Marie-Elisa NORDMANN une chimiste résistante
Née le 4 novembre 1916 à Paris (8 ème) quartier de l’Europe. Elle a un frère ainé Philippe né le 3 décembre 1914. Son père Emmanuel travaille dans une banque, leur mère est Athénaïse née Nattan.
Marie-Elisa est inscrite dans un cours privé « Dieterlen » pour jeunes filles dans le 17 ème à Paris.
Son père a l’opportunité d’aller travailler sur la côte d’azur à Cannes, mais cela dure peu et la famille revient à Paris. Marie-Elise poursuit ses études au lycée Victor Duruy dans le 7ème. Elle obtient son baccalauréat de latin/sciences en juillet 1927 ainsi qu’un bac philo ?.
L’année suivante elle obtient son certificat de mathématiques générales. A la suite de quoi, elle envisage des études de médecine. Mais sa mère n’est pas favorable à ce cursus. Marie-Elisa s’oriente donc dans un domaine proche : la chimie.
En juillet 1930 elle est licenciée Es-sciences, puis devient ingénieur chimiste l’année suivante, ce qui lui permet de trouver un emploi dans un labo de chimie. Pendant la période estivale 1930/1931 elle fait 2 séjours en Allemagne pour se perfectionner dans la langue du pays. Elle fait la connaissance d’un collègue chimiste du labo Paul Rumpf avec, pour conclusion, un mariage le 28 juillet 1932. Elle a 22 ans. Un fils Francis naîtra le 30 juillet 1936.
Juillet 1934 : France Bloch1 vient travailler dans son labo de l’ENS (Ecole Nationale Supérieure) de chimie de Paris (Professeur Georges Urbain), elles deviennent amies et leurs familles lient connaissance.
Marie-Élisa fait partie du comité de vigilance intellectuelle, elle en est la trésorière en 1936, adhère aussi au comité des femmes contre la guerre et le fascisme. Participe aux réunions et se lie d’amitié avec Maria Rabaté2
1937 : son père décède à Lille, où il était en famille avec son fils Philippe, Marie-Élisa prendra sa mère avec elle à Paris (5 ème) puis à la Butte aux Cailles 13ème
18 juin 1937 : elle devient Docteur es-sciences (mention très honorable) travaille dans le labo de géologie du professeur Michel Lévy et dans celui du professeur Job.
Janvier 1938, elle divorce. De septembre 1939 à juillet 1940 elle obtient en tant que « requis civil » (en temps de guerre les autorités affecte un travail obligatoire) à un poste à l’Inspection médico-psychologique de l’Armée de l’Air à Bordeaux-Mérignac, où elle s’installe avec son fils et sa mère, ce qui les éloignent des bombardements parisiens.
Elle y accueille le professeur Job et sa famille ainsi que France Bloch et son fils Roland,6 ans. Puis revient à Paris en septembre 1940 et y retrouve son précédent emploi.
Adhère au parti communiste en 1940, elle y est rédactrice « Université du temps libre » et la diffusion de ce journal et autres tracts (recrutements). Elle héberge des résistants.
Aurait pu être arrêtée en février/mars, d’autres collègues.de combat n’y échapperont pas Cet épisode, parce qu’un résistant arrêté et torturé, révéla quelques informations. Ces dernières furent exploitées par les services de police qui prirent en filature France Bloch.
Le préfet de police déclencha une opération d’envergure le 16 mai 1942, qui conduisit à l’arrestation de 70 personnes dont France Bloch.
24 août 1942 : Marie-Élisa fut arrêtée chez elle, conduite place Beauvau pour interrogatoire, puis internée à la prison de la conciergerie.
C’est dans ce lieu qu’elle a appris par un message glissé dans un colis l’arrestation de sa mère, le 7 août, en tant qu’otage civile. Son fils Francis est recueilli par son frère Philippe (agrégé de lettres) et sa femme Paule (tous les deux sont engagés dans la résistance).
Sa mère reconnue juive, part de Drancy le 18 septembre, convoi 34 pour Auschwitz où elle sera gazée, comme toutes les personnes de confession israélite.
16 mai 1942 : arrêtée en même temps que France Bloch.
Le 24 août 1942, Marie-Elisa est dirigée vers la maison d’arrêt de la Santé, et le 29 septembre internée, au fort de Romainville sous le n° matricule 801.
Son périple reprend en camions, le 21 janvier 1943 pour Compiègne, en compagnie d’une centaine de femmes.
Le 24 direction la gare de Compiègne, où 230 femmes sont entassées dans des wagons à bestiaux à destination d’Auschwitz où elles arriveront le 26 après un voyage dans les conditions que vous pouvez imaginer.
Affectée dans une usine de fabrication de caoutchouc. Puis à Ravensbrück le 14 août et enfin Mauthausen. Son matricule tatoué : 31687.
Le 23 février, victime de dysenterie elle est admise au « Revier » (infirmerie) pour quelques jours.
21 mars 1943 : demande à être affectée au laboratoire de botanique, ce qui lui est accordé. Puis au laboratoire de Rajsko. Elle bouge beaucoup au gré des événements, elle se retrouve laborantine (faire des analyses) au « Revier » et le 2 mars 1945 infirmière au camp de Mauthausen.
22 avril 1945, enfin la libération. Elle est prise en charge par la Croix Rouge, mais elle n’est pas seule : elles sont 31 000 dans ce cas. Tout ce monde arrive à Paris le 30 avril, pour suivre le parcours des rescapés en premier l’hôtel Lutetia (6ème).
1er octobre 1945 : assistante à la faculté de sciences de Paris.
1946 : détachée au CEA comme secrétaire, puis documentaliste jusqu’en 1952 car révocation du Haut-commissaire Frédéric Joliot-Curie.3
Octobre 1952, de nouveau assistante fac de sciences de paris.
Octobre 1958 : chef de travaux département chimie à fac Paris-Sud Orsay.
1er octobre 1976 enfin la retraite, en ayant terminé son activité comme maitre de conférences.
1948, mariage avec Francis Cohen avec qui elle aura 3 enfants.
S’active dans beaucoup d’associations telle que l’Amicale des anciens déportés d’ Auschwitz. Membre du jury du Concours National de la déportation et de la résistance
Elle décède le 5 août 1993 à Paris.
Notes :
1°) déportée le 10 décembre 1942 convoi n° 75. Décédée le 12 février 1943.
2°) institutrice, député communiste 1ère circonscription de la Seine.
3°) révoqué pour son appartenance au Parti communiste et anti-arme nucléaire. (appel de Stockholm)
Distinctions :
Chevalier de la légion d’honneur (1968) puis Officier le 15 avril 1991.
Officier des palmes académiques
Sources : divers sites internet.
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