Cérémonie d’hommage à l’Amiral Philippe de Gaulle

Croix de Lorraine de Graye/Courseulles le 20 mars 2024 à 15h00

Discours prononcé par Franck Leconte, Président de Fidélité Gaulliste de Normandie

« Notre drapeau à croix de Lorraine fixé sur le mât des couleurs est en berne.

Les emblèmes de nos porte-drapeaux sont revêtus d’un crêpe noir.

Aujourd’hui, la France est en deuil.

Aujourd’hui, les Gaullistes pleurent l’Amiral Philippe de Gaulle, un grand Français placé dans l’ombre d’un géant.

 Après l’hommage national qui s’est tenu ce matin en l’Hôtel national des Invalides et avant son inhumation dans le petit cimetière de Colombey-les-Deux-Eglises, les Compagnons de Normandie ont souhaité quant à eux se rassembler, conformément à la tradition gaulliste, dans la plus grande simplicité et avec toute la force et la foi qui les animent, pour exprimer leur peine, leur admiration, leur reconnaissance.

 C’est ainsi que nous avons les uns et les autres, laissé nos occupations du quotidien pour nous retrouver, sans grand protocole, au pied de cette croix de Lorraine installée sur le rivage qui a rendu la France au Général de Gaulle le 14 juin 1944. Cette croix de Lorraine dont l’Amiral fut le parrain.

 Inaugurée sous sa présidence le 16 juin 1990, elle est l’œuvre de purs et fidèles Compagnons normands, notamment Raymond Triboulet, Jacques Duchez et Jacques Tesnière, soutenus par un Comité national constitué de l’Amiral de Gaulle lui-même, de Pierre MESSMER, Michel Debré, Jacques Chaban-Delmas, Maurice Schumann, Geoffroy de Courcel et le Général Simon.

 C’est donc au pied de cette croix que nous avons souhaité qu’un hommage normand soit rendu à celui dont la vie, longue et riche, constitue pour nous un exemple et une source d’inspiration.

 Hommage à « Philippe Le Valeureux », « Premier des Compagnons » et acteur glorieux des combats de la France Libre et de la Libération ;

Hommage à l’historien qui a si talentueusement et si utilement complété les Mémoires d’Espoir du Général ;

Hommage enfin à celui qui a consacré toute sa vie à la France.

Philippe de Gaulle, Premier des Compagnons a rejoint les rangs de la France Libre le 23 juillet 1940 ; engagé dans les Forces navales françaises libres (FNFL), il se bat comme un lion tout au long de la guerre, sans jamais faire état de sa filiation avec le Chef de la France Libre, d’ailleurs, la consigne qu’il donnait à son entourage était la suivante : « Ne jamais dire mon nom, prétendre ignorer qui je suis au juste et ne rien faire qui puisse attirer l’attention sur moi ».

Il participe notamment à la Bataille d’Angleterre puis suit les cours de l’Ecole Navale et devient cadet en octobre 1941. En 1942, il est promu aspirant de marine et participe à la Bataille de l’Atlantique sur la corvette « Roselys ». De septembre 1942 à septembre 1943, il intègre la 23e Flotille FNFL et effectue de nombreuses patrouilles dans la Manche qui débouchent sur trois affrontements avec l’ennemi. En février 1943, il est nommé enseigne de vaisseau et participe à des missions d’escorte dans l’Atlantique Nord à bord de la Frégate « La Découverte ».

En 1944, il rejoint le Régiment blindé de Fusiliers Marins de la 2e DB et le 2 août 1944, le désormais chef de chars Philippe de Gaulle débarque dans les dunes de Varaville ; il combat à Alençon, Argentan et Antony. Le 25 août 1944, lors de la Libération de Paris, il est chargé de se rendre seul et sans arme à l’Assemblée Nationale où de nombreux Allemands se sont retranchés dans le but d’obtenir leur reddition. Mission particulièrement risquée mais réussie grâce à son sang-froid et son immense courage.

Il combat aussi durant la terrible campagne d’Alsace de l’hiver 1944/1945 et termine la guerre contre l’Allemagne avec la prise du nid d’Aigle du Führer, à Berchtesgaden. Tout un symbole !

