Berthe Pauline Mariette Wild, dite Berty Albrecht, née le 15 février 1893 à Marseille et morte le 31 mai 1943 à la prison de Fresnes (Seine), est une résistante française. Elle est l’une des six femmes Compagnons de la Libération et l’une des deux femmes inhumées dans la crypte du mémorial de la France.

 D’une famille protestante d’origine suisse de la bourgeoisie marseillaise, elle fait ses études à Marseille au lycée Montgrand, puis à Lausanne, et obtient son diplôme d’infirmière en juin 1912. Elle part alors pour Londres, où elle travaille comme surveillante dans une pension de jeunes filles. Au début de la Première Guerre mondiale, elle retourne à Marseille où elle travaille pour la Croix-Rouge dans plusieurs hôpitaux militaires.

En 1918, elle épouse à Rotterdam le banquier néerlandais Frédéric Albrecht ; ils ont ensemble deux enfants, Frédéric (né en 1920) et Mireille (née en 1924). Le couple vit aux Pays-Bas, puis s’installe à Londres en 1924.

Séparée de son époux, elle s’installe à Paris en 1931 et se lie d’amitié avec Victor Basch, professeur à la Sorbonne et président de la Ligue des droits de l’homme.

En 1933, consciente des dangers du nazisme et hostile aux accords de Munich, elle accueille des réfugiés allemands (principalement des juifs et des dissidents politiques fuyant le fascisme) dans sa maison de Sainte-Maxime, où elle rencontre le capitaine Henri Frenay →→, qui devait survivre à la guerre et devenir l’un des plus célèbres représentants vivants des résistants français. Malgré leurs divergences politiques ils devinrent co-organisateurs de mouvements de résistance.

En 1940, Berty est surintendante aux usines Fulmen de Clichy et de Vierzon.

En décembre, elle prend en charge la fabrication du Bulletin bi-hebdomadaire du capitaine. Grâce aux contacts de Berty, Pierre de Froment et Robert Guédon peuvent développer leur action en zone occupée et en zone interdite.

À Vichy et à Lyon, elle participe à toutes les initiatives de Frenay qui fonde le Mouvement de libération nationale et devient, grâce à la fusion avec Liberté en novembre 1941, Mouvement de libération française, avant d’être rebaptisé ←←Combat en décembre 1941.

Ils reconnaissent le général de Gaulle en tant que symbole de la Résistance, mais renâclent à accepter son autorité.

En 1941, elle est engagée comme « inspectrice du chômage féminin » de la ville de Lyon par Henri Maux.

Fonctionnaire de l’État français, militante connue d’avant-guerre, est surveillée de près par la police française et, sans doute, par les services allemands. Elle organise le service social qui, en zone libre, aide les militants emprisonnés et leur famille. Elle est arrêtée une première fois par la police française, en janvier 1942. Libérée au bout de trois jours, elle est contrainte de démissionner.

Arrêtée en avril 1942 par la Surveillance du territoire, elle est mise en internement administratif à Vals-les-Bains en mai. Elle fait une grève de la faim afin d’être jugée. Elle obtient gain de cause au bout de 13 jours. Transférée à la prison →→Saint-Joseph à Lyon, jugée au bout de 6 mois, elle est condamnée à passer le reste de la guerre dans un camp d’internement du gouvernement de Vichy.

Le 11 novembre, les Allemands envahissent la zone Libre. Craignant la déportation, elle profite du trouble ambiant pour simuler la folie et est internée dans un hôpital psychiatrique (Le Vinatier à Bron) d’où elle s’évade le 23 décembre grâce à une opération d’un commando des Groupes Francs de Combat, préparée avec sa fille Mireille.

Refusant de passer en Angleterre, elle reprend immédiatement ses activités clandestines et, au début de février 1943, rejoint Henri Frenay à Cluny.

Arrêtée à Mâcon le 28 mai 1943 par la Gestapo au cours d’un faux rendez-vous, elle est torturée et transférée à la prison de Montluc à Lyon puis à Fresnes où elle est incarcérée dans le quartier des prisonniers de droit commun. Après une nouvelle séance de torture, elle est retrouvée pendue le même jour, probablement un suicide afin d’éviter de parler. Elle aurait dit : « La vie ne vaut pas cher, mourir n’est pas grave. Le tout, c’est de vivre conformément à l’honneur et à l’idéal que l’on se fait. 

Le 31 mai 1943, les Allemands font connaître à la Préfecture de Mâcon et à l’ambassade des Pays-Bas à Londres le décès de Berty Albrecht sans que l’on en connaisse, alors, réellement les circonstances.

Le 26 août 1943, elle est faite Compagnon de la Libération. Dans son hommage le 6 octobre 1943 au micro de la BBC, Frenay déclare : « Je ne peux pas dire tout ce que la France lui doit, car si elle est morte, la résistance est encore bien vivante ».

En mai 1945, sa dépouille est retrouvée dans le jardin-potager de la prison→→.

Après la guerre, le gouvernement décide d’ériger un Mémorial de la France combattante à ceux qui sont morts au combat. Quinze héros de la guerre devaient être enterrés à la forteresse du ←←Mont-Valérien, à Suresnes, près de Paris. Parmi les quinze devaient figurer un homme et une femme morts au combat dans la Résistance. Le 29 octobre 1945, le nom de Berty Albrecht est tiré au sort pour inhumation au Mont-Valérien, dans le Mémorial, avec quinze autres noms, dont celui de Renée Lévy. La cérémonie a lieu le 11 novembre 1945.

C’est en son honneur que le groupe de la Résistance du travail organisé par André Moosmann avait pris le nom de groupe Berty Albrecht.

Le musée d’histoire de Marseille lui consacre un espace thématique et expose du courrier qu’elle a écrit au cours de son emprisonnement, divers effets personnels dont son bureau qui lui a été offert par ses parents et qui l’a suivie toute sa vie.

Sources : un précédent dossier et internet.

                                                                                                    Serge Clay

 

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