Si nous avons souhaité associer le Collège Victor Hugo aux commémorations du 80ème anniversaire de la Libération de Besançon, survenue le 8 septembre 1944, c’est que notre établissement a intensément vécu cette période ; en témoigne le monument commémoratif sis à l’entrée de l’établissement, érigé le 23 novembre 1947 en hommage aux 80 élèves et personnels « Morts pour la France » de 1939 à 1946.
A l’époque, nos murs abritaient le Lycée Victor Hugo, créé en 1803 et premier lycée historique de Franche-Comté, dont l’aura s’étendait bien au-delà de Besançon.
Le projet de cette exposition, réalisé par Thierry Bournez, professeur d’histoire géographie et sa classe de 4ème 7, le principal, Jean-Jacques Fito, et soutenu de bout en bout par deux membres du Collectif Histoire des Chaprais : Jean-Claude Goudot et Francis Rousseau, a bénéficié d’une chance et fut porté par une émotion.
La chance, fut de découvrir un fonds d’archives considérable, très complet et en parfait état de conservation, dont une bonne part est encore présente dans l’établissement.
L’émotion, fut celle qui nous a gagné en parcourant cette documentation, intacte et souvent inédite, de revivre ce passé en perçant les détails des mille circonstances de l’époque et surtout d’entrevoir enfin les visages et les destins des personnes dont le patronyme gravé dans la pierre avait subi l’érosion des mémoires, à en devenir presque muet. Cette émotion ne fit que croître lors des travaux de recherches, des trouvailles, puis des rencontres avec certains anciens élèves ou leurs descendants.
Le choix des documents, des objets et des thèmes à présenter devait satisfaire 3 objectifs :
– Faire connaître l’histoire et le quotidien des élèves et du personnel du Lycée Victor Hugo pendant la deuxième guerre mondiale, en nous tenant au plus près de leurs préoccupations et de leurs élans.
– Livrer quelques informations sur l’impact de ce conflit généralisé, autant idéologique que militaire, dans le domaine scolaire. Cela a embrassé tant de sujets !
– Raviver le souvenir des élèves, anciens élèves et personnels ayant fait le choix de résister face à l’inacceptable. Ils sont si nombreux, Henri Fertet, par exemple, élève de 2nde au Lycée Victor Hugo en 1943, plus jeune fusillé de France. La lettre qu’il adressa à ses parents au matin de son exécution est entrée au Panthéon des documents d’archives exceptionnels. Mais il en est tant d’autres, dont le destin et la conduite constituent autant d’exemples magnifiques à faire connaître à nos élèves actuels.
L’exposition donne à voir 31 panneaux (2m x 1m), des documents d’époque placés sous vitrines et une captation vidéo du témoignage de Pierre Tourneux, qui fut, tour à tour, élève du lycée, Résistant déporté, qui survécu à l’horreur des camps grâce à l’écriture poétique et professeur d’anglais en ce même établissement après la guerre et durant toute sa carrière.
Elle débute par la chronologie du conflit, à Besançon en particulier, et par une présentation du Lycée Victor Hugo au seuil de la guerre. Elle décrit ensuite les réformes du régime de Vichy en matière d’éducation et rappelle les différentes épurations mises en œuvre dans le cadre de « la Révolution Nationale » à l’encontre des fonctionnaires étrangers, syndicalistes, francs-maçons ou de confession juive. Puis, sont abordées les problématiques des réquisitions de locaux et de matériels par l’occupant, du ravitaillement, du STO, de la défense passive, des restrictions de toutes sortes, dont celles liées au franchissement de la ligne de démarcation, de la répression, de l’épuration à l’issue du conflit. Nous nous sommes aussi attachés à ce qu’aucun élément de la marche normale d’un établissement ne soit mis de côté : inscriptions, études, examens, discipline, vie scolaire, …
Enfin, une large part est donnée aux actions d’insubordinations puis de Résistance par lesquels brillèrent tant d’élèves du Lycée Victor Hugo, jusqu’à la liesse de la Libération et de la fin de la guerre. Nous avons également tenu à mentionner les non moins nombreux lycéens et personnels combattants et Résistants qui ont, fort heureusement, survécu aux combats ou à la déportation et dont les noms ne figurent sur aucun monument commémoratif.
Mais cette exposition n’aurait jamais pu voir le jour sans le soutien de nombreuses institutions et associations, en premier lieu les Archives Départementales du Doubs et le Musée de la Résistance et de la Déportation de Besançon, ni sans le concours d’anciens élèves, des membres de leur famille ou tout simplement de particuliers intéressés, voire passionnés, par cette période cruciale de notre histoire. Nous tenons à leur témoigner notre profonde gratitude. Enfin, son succès doit beaucoup à l’engagement à nos côtés de l’entreprise Agipub et au talent de Cécile Félix, son infographiste.
Le résultat fut au-delà de nos espérances. Les visiteurs, nombreux durant tous les samedis de septembre, nous ont témoigné leur émotion et leur gratitude. Quand les remerciements émanaient des descendants des anciens élèves ou des professeurs du lycée, parfois, des anciens élèves eux-mêmes, toujours parmi nous, nous étions doublement récompensés de notre labeur.
Cette exposition va suivre son chemin. Diverses structures, dont le lycée Victor Hugo actuel, la réclament. Elle ira librement à leur rencontre. Nos élèves de 3ème et leurs professeurs bénéficieront chaque année de ce support pédagogique dans le cadre de leur programme de d’histoire.
Déjà, se profilent les commémorations du 80ème anniversaire de la signature de la capitulation de l’Allemagne, le 8 mai 1945. Alors, prenez date !
Quelle magnifique exposition à la portée de tous et à la connaissance des élèves si loin de la réalité et de ce qui pouvait se passer cette 2ème guerre mondiale !
Nous remercions chaleureusement Monsieur Jean Jacques Fito proviseur du collège Victor Hugo qui nous a consacré un temps précieux en nous accompagnant dans notre déambulation parmi les précieux écrits et les panneaux trop nombreux pour figurer dans cet article .