Cité trois fois et blessé six fois au cours de la guerre, le Général Leclerc lui remet la croix de guerre 1939-1945 à Argenton/Creuse en avril 1945.

A la fin du conflit, le Général de Gaulle qui ne l’a pas fait Compagnon de la Libération (jamais de népotisme chez les De Gaulle !), l’assure de « sa grande fierté paternelle ».

La paix revenue, Philippe de Gaulle suit une formation de pilote dans l’aéronavale, prend part à la guerre d’Indochine puis à celle d’Algérie et effectue, malgré le poids de son nom, une brillante carrière militaire qui l’amène au grade d’Amiral et à la fonction d’Inspecteur général de la Marine. Le 29 décembre 1982, il est admis en 2e Section.

Dans ce métier exigeant de marin, il a su trouver sa voie, dans l’honneur et le service de la France, et s’y construira une destinée exemplaire et autonome.

Témoin exceptionnel et privilégié de l’épopée gaullienne, après le décès de son père, il s’emploie à finaliser et à publier la seconde partie des « Mémoires d’Espoir » non terminées par le Général ainsi que les 13 volumes des « Lettres, notes et carnets ». En 1997 et 2000, il publie chez Plon ce qu’il intitule très pudiquement ses « Mémoires accessoires » qui sont venues utilement compléter l’œuvre de son père. Enfin, en 2003 et 2004, il publie les deux volumes de « De Gaulle, mon père », sous forme d’interviews réalisées par Michel Tauriac et en 2006, « Mon père en images », coécrit également avec ce dernier.

L’Amiral consacre dix années de sa vie à cette mission de mémorialiste du Général. Sa contribution est sans égale car aucun historien ne pouvait avoir son éclairage, non seulement parce qu’il était le fils, mais parce qu’il avait épousé et suivi sa cause dès la grande aventure de juin 1940.

Toujours épris du service de la France, il entame ensuite un parcours politique au sein du Rassemblement pour la République constitué de deux mandats en qualité de Sénateur de Paris de 1986 à 2004. Il sera également membre du comité d’honneur du Mouvement initiatives et liberté depuis 2006.

Très attaché à notre région où il débarqua durant l’été 1944, l’Amiral est revenu plusieurs fois en Normandie notamment chez son cousin, notre Compagnon Denis Lapasset, à Bretteville-sur-Odon ou encore en 1990 à l’occasion de la double inauguration du musée De Gaulle à Bayeux et de notre croix de Lorraine.

De nombreux liens d’estime et d’amitié ont ainsi été tissés avec des Compagnons de Fidélité Gaulliste de Normandie, tels que Madeleine Hardy, conservatrice du musée De Gaulle à Bayeux, Jacques Duchez, notre ancien Président, Jean Le Carpentier, alors Maire de Bayeux, et tant d’autres.

Aujourd’hui, les Compagnons de Normandie saluent unanimement le courage, la droiture et la fidélité de l’Amiral Philippe de Gaulle, qui connaissait et comprenait, mieux que quiconque, le Général de Gaulle, sa pensée intime et ses sentiments : « Avec mon père, on se comprenait à demi-mot ; cette entente tacite s’installa progressivement. Des lettres plus explicites sont venues par la suite la compléter ».

Durant sa longue vie, il incombait à l’Amiral d’être digne du Général. Il le fut de bout en bout.

 Au pied de cette croix de Lorraine qui nous dépasse et qui semble défier le temps et éclairer l’avenir, gageons que l’Amiral Philippe de Gaulle gardera un œil protecteur sur notre pays.

 « Toute ma vie, a-t-il écrit, j’ai eu le privilège de me faire une certaine idée de mon père, du Général de Gaulle, dont je voudrais qu’elle fût partagée par le plus grand nombre possible, lui qui avait eu la qualité, à un degré exceptionnel, de se faire une certaine idée de la France ».

 Puissions-nous à notre tour, dans les fonctions qui sont les nôtres, grandes ou modestes, demeurer dans la fidélité au message gaulliste et œuvrer dans la dignité afin que cette certaine idée de la France soit au cœur de nos exigences. »

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La FNAPOG était représentée par Henri Paturel

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