Quand les mots guerissent le monde

Elegie par Stéphanie RAMOS

Sous l’ombre des obus, la terre en deuil frissonne,
Le sang scelle le sol, la cendre le couronne.
« La guerre est trop grave », dit Clemenceau, glacé,
Pour qu’un sabre aveuglé puisse en juger l’effet.

Les hommes, en silence, avancent vers l’enfer,
Le cœur bardé d’espoir, les yeux noyés de fer.
Wilfred Owen gémit : « Tu ne dirais cela,
Si tu voyais mourir l’enfant sous le falzar. »

Les tranchées sont des tombes où l’écho se répète,
Et l’âme se déchire au rythme des tempêtes.
Les cloches sonnent faux, les lys sont mutilés,
Et l’aube se refuse aux cieux trop fusillés.

Mais la paix, douce paix, dans l’ombre se dessine,
Comme un souffle discret sur la joue assassine.
Camus l’affirme alors, dans un cri sans détour :
« La paix seule vaut qu’on se batte chaque jour. »

Churchill, dans le fracas, s’élève et nous rappelle :
« Jamais tant ne durent autant à si peu d’ailes. »
Et l’Europe, meurtrie, rêve d’un chant nouveau,
Où l’homme ne serait ni bourreau ni fardeau.

Prévert jette ses mots comme on jette des pierres :
« Quelle connerie la guerre ! » aux vents et aux prières.
Et l’enfant dans les ruines, au rire cristallin,
Redonne à l’univers un fragile matin.

Ainsi, dans les cendres, fleurit l’espérance,
Et l’histoire s’écrit en vers de délivrance.
Que Giono, Yourcenar, Remarque et leurs voix
Nous gardent vigilants aux retours de l’effroi.

Aller au contenu principal