Il est difficile de retenir nos larmes devant les préparatifs de ce 80ème anniversaire du débarquement, l’émotion de ces vétérans Libérateurs, l’hommage de la foule.
Nous pensons aussi particulièrement à ceux et à celles dont le sacrifice n’a pu être honoré, aux victimes civiles tuées ou blessées lors de ces bombardements, ces soldats engagés dans les conflits mondiaux du 20ème siècle , terrassés par les blessures, les maladies contractées lors des combats , y ont survécu des années et pour qui la vie est devenue un lourd fardeau !
Nous les associons à ces hommages qu’ils n’ont pu connaître
Chalezeule, le 25 mai 2024
Cher Monsieur,
Je reviens vers vous à la suite du courrier du Chef de cabinet de Madame la Ministre après la sollicitation de l’octroi d’une médaille à titre posthume. Nous nous heurtons tous à des règles administratives y compris nos Élus, nos parlementaires qui soutiennent pourtant notre cause.
Nous approchons des célébrations du 80ème anniversaire du débarquement, nous allons vivre des moments grandioses, mais aussi nous allons revoir ces scènes de guerre, ces guerres qui ont fait de nous des enfants blessés, des adultes qui n’ont pu panser leurs plaies.
Votre Papa soutien indispensable de famille a cependant effectué trois années de service national avant d’être appelé lors du second conflit mondial et a vécu 6 années de guerre durant lesquelles il a contracté la maladie qui devait l’emporter des décennies plus tard.
Comme beaucoup d’entre nous votre enfance vous a été confisquée, vous avez construit votre vie d’adulte avec l’image d’un père qui bien qu’ayant combattu exemplairement pour son Pays, a perdu peu à peu le combat contre cette maladie qui finira par vaincre et l’emporter dans des circonstances qui vous sont toujours douloureuses.
Après un parcours émaillé de déceptions mais au sein duquel vous avez été reconnu pupille de la Nation vous nous avez rejoint pour que ne se perde pas la mémoire de ceux qui ont sacrifié leur jeunesse, leur vie pour la liberté.
Nous n’avons pu obtenir ni la « mention Mort pour la France », ni médaille, ni distinction honorifique parce que les circonstances de son décès ne correspondaient pas à des dispositions d’application strictes.
Grâce au soutien de votre famille, de votre fille Stéphanie, vous êtes à nos côtés afin que nous puissions rendre à nos Pères, nos Parents, un hommage posthume qui se nomme « reconnaissance et réparation » et que nous demandons depuis des décennies.
Par cette action, nous voulons justice, mais nous nous employons à faire vivre la mémoire de toutes celles et ceux qui ont contribué à rétablir la Paix pour notre pays.
Votre voix, les nôtres ne faibliront pas, notre destin est de témoigner, parler, dire ce que la France leur doit.
Soyez assuré, cher Monsieur de notre amical soutien
Christiane Dormois
Vice-Présidente Nationale FNAPOG
Présidente de la délégation 25-54-88 BFC
La rose et ses épines par Stéphanie Ramos
Je remercie Madame Dormois, Monsieur Paturel, Madame Lorenzon, la Fnapog qui m’ont accompagnée dans ce long combat pour la reconnaissance des faits de guerre et de la maladie contractée par mon grand-père Monsieur RAMOS José Antonio, né le 10 août 1914 à Prudon en Algérie, classe 35, incorporé en 1936. Nos actions croisées, pleines de bonne volonté et de cœur à l’ouvrage, se sont avérées vaines.
Cette ambivalence entre déception et colère se marque dans ma lettre par le souvenir de mon grand-père souffrant et du combat pour sa postérité, amplement méritée.
Si j’avoue volontiers « il me manque », je brosse ici les défaillances des lois, la mécanique des promesses électorales, et surtout la négation des destins individuels.
J’empoigne les comédies des discours sur la reconnaissance du sacrifice de nos pères qu’on nous assène. Véritable répertoire décliné lors des commémorations.
Il faudrait ausculter mon grand -père, cet homme parti sain à la guerre et dont les visites médicales de contrôle n’avaient décelé aucune maladie jusqu’en 1939.
Il faudrait ausculter ce même homme le 30 juin 1940, où furent déclarées des séquelles pneumologiques, dues à ses campagnes multiples et guerrières en France, Italie, Allemagne, Afrique du Nord et Moyen Orient.
Ce serait autant de manières d’inquiéter la gloire se ses actions. Lui, qui s’est battu, avec un sens du devoir et un amour pour sa patrie, pour une France libre.
Où est passée la légende de ces hommes simples, soldats de l’ombre ?
Nous sommes désormais dans le temps de l’après où règne l’indifférence démocratique.
Voilà pourquoi ma lettre est essentielle à l’Histoire.
Depuis la mort de mon grand-père dont le médecin attaché lors de son décès a bien spécifié que ce dernier était en relation avec la maladie contractée (l’article 115,) -je précise qu’il était titulaire d’une pension de guerre au taux de 100 pour cent-s’ouvre l’époque de notre long combat. Celui d’un fils et d’une petite fille, tous deux affrontés à des écueils administratifs, dans des correspondances sans fin.
Non, il ne reste plus rien…
Plus de bouture de rose à faire fleurir…
Plus d’espoir à faire éclore….
Plus de message à transmettre de génération en génération
Et d’écoles en écoles…
Plus de héros auréolés d’un prestige sacré….
Plus de noms héréditaires à écrire sur une stèle…
Plus de message à graver sur une tombe…
Pour fonder l’action d’une vie.
En lieu et place, la rivalité entre la vérité de la guerre et une reconnaissance niée.
Et puis ce qui reste et demeure : l’impossible obscurité de l’administration et de ses ministères.
« Quant à moi, je me suis trompée. Je ne savais pas que l’inhumanité était fille de la démocratie au sens où l’étroitesse des lois ne reconnaît pas sa valeur au plus grand des hommes. Je pensais que la France serait en adéquation avec ses discours où la valeur humaine triompherait »
Le dissensus du cœur s’arrache alors comme une épine de rose des macérations des discours.
Après le temps long, trop long du combat administratif, surgit le coup d’éclat de ma lettre qui va de pair avec une pensée historique.
Dans la vie de mon grand -père, la longue durée de sa souffrance est régulièrement déchirée par des réponses stériles.
Ce qui désarrime et fait sortir de ses gonds le temps de l’Histoire.
Quel dommage, papi, que je ne puisse te déposer une rose… Stéphanie Ramos
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