommera par la suite. Bien que Klaus Barbie, arrêté en 1983, nie l’avoir envoyé il sera jugé et condamné le 4 juillet 1987.  Il décède le 25 septembre 1991.

Bilan :  outre les 44 enfants et 7 éducateurs raflés :

  • 5 adultes déportés sans retour, dont Miron le mari de Sabine.
  • Une adulte Léa Feldblum 25 ans déportée mais rescapée. Témoin au procès.
  • 1 adulte : Léon Reifman 30 ans étudiant en médecine qui réussit à s’échapper, averti par sa sœur Sarah médecin de ce centre, déportée à Auschwitz.

Du 4 au 7 avril dernier une commémoration a eu lieu à Izieu, avec la présence du Président de la République.

Y assistaient : Roger Wolman 85 ans, disant que cet endroit était magnifique quand il l’a connu à 5 ans. Y est resté du 18 octobre au 6 novembre 1943, avec son frère Henri (décédé en 2017) et un cousin Henri Kaufman. Les 2 frères ont été recueillis jusqu’à la fin de la guerre par une tante fermière aux alentours de Clermont-Ferrand. Leurs parents, partis se réfugier en Auvergne en octobre 1943, furent déportés. Ils retrouvent leur père, très diminué, à Paris. Quant à leur mère elle a péri au camp d’Auschwitz.  ..

           Et Bernard Waysenson : il y était mais fin novembre 1943 avec son frère et sa sœur ils étaient partis avant, dans leur famille installée dans le Gard.

           Pendant ces 4 jours 7 anciens pensionnaires d’Izieu seront dans le musée dédié à l’intérieur du refuge. Quelques-uns d’entre eux vont témoigner dans écoles, collèges ou lycées comme Roger Wolman. Les sujets abordés, expliqués avec leurs conséquences :à la haine et l’antisémitisme.

 

Distinctions :   

       Une stèle à Lyon.

      Place des 44 enfants d’Izieu à Paris (13 ème).

 plaque commémorative à NANTUA

      Allée des enfants d’Izieu à Bourg en Bresse.

      Les enfants d’Izieu (Oratorio de R.Causse 1994).

      10 stolpersteine4 : 6 en Belgique et 4 en France à Belley déjà scellés.       

                                       7 autres en attente.

    Un film à la BNF, de Romain Icard.

    Un livre : mars 2024, R.Causse

 

 

un timbre :

Notes :

           1°) muté à Chatellerault en mars 1944.

           2°) retour en Lorraine avec son épouse, aidés par les Allemands. Dans la Wehrmacht en mars 1945, arrêté par l’armée US. Faute de preuves de dénonciation, ne sera pas condamné.

           3°) attesté par Julien Favet (1919-1996 ainsi que la présence de Barbie. Témoin au procès.

           4°) pavé gravé, scellé dans le sol, trottoir ou autre lieu de mémoire. 

 

Source : internet dont Virginie Salanson et Véronique Puyeu.

 

NDLR : sujet évoqué à la TV seulement en 1987.

          

               

 

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