Laja ou Léa FELDBLUM

Née à Varsovie le 13 juillet 1918.Elle n’a que 20 ans à la déclaration de guerre en septembre 1939. Sa famille quitte la Pologne pour Anvers. Mais la Belgique étant envahie par les troupes allemandes, ils partent en mai 1940  vers le Midi de la France. Ils seront accueillis au camp du Bois d’Orb près de Montpellier où ils s’installeront peu après. Ses parents décèdent peu après, à 8 mois d’intervalle. Son frère Moses (1913. ?) et sa sœur Rymka (1904. ?) seront déportés sans retour, après être passés par le camp de réfugiés de Rivesaltes (P.O)

A Montpellier, plus précisément à Palavas les Flots, elle intègre OSE1 où elle officie comme monitrice, voire institutrice. Sabine Zlatin2 y est aussi. Parallèlement elle se rend à Lodève, récupérer des enfants.

 

Puis avec Sabine elle part s’installer à Izieu continuer sa mission dans un plus grand refuge, à priori moins exposé. Elle fait la navette avec Montpellier sous une fausse identité « Marie-Louise Decoste » pour récupérer des enfants juifs.

Elle sera la seule rescapée de la rafle du 6 avril 1944 (article précédent). Et rejoindra Montpellier, une fois libérée, en 1945.

Elle sauvera nombre d’enfants, en les confiant à certaines familles de Montpellier

Laja au centre de la photo

A Drancy on lui demande ses papiers, qu’elle présente à l’officier allemand. Ce dernier déclare que n’étant pas juive elle doit partir, mais Laja lui avoue que ce sont de faux papiers et qu’elle est bien juive. Un suprême dévouement pour rester avec « ses enfants ».

 Elle sera déportée à Auschwitz le 13 avril 1944 avec 34 des enfants d’Izieu par le convoi n°71, dans lequel se trouve également Simone Veil. Ce seront 3 jours et 2 nuits de voyage dans un wagon à bestiaux plombé, dont vous devinerez dans quelles conditions, pour une arrivée sur site le 15 avril 1944.

Elle raconte :

« Arrêt du convoi à la « Judenrampe », quai spécialement aménagé. Les portes s’ouvrent et on nous fait descendre et ranger 5 par 5. L’officier allemand hurle ses ordres qui apeurent tout le monde. Soudain un grand vacarme, ce sont les enfants que l’ont fait monter dans des camions pour une destination inconnue (mais que vous aurez devinée), impossible de réagir, des mitrailleuses sont en batterie.

Nous étions 200 femmes qui vont être priées de se déshabiller, de donner tout objet en leur possession. S’ensuit le tatouage du n° matricule, le 78620 pour Laga Feldblum, et l’attribution du bâtiment de « résidence ».

Nous découvrons ce baraquement ; son dortoir où nous serons 8 par lit. Et puis le rituel des appels à toute heure, nues sous n’importe quelle condition météo avec pour conséquences les maladies : choléra, typhus qui élimineront les plus faibles. »

Laga déclarée apte au travail, servira parfois de cobaye dans le centre d’expérimentation médicale du camp pour les projets de stérilisation. Travail mal réalisé car Laga sera mère après sa libération.

Celle-ci intervient, pour ceux qui sont restés au camp, le 27 janvier 1945 par l’armée rouge.

Quant aux autres3, ils avaient été embarqués dans une galère. Ce sera « la marche de la mort » sur des centaines de kilomètres, 500 camps seront évacués, 700 000 prisonniers dont 60 000 pour Auschwitz. Le 1/3 va succomber, les plus faibles vont mourir sur place ou achever par les soldats qui encadrent la colonne de chaque côté. Mais Laga n’est pas dans ce lot de malheureux car malade elle était à l’infirmerie du camp et sera évacuée en ambulance.

Libre elle se retrouve à Kattowitz (Pologne), part pour Odessa (Ukraine) transite par Marseille pour enfin arriver à Montpellier. Sabine Zlatin, alors à Paris, est informée de son arrivée par télégramme envoyé par une amie.

Le 11 mai 1945 elle se rend à la préfecture de l’Hérault faire une déposition4. Sa mémoire intacte livre tout ce qu’elle a vécu, que 3 fois elle a pensé se retrouver dans le four crématoire, mais sauvée par un événement impromptu mais salutaire.

Son principal regret à le souvenir de ces enfants d’Izieu raflés alors qu’ils étaient si contents dans ce refuge. Elle avait pris en compassion un garçon Emile Zuckerberg, lui apprenait à lire cela avec l’assentiment de l’institutrice Gabrielle Perrier5. Elle le considérait comme son fils.

l’institutrice Gabrielle PERRIER

Le 11 juillet 1947, à Sète, elle est à bord de l’Exodus6 qui se rend en terre de Palestine. Elle se marie 2 ans plus tard, hélas son mari périra en 1948 lors de la guerre d’indépendance d’Israël la laissant seule avec sa fille Hanna.

Elle reviendra témoigner au procès de Klaus Barbie en 1987 à Lyon, repartira à Tel-Aviv où elle s’éteindra en 1989.

 

Notes :

      1°) OSE :  Œuvre de Secours aux Enfants (juifs en général).

    2°) la directrice de la Maison d’Izieu : voir article du 10 avril.

    3°) l’avance rapide de l’Armée Rouge inquiète les autorités ennemies qui 

        décident d’évacuer les camps de Pologne, à partir du 18 janvier, vers

        le « Reich » tout en effaçant les traces de leur comportement.

     4°) Aux archives départementales de l’Hérault.

     5°) Jeune institutrice de 21 ans, elle occupe ce poste d’octobre 1943 

         jusqu’à la rafle. Elle y échappera car absente, c’était le 1er jour des

         vacances de Pâques. Par la suite traumatisée par cet événement elle

         aura du mal à se confier, et regrettera même de ne pas avoir été

         présente ce jour du 6 avril. Elle décède en 2010. Un livre lui est

         dédié :« l’institutrice d’Izieu » de Dominique Missika.  

 

 

     6°) Laga, n’arrivera en terre saine que quelques mois plus tard. Les

        Anglais refusant le débarquement de ces réfugiés, qui feront un

        drôle de périple avant de pouvoir rejoindre leur destination première.

        En fait c’est une crise diplomatique complexe entre l’Angleterre et la 

        France qui est à l’origine de de refus. Quelques concessions seront

        faites de part et d’autre pour résoudre cet épineux problème.

        En 1950 elle fonde une école maternelle « Ramat Hahayal » à Tel

        Aviv.

 

Sources : divers sites internet
      

